Homélie - 3e dim. ord. B 2021

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2021/01/21
Homélie - 3e dim. ord. B 2021

3e dimanche ordinaire B 2021

Venez, je ferai de vous des pêcheurs d’hommes

Homélie
(Jo 3,1-5.10 ; I Cor 7,29-31 ; Mc 1,14-20)

Nous en sommes encore au tout début de l’Évangile de saint Marc. Il entreprend la rédaction de son récit de la vie de Jésus en affirmant qui il est et ce sont là ses tout premiers mots : Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. Il faut remarquer comment il tient à bien situer ce long récit que sera son Évangile en précisant qu’il s’agit de Jésus de Nazareth en Galilée, cet homme dont la personne et la vie étaient déjà très connues, même des non-chrétiens. Il se trouve alors à Rome, vivant avec l’apôtre Pierre, et il écrit en pensant aux chrétiens déjà nombreux en cette ville et aussi aux païens qui pourraient lire son récit, le plus court et le plus simple des quatre évangiles. Après deux brefs récits du baptême de Jésus et de son séjour dans le désert, il indique ce qui sera sa mission. Jésus partit pour la Galilée, proclamer que le Règne de Dieu est tout proche.

Dès que Jésus entreprend cette longue marche que sera sa vie publique, il réalise qu’il ne pourra pas accomplir seul la mission dans laquelle il s’engage. Voyant des pêcheurs, en train d’exercer leur métier, il les appelle à le suivre. Ce sont les quatre premiers de cette longue et nombreuse suite d’hommes et de femmes qui accepteront de le suivre, partout et tout au long des siècles. Nous connaissons bien ces quatre pêcheurs, on nous a fait connaître leurs noms alors que nous étions tout jeunes. Il s’agit de ses premiers apôtres, d’abord Simon, qui deviendra Pierre, et André son frère, et un peu plus loin les deux frères Jacques et Jean, auxquels il dit : Venez à ma suite. Je vous ferai devenir des pêcheurs d’hommes.

Arrêtons-nous à ces paroles de Jésus que la liturgie nous fait entendre en ce deuxième dimanche du temps ordinaire, des paroles que nous pouvons entendre comme s’adressant à nous ses disciples d’aujourd’hui: Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle… Venez derrière moi. Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. Dans ces mots, la foi nous fait entendre ces mêmes paroles de Jésus proclamées ici et maintenant, qu’il nous faut accueillir comme un appel à le laisser nous convertir, à rendre notre vie plus conforme à l’Évangile qui n’a jamais cessé, qui ne cessera pas d’être proclamé. Notre présence à cette Eucharistie, rencontre du Ressuscité, ne dit-elle pas que nous sommes de ses disciples et donc de ceux et celles qui ont la mission de proclamer l’Évangile aujourd’hui, dans leurs milieux de vie, en actes et aussi en paroles.

La célébration de la Parole de ce dimanche nous suggère de faire un lien entre ce récit évangélique et l’histoire de Jonas, la première lecture. Il s’agit d’une fable, d’un conte qui, il y a fort longtemps s’est répandu et qu’on a conservé comme Parole de Dieu parce qu’il était porteur d’un message. C’est un peu regrettable que la liturgie ait abrégé ce récit parce que le bout qui manque est important, mais nous connaissons bien cette histoire. Jonas entend l’appel de Dieu et accepte la mission que Dieu lui confie, mais voilà qu’il devient hésitant et même il se détourne de ce qui lui est demandé. La peur le prend, cette mission lui apparaît trop difficile. Il est sûr que jamais les gens de Ninive ne se convertiront et qu’ils ne voudront même pas écouter ce qu’il va leur dire. On sait ce qui lui est arrivé et qui l’a fait changer d’idée et décider de se rendre à Ninive et voilà que les gens accueillent la Parole de Dieu qu’il leur fait entendre et se convertissent. 

Reconnaissons que faire un lien entre ces deux textes a du sens. Les Apôtres avaient répondu à l’appel de Jésus et s’étaient engagés à le suivre ; ils ont été fidèles jusqu’à ce qu’il soit arrêté et que sa route devienne celle de la passion et de la mort. C’était trop dur pour eux de continuer avec lui. Ils l’ont quitté, tout tristes, en pleurant, et sont retournés chez eux, reprenant le travail qu’ils faisaient auparavant. Mais arrive la résurrection et Jésus, ressuscité, vivant, vient les rencontrer et leur parler. Au début du livre des Actes des Apôtres, comme une reprise de leur premier appel au début de l’Évangile de saint Marc, il est raconté que Jésus leur a dit : Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. On voit pourquoi Jésus, dans ses entretiens avec ses apôtres et ses disciples s’est plusieurs fois référé au signe de Jonas.

Les Actes des Apôtres nous disent qu’ils ont repris cette marche entreprise avec Jésus et poursuivie avec lui. Ne leur avait-il pas fait la promesse d’être avec eux tous les jours ? Elle ne fut pas facile pour les apôtres cette mission de faire connaître Jésus et, éclairés, rendus audacieux par l’Esprit, de faire entendre sa Parole. À l’exemple de Jésus, ils sont allés jusqu’à donner leur vie pour que la Parole de Dieu ne cesse pas d’être proclamée. D’autres sont venus à leur suite, appelés et accompagnés eux aussi, elles aussi par Jésus, le Ressuscité, le Vivant.

C’est parce que depuis vingt siècles des hommes, des femmes ont répondu à l’appel du Seigneur et ont été fidèles à faire entendre sa Parole, que nous sommes rassemblés en ce dimanche avec lui le Ressuscité et que nous l’entendons nous parler. Quand vous serez réunis à cause de moi, je serai là au milieu de vous, une promesse qu’il a faite à ses disciples, une promesse qu’il a tenue, une promesse qu’il tient, qui garde ses disciples dans l’espérance et la fidélité. Nous sommes ses disciples de maintenant et il compte sur nous pour que sa Parole, son Évangile soit proclamé aujourd’hui. Ce serait un peu gênant de lui dire que nous trouvons cela trop difficile et que le monde actuel n’est aucunement intéressé par l’Évangile, la Bonne Nouvelle qu’il nous demande de transmettre en paroles et en actes. Venez, je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. … Vous alles recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous. Il n’est pas possible que le Seigneur cesse de nous dire cela si nous savons nous rendre accueillants à sa Présence et à sa Parole.

Marc Bouchard, prêtre

mbouchard751@gmail.com