Homélie prononcée par Mgr Pelchat lors de la fête de saint François de Sales le 24 janvier 2017

Homélie
2017/01/31
Homélie prononcée par Mgr Pelchat lors de la fête de saint François de Sales le 24 janvier 2017

Nous savons tous que Saint François de Sales est une figure majeure de la renaissance catholique au début du XVIIe siècle. Il s’inscrit dans le grand courant mystique qui a accompagné un profond mouvement de créativité spirituelle et d’originalité pastorale. Il a ouvert à des milliers de personnes des formes de spiritualité accessibles à tous.

Il ne voyait que l’amour, la charité fraternelle pour renverser tous les murs et gagner les cœurs. « L’humilité, disait-il, nous perfectionne envers Dieu, et la douceur (nous perfectionne) envers le prochain ».

François de Sales fut un maître de spiritualité qui, l’un des premiers, enseigna à ses contemporains que la perfection chrétienne est accessible à tous les états de vie. En cela, il fut un précurseur du concile Vatican II qui nous a fait redécouvrir la vocation universelle à la sainteté.

Il nous fait redécouvrir ce que nous fait dire le Psaume 39 : « Me voici Seigneur, je viens faire ta volonté … Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, : tu as ouvert mes oreilles, je ne retiens pas mes lèvres…j’ai dit ton amour et ta vérité à la grande assemblée ». (Psaume 39). François de Sales, le Docteur de l’Amour, a été habité par ce dynamisme qui ne l’a pas laissé enfouir au fond de son cœur la foi et la charité qui le brûlaient, mais qui s’est avancé pour chercher et accomplir la volonté de Dieu en son temps, avec joie et enthousiasme.

Il a vécu dans une période pleine de défis, alors que la modernité faisait son chemin en même temps que la Réforme protestante. Notre époque ressemble à la sienne par plusieurs aspects. Comme alors, nous sommes fortement interpellés à renouveler notre expérience de vie en Église, qui a perdu les repères qui étaient devenus une habitude, et à reprendre le travail de formation à la vie chrétienne.

Nous sommes appelés à reprendre le travail de la transmission de la foi dans un contexte où nous sommes tentés par la désespérance ou le découragement, parce que le christianisme paraît de plus en plus étranger à la culture qui nous entoure. Certains d’entre-nous sont tentés de baisser les bras parce que les moyens d’hier ne fonctionnent plus toujours aussi bien, que les communautés chrétiennes s’effritent et ne fonctionnent plus sur le pilote automatique comme il y a quelques années, alors que nous étions plus confiants dans l’avenir du catholicisme québécois, plus assurés sur ce qu’il fallait faire.

Que devons-nous faire? Aimer notre monde et faire grandir la joie qui vient du sens que prend l’existence quand on rencontre la personne et le message du Christ.

Dans sa lettre aux évêques du 28 décembre dernier, le pape François nous disait :

« Comme pasteurs, nous avons été appelés à faire grandir la joie au milieu de notre peuple. Il nous est demandé de prendre soin de cette joie. Ne nous laissons pas voler cette joie, souvent quand nous sommes déçus, et non sans raison, par la réalité, par l’Église, et déçus de nous-mêmes, que nous sommes tentés de nous laisser aller à une tristesse douceâtre, sans espérance, qui s’empare de nos cœurs » (Evangelii Gaudium, n. 83).

Pour prendre soin de la joie du peuple qui nous est confié, il n’y a pas d’autre méthode que l’amour, en exerçant la patience envers les autres comme envers soi-même.

Nous sommes appelés à donner beaucoup d’importance à la dimension amicale, affective et dialogique dans la mission d’évangélisation qui se présente à nous aujourd’hui.

Évangéliser veut souvent dire, aujourd’hui, accueillir et écouter, accompagner et faire route, chercher ensemble et discerner, aider à faire un pas de plus pour entrer dans l’intimité de Dieu.

Cela prend du temps. Cela demande de la patience. Cela demande de l’amour dès le point de départ. Ce n’est pas une fonction, c’est une affaire de relation. « Celui (qui cherche et) qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère » (Marc 3, 35).

François de Sales, sur le modèle de l’Évangile qu’il a cherché à mettre en œuvre, nous montre qu’il est possible de connaître et de réaliser la volonté de Dieu en nous laissant guider par la joie de l’amour, en entrant en relation avec ce monde qui nous déroute.

Qu’il nous apprenne à témoigner de notre foi par la douceur de l’amour et par le respect des autres, avec la patience qui caractérise le missionnaire. Amen.