Homélie - Saint Sacrement 2021 B

Homélie
2021/05/31
Homélie - Saint Sacrement 2021 B

Fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ 2021

Vous ferez cela en mémoire de moi

Homélie

(Ex 24,3-8 ; Hb 9,11-15 ; Mc 14,12-16.16,22-26)

Jésus était arrivé à Jérusalem depuis quelques jours avec ses apôtres et un bon nombre de disciples. On se rappelle l’accueil joyeux que la foule lui avait fait. Chaque jour, il montait au temple et des gens venaient l’entendre. Au milieu de la semaine, alors que les célébrations de la Pâque allaient commencer, il demande à deux de ses disciples de bien vouloir préparer un repas qui leur permettrait de se retrouver tous ensemble et de souligner aux aussi ce temps de fête.

Le jeudi, en début de soirée, ils se retrouvent donc dans la maison d’un ami qui avait accepté de leur prêter une salle dans sa maison. On peut imaginer un lieu agréable où des lits sont disposés autour d’une grande table, sur laquelle tout avait été bien disposé, pain, vin, différents mets, fruits, et des fleurs. C’était un banquet à l’occasion de la Pâque comme il s’en faisait dans de nombreuses maisons de Jérusalem.

On ne sera pas surpris de voir Jésus présider, cela allait de soi. Les évangiles nous montrent habituellement Jésus invité à un repas, mais cette fois-là c’est lui qui reçoit. Sûrement qu’il devait avoir un air sérieux, grave, mais en même temps heureux. Il était conscient de ce qu’il était en train de vivre lui-même et aussi de ce qu’il faisait vivre à ses amis les plus proches, un dernier repas avec eux. Il avait certainement bien réfléchi à ce qui allait se passer.

Selon la coutume, après s’être installés autour de la table, ils prennent le temps de prier ensemble, de chanter des psaumes, de lire des passages des Écritures. Et le repas commence. À un certain moment, Jésus prend le pain, prononce une prière de bénédiction, rompt le pain, en donne une part à chacun. Mais voilà qu’au grand étonnement des disciples, il ajoute quelques paroles imprévues : Prenez, mangez, ceci est mon corps livré pour vous. Puis il fait passer la coupe et dit :  Cette coupe de vin, c’est mon sang versé pour vous, c’est la coupe de la nouvelle alliance. Après un moment de silence, il ajoute : Vous ferez cela en mémoire de moi.

On comprend facilement la surprise et même le malaise des disciples qui entendent ces paroles, se regardent les uns les autres, se demandant ce que cela peut bien signifier. Nous avons tous vu cela illustré dans de nombreuses peintures de la dernière Cène, dont celle remarquable de Léonard de Vinci.

On comprend aussi qu’après la mort et la résurrection de Jésus, quand ils se réuniront et échangeront entre eux, ils se rappelleront ce qu’ils ont vécu avec Jésus ce soir-là. Ils ne pouvaient pas oublier ce dernier repas et ils comprendront alors ces mots bien présents dans leur mémoire : Vous ferez cela en mémoire de moi. Ils ne pourront pas s’empêcher de raconter ce qui s’était passé lors de leur dernier repas avec Jésus et d’inviter les petits groupes de disciples qui se formaient à faire cela en mémoire de Lui, comme il le avait dit.

Cela seul explique pourquoi nous sommes rassemblés ici en ce moment. Ces paroles de Jésus, dites ce soir-là, sont au cœur de cette liturgie eucharistique qui nous rassemble en cette fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ. Nous sommes réunis afin de rendre grâce pour cette Alliance en Jésus qui a marqué si profondément l’histoire de l’humanité, et qui la marque encore.

La première lecture nous rappelait cette liturgie de l’Ancienne Alliance au cours de laquelle Moise aspergea l’autel puis le peuple, avec du sang de jeunes taureaux. Un rite pour nous très étonnant, mais qui s’inscrivait dans le contexte historique, culturel, religieux de l’époque. Moise s’adresse au peuple rassemblé et leur dit : Voici le sang de l’Alliance que le Seigneur a conclue avec vous. C’était l’annonce de ce Jésus dirait aux siens lors de son dernier repas avec eux.

L’Eucharistie a toujours occupé une place majeure, centrale, dans la vie de l’Église et cela dès les débuts. Les récits des évangélistes écrits entre les années 70 et 85, nous le disent clairement. La liturgie nous fait lire aujourd’hui le plus ancien des trois, celui de Marc. Il est évident que par ces récits on a voulu conserver ce qui se faisait dans chaque communauté chrétienne, à Jérusalem d’abord, puis un peu partout où se trouvaient des communautés de disciples.

Il faut savoir que les écrits des évangélistes ne sont pas les plus anciens à parler de l’Eucharistie. Le plus ancien texte du Nouveau Testament où il en est question, on le trouve dans la première épître de saint Paul aux Corinthiens, une lettre écrite vers l’an 53. Ça veut dire que dès cette époque, soit environ 25 ans après la résurrection du Christ, c'était déjà une coutume établie, pour les disciples de Jésus, de se réunir et de célébrer l'Eucharistie.

L’Apôtre tient à ajouter : Je vous ai transmis ce que j’ai reçu de la tradition qui vient du Seigneur. Il inscrit son enseignement dans une tradition qui le précède et qu’il fait remonter jusqu’au Seigneur. Dès après le départ de Jésus, les Apôtres se sont rappelés ce qu’il leur avait dit à la fin de son dernier repas avec eux : Vous ferez cela en mémoire de moi. Les Apôtres ont compris qu’ils devaient être fidèles à cette parole de Jésus.

À leur exemple les communautés chrétiennes ont maintenu fidèlement cette tradition. On a souvent dit que l’Eucharistie a fait l’Église et que l’Église fait l’Eucharistie. Ce signe de la présence du Seigneur dans notre monde ne cesse jamais de se manifester car il y a toujours des communautés chrétiennes quelque part qui célèbrent l’Eucharistie, faisant ainsi mémoire de Lui. C’est ce que nous sommes venus faire et vivre en cette fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ.

Marc Bouchard, prêtre

Mbouchard751@gmail.com