Homélie "Quand vous priez, dites : Notre Père qui es aux cieux..." 17e dimanche de l'année C 2019

Homélie
2019/07/30
Homélie "Quand vous priez, dites : Notre Père qui es aux cieux..."  17e dimanche de l'année C 2019

17e dimanche de l’année C 2019 
« Quand vous priez, dites : Notre Père qui est aux cieux...»
Homélie
(Gn 18,20-32 ; Col 2,12-14 ; Luc 11,1-13)

Les disciples avaient souvent vu Jésus se retirer pour prier. Sûrement qu’il leur est arrivé de parler de cela entre eux, se demandant ce qu’il pouvait bien dire. Certains avaient été les disciples de Jean-Baptiste qui leur avait montré comment prier. Voyant Jésus agir, l’entendant parler, ils se disaient toutefois que sa prière devait être différente de celle du Baptiste. Voilà qu’un jour, voyant justement Jésus revenir d’un long temps de prière, l’un d’entre eux lui demande : Seigneur, apprends-nous à prier.

C’est alors l’occasion pour Jésus de laisser un riche héritage à ses disciples. Il accepte de leur partager un peu de son expérience spirituelle, en leur faisant connaître des mots de sa prière, de sa relation avec Dieu, de sa foi dans la venue du Royaume, et aussi de sa préoccupation pour ce monde dans lequel il vivait, un monde marqué par tellement de misère. Apprendre à prier à ses disciples, ça ne pouvait pas lui faire exprimer autre chose que ce qui l’habitait et qu’il faisait monter vers Dieu dans sa prière, dans sa prière d’homme, d’homme de Nazareth, de Galilée.

Quand vous priez dites : Notre Père, qui es aux cieux. Les disciples se sont alors sûrement montrés très attentifs, à l’écoute de cette prière venant de leur Maître auquel ils étaient si attachés. On comprend facilement qu’après la résurrection de Jésus ils ont voulu accorder à cette prière une place importante dans leur vie et qu’ils se sont empressés de la transmettre à ceux et celles qui devenaient chrétiens; cela faisait partie de leur préparation au baptême.

Le Notre Père est ainsi devenu la prière que les chrétiens n’ont jamais cessé de dire. Elle s’est conservée jusqu’à maintenant et dans toutes les églises chrétiennes. Peuvent la dire, et la dire ensemble, catholiques, orthodoxes, anglicans, protestants, elle est la prière propre à tout le peuple chrétien. Une prière que toute personne baptisée doit connaître et dire chaque jour, même plusieurs fois par jour. C’est la prière propre aux disciples de Jésus.

Il faut remarquer que cette prière ne parle que du Père. On n’y nomme pas Dieu, ni l’Esprit, ni Jésus. Cette prière ne fait aucune allusion au Peuple de Dieu, à Jérusalem, à l’Église. De plus, c’est une prière personnelle, qu’on peut dire seul, ou en groupe ou en communauté, une prière qui n’est qu’au pluriel, qui est à la fois au féminin et au masculin. Un signe que cette prière est vraiment un écho de la propre prière de Jésus et il a voulu qu’elle devienne la prière de ses disciples, un élément important de l’héritage spirituel qu’il leur a laissé.

Permettez que je vous raconte un fait à ce sujet. Pendant plusieurs années, j’ai présidé des célébrations de la confirmation. Dans une des nombreuses paroisses où je suis allé, la dame catéchète qui avait préparé les enfants m’a raconté ce qu’elle avait vécu avec eux.

Lors d’une des rencontres préparatoires, elle leur avait demandé de dire par cœur le Notre Père ; aucun, aucune n’avait pu le dire correctement et en entier. Voyant cela, elle leur avait dit, qu’à la rencontre suivante, soit une semaine plus tard, il fallait qu’ils soient tous capables de l’écrire.

Cette dame avait agi correctement parce que la transmission de la foi comporte nécessairement l’apprentissage de la prière, et donc la connaissance du Notre Père, la seule prière qui vienne de Jésus lui-même. Elle avait bien compris cela et elle voulait que les jeunes qui se préparaient à confirmer leur foi en Jésus soient capables de prier le Notre Père.

Ce fait doit nous faire penser que les enfants ont besoin qu’on leur apprenne à prier ; pour cela, actuellement, ils ne peuvent compter que sur leurs parents et grands-parents et sur d’autres personnes qui se donnent cette mission. Devant ce fait, on a édité de beaux petits livrets pour aider ceux et celles qui veulent apprendre aux enfants à prier. Ce sont là de beaux cadeaux à faire aux parents qui font baptiser leur enfant.

Notre Père, le premier mot que Jésus emploie quand il parle à Dieu, c’est Père. Ce mot n’est pas une forme d’introduction, une simple entrée dans la prière, c’est plutôt se situer dans la confiance et l’intimité de celui auquel on s’adresse. Jésus veut apprendre à ses disciples à prier comme lui. Il leur faut donc se sentir eux aussi fils et filles bien-aimés du Père et se rendre solidaires avec eux tous. Dieu est le Père du ciel, le Père de toutes et de tous, sans aucune discrimination ni exclusion. Dieu n’appartient à aucun peuple particulier, ni même à aucune religion. Tous peuvent le prier en l’appelant Père.

On dit alors au Père qu’on est habité par le même désir que Jésus, que son nom de Père soit connu et respecté, que son règne vienne, que notre monde si malade se laisse transformer par sa grâce. Puis, celle, celui qui dit le Notre Père supplie, intercède pour lui, pour elle et pour ses frères et sœurs, et demande le pain, ce qu’il faut pour vivre dignement, demande d’être capable de pardon et de passer à travers les épreuves. N’est-ce pas ce que Jésus n’a pas cessé de dire et de faire tout au long de sa vie. Il y a dans cette prière comme un résumé de ce qu’a été sa mission, cette mission dont il a chargé ses disciples, dont il nous a chargés, nous ses disciples d’aujourd’hui.

Notre Père, si long soit le chemin,

si rude soit la route, qui nous conduit vers toi.

Que ton nom brille sur nous, qu’il s’inscrive sur nos fronts.

Fais de nous ta famille, rends-nous capables de pardon.

Protège-nous de la tentation et du mal, car nous sommes fragiles.

Donne-nous de renaître en toi, chaque jour davantage,

aujourd’hui, demain et pour les siècles des siècles. Amen.                              

 

Marc Bouchard, prêtre