M. l'abbé Marc Bouchard, Homélie - 6e Dimanche de Pâques 2019

Homélie
2019/05/22
M. l'abbé Marc Bouchard, Homélie - 6e Dimanche de Pâques 2019

6e dimanche de Pâques 2019

Homélie

(Ac 15,1-2.22-29 ; Apoc 21,10-14.22-23 ; Jn 14,23-29)

Tout au long de ces semaines qui suivent la fête de Pâques, la liturgie nous fait lire de nombreux passages du livre des Actes des Apôtres, toute une suite de récits qui nous racontent la vie de l’Église dans ses débuts. Des textes fort intéressants parce qu’en nous parlant de l’Église du premier siècle, ils nous aident à mieux comprendre le mystère de l’Église d’aujourd’hui. Ils nous invitent à plus de liberté dans nos discussions, à chercher ensemble ce à quoi l’Évangile nous appelle, et aussi à rester sereins devant tout ce qui se passe dans la vie de notre Église actuellement.

Les Actes des Apôtres nous présentent comme deux visages de l’Église primitive. Un premier visage est décrit dans plusieurs récits, mais tout particulièrement au chapitre deuxième où on peut lire ceci : Par bien des paroles, Pierre rendait témoignage et encourageait les gens à se convertir et à se faire baptiser. … Il y eut environ trois mille personnes qui, ce jour-là, se joignirent à eux. … Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. … Ils louaient Dieu et trouvaient un accueil favorable auprès du peuple tout entier. Et le Seigneur adjoignait chaque jour à la communauté ceux qui trouvaient le salut.

On pourrait penser, si on se limite à ce passage des Actes des Apôtres, et à quelques autres, que tout était merveilleux et que la vie de l’Église était alors sans problèmes. Mais non, tel n’était pas le cas, car ce n’est pas ça la vie, ça n’a jamais été ça la vie de l’Église, tout simplement parce que ce n’est pas ça la vie d’une communauté humaine, ni même d’une famille. La vie n’y est pas toujours rose.

Les Actes des Apôtres nous présentent justement un deuxième visage de l’Église. C’est celui que nous fait voir le récit que nous lisons en ce dimanche. Soyons attentifs à ce qui est raconté : Certaines gens venues de Judée voulaient endoctriner les frères de l’Église d’Antioche en leur disant : Si vous ne recevez pas la circoncision selon la loi de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés. Cela provoqua un conflit et des discussions assez graves entre ces gens-là et Paul et Barnabé.

Un confit, de sérieuses discussions, on ne parvient pas à s’entendre. On décide alors d’envoyer une délégation à Jérusalem pour y rencontrer les Apôtres et les Anciens, sûrement parmi eux Pierre, le chef du groupe, et Jacques, l’évêque de Jérusalem. Un long échange, un long temps de prière et on s’entend sur le contenu d’une lettre qui sera lue aux chrétiens d’Antioche. Cette lettre disait ceci : Nous avons appris que quelques-uns des nôtres, sans aucun mandat de notre part, sont allés tenir des propos qui ont jeté chez vous le trouble et le désarroi. … L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles qui s’imposent. Et on ne fit pas de la circoncision une condition pour entrer dans l’Église.

Cet événement nous invite à bien voir ce qui a toujours guidé la vie de l’Église et des communautés chrétiennes. Qu’est-ce qu’on a fait au temps des Apôtres, pour éviter que les chrétiens se divisent, on a organisé ce qu’on a pris l’habitude d’appeler le premier concile. On s’est rappelé que Jésus avait dit et qui nous est redit dans l’évangile de ce dimanche : L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.

Comment l’Église peut-elle progresser dans la vérité et l’unité si ce n’est en permettant à l‘Esprit de se faire entendre ? On a d’abord pris le temps de s’écouter les uns les autres, on a échangé, discuté, on a eu recours à ceux qui avaient été proches de Jésus, les Apôtres et les Anciens, mais aussi à d’autres qui n’avaient pas connu Jésus. Et on s’est aussi référé à l’Écriture.

Ce que l’Église vit alors, ce n’est pas d’abord un souci de respect de la loi morale, de traditions, de coutumes liées à la culture, mais une démarche qui concerne la foi. Il faut, et c’est ce qui est premier, que la foi en Jésus soit accessible à tous, que l’Église soit, d’abord et avant tout, la communauté de tous les disciples de Jésus, tous ceux et celles qui croient en lui, que personne ne se sente exclus.

Deux visages de l’Église ! Une Église idéale dont on rêve : nous voudrions bien que notre Église ait ce visage et bien des gens nous reprochent qu’elle ne soit pas ainsi. L’Église réelle, avec ses richesses et ses faiblesses, rassemblant des saintes et des saints et aussi des pécheurs, parce qu’elle est cette communauté d’hommes et de femmes, dont nous sommes, avec nos pauvretés nous aussi.

Il n’est pas facile à l’Église réelle de devenir l’Église idéale. Pour cela il faut que chacun de ceux et celles qui la composent, et nous en sommes, ne cessent pas de se convertir pour être le plus fidèles possible à l’Évangile. Il faut qu’en nous voyant vivre, les gens reconnaissent que nous sommes chrétiens, chrétiennes, disciples du Ressuscité, capables de vivre ensemble malgré nos différences, nos discussions et même avec les erreurs et les bêtises de certains, certaines parmi nous.

Rappelons-nous ce que nous racontent saint Matthieu et saint Marc. Le Seigneur était dans une des barques avec ses apôtres sur la mer de Galilée. Survient une forte tempête. Les apôtres disent à Jésus : Nous sommes perdus et cela ne semble rien te faire ». Il se leva, calma la tempête et leur dit : Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? Saint Jean nous disait la même chose dans l’évangile : Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé.

Marc Bouchard, prêtre