Homélie - 13e dimanche ordinaire C "Notre vie quotidienne, lieu où le Seigneur nous parle".

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2019/07/02
Homélie - 13e dimanche ordinaire C "Notre vie quotidienne, lieu où le Seigneur nous parle".

13e dimanche ordinaire C 
Notre vie quotidienne, lieu où le Seigneur nous parle.
Homélie
(I R 19,16-21; Gal 5,13-18; Lc 9,51-62)

Trois mots pourraient résumer la Parole de Dieu de ce dimanche : suivre, route, liberté. Ces mots, nous les avons entendus dans les trois lectures. Entendre l’appel du Seigneur et le suivre, librement, sur la route de la vie !

L’appel du Seigneur ! Ça ne concerne pas seulement cet appel qui pour chacun, chacune de nous a marqué un début, un commencement, dans notre marche sur la route de notre vie, avec bien des détours, et des paysages qui changent souvent. Cette route nous a conduits jusqu’à maintenant, jusqu’à cette étape où nous sommes rendus. Pour plusieurs parmi nous, il se peut que les virages deviennent moins fréquents et que le paysage ne change plus beaucoup.

Nous apprenons vite que sur la route de la vie, vécue à la suite du Seigneur, en nous laissant guider par son Évangile, bien d’autres appels se font entendre. Des appels souvent imprévus, qu’on n’attend pas, pour lesquels on n’est pas vraiment préparé. Ces appels du Seigneur ont cette caractéristique de se faire entendre habituellement dans l’ordinaire de la vie de chaque jour, des appels qui viennent de personnes intervenant dans notre histoire ou d’événements souvent inattendus. C’est peut-être surtout à ces appels dérangeants que la Parole de Dieu de ce dimanche nous invite à nous montrer attentives, attentifs.

La première lecture nous racontait que le prophète Élisée était en train de labourer, le récit précise même qu’il en était à son douzième arpent, quand Élie est venu l’appeler. Il était au travail, comme tout bon cultivateur, et sûrement qu’il pensait à ce qu’il lui était donné de vivre. C’est alors que Dieu l’appelle, par l’intermédiaire du prophète Élie.

Il en a été ainsi tellement souvent dans la Bible. Moïse gardait les troupeaux de son beau-père Jéthro quand Dieu est venu lui confier une mission importante. David était lui aussi aux champs quand le prophète Samuel est venu lui dire qu’il était l’élu de Dieu. Des appels de Dieu entendus dans la vie, l’Ancien Testament est rempli de tels récits. 

Les évangiles nous font lire eux aussi des récits semblables dont celui de l’Évangile de ce dimanche où sont interpellés des personnes qui rencontrent Jésus sur leur route. Ce même Évangéliste nous raconte que c’est dans son sommeil, dans ses rêves que Joseph a appris les appels qui l’ont guidé, souvent très dérangeants. Il nous offre aussi ce beau récit fort connu de l’Annonciation faite à Marie. Un beau récit ! La tradition latine, la nôtre, dans son imagerie, nous présente habituellement la visite de l’ange Gabriel alors que Marie était à son prie-Dieu, en prière.

La tradition orientale dans son iconographie présente cette scène de façon très différente. Marie est chez elle, assise, en train de filer, de faire son travail quotidien. Une autre tradition, aussi chez les Orientaux, raconte que Marie allait aller puiser de l’eau dans le ruisseau coulant au milieu du village, qu’on peut voir quand on va à Nazareth, Une voix lui dit alors discrètement à l’oreille de retourner chez elle, et c’est là que l’ange intervient dans sa vie on ne peut plus quotidienne.

Jusqu’au départ de son fils, la vie de Marie sera comme celle de toutes les autres femmes de Nazareth. Mais aussi, différente, car elle lui fera entendre des appels, souvent dérangeants, même très dérangeants, des appels qu’elle acceptait de suivre sans toujours savoir le pourquoi et le comment de ce qui lui était demandé. L’Évangile nous dit qu’elle gardait tous ces événements et les méditait dans son cœur.

Jésus lui-même vivait la vie toute simple des gens de son village, dans la discrétion la plus totale, quand dans son cœur d’homme entendit son Père l’appeler à prendre la route. Encourageant de voir que ce qu’il a demandé, ce qu’il demande à ses disciples, lui-même l’a fait et sans hésiter, voyant bien ce que cette aventure lui ferait vivre, une route qui ne s’annonçait pas facile. Le récit de ce dimanche le dit bien : Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. …  Jésus, le visage déterminé prit la route de Jérusalem.  

La vie chrétienne ! Notre vie de chaque jour, cette vie dans laquelle notre baptême nous a engagés ! La vie chrétienne, cela veut dire le sens que nous donnons à notre vie d’homme et de femme baptisés. La vie quotidienne, notre vie ordinaire, notre vie de chaque jour, c’est le lieu où le Seigneur vient nous rejoindre, le lieu où il nous invite à le suivre, le suivre à notre manière, compte tenu de ce que nous sommes comme personnes et aussi justement de ce que la vie nous fait vivre.

Nous avons peut-être dépassé le temps des grands appels et nous en sommes rendus au temps des appels tout simples, mais aussi parfois dérangeants, que la vie nous fait entendre. Notre route actuelle, celle de notre vie dans nos maisons, nos lieux de travail, celle de nos relations avec nos familles, nos amis. Notre vie de disciples de Jésus vécue dans notre Église, et qui n’est pas sans nous déranger, nous poser des questions, même nous choquer quand nous voyons ce qui peut s’y passer. Est-ce une route sur laquelle nous tenons à demeurer fidèles aux appels du Seigneur, en toute liberté, assurés qu’ils sont lumière sur notre route, son Esprit nous rendant capables de poursuivre la route avec courage et sérénité.  

Nous pourrions redire les mots du psaume que la liturgie de ce dimanche nous a fait chanter, en faire notre prière :

Garde-nous, Seigneur, nous avons fait de toi notre refuge. Nous te bénissons, toi qui nous conseilles et nous guides. Tu es à notre droite et nous rends inébranlables. Nous n’avons pas d’autre bonheur que toi. Tu nous apprends le chemin de la vie. Tu persistes à nous inviter à marcher à ta suite, librement, pour que, comme toi, nous poursuivions fidèlement la route de notre vie, nous mettant au service les uns des autres, ne regardant pas trop souvent en arrière, accueillant ce qui se présente, entendant tes appels et comptant sur ta grâce pour y répondre.   

Marc Bouchard, prêtre