Homélie - Pentecôte 2021 B

Homélie
2021/05/23
Homélie - Pentecôte 2021 B

Pentecôte 2021

Homélie

(Ac 2,1-11 ; Ga 5,16-25 ; Jn 15,26-27.16,12-15)

Permettez-moi de faire venir à votre mémoire ce discours de Martin Luther King à Washington en 1963, un discours qu’il est difficile d’oublier. Dans ce discours revenaient constamment comme un refrain les mots : I have a dream ! … Je fais un rêve ! Le rêve de voir, un jour, tous les citoyens américains devenus capables de vivre dans le respect les uns des autres, de se considérer égaux les uns les autres, de s’entraider, et particulièrement entre blancs et noirs. Ce rêve de Martin Luther King, après cinquante-huit ans, n’est malheureusement pas devenu réalité. Nous le constatons avec tellement d’évidence actuellement, et pas seulement aux États-Unis si nous pensons à ce qui se passe actuellement entre Israéliens et Palestiniens et dans plusieurs autres pays.

Je fais un rêve ! On pourrait peut-être oser donner ce même titre à la Parole de Dieu proclamée en cette fête de la Pentecôte. Les textes des Écritures qui viennent d’être lus ne nous disent-ils pas le rêve de Dieu, quand il regarde vivre actuellement tous ces pays où se rassemblent ses enfants, si nombreux à ne pas connaître la paix, la justice, le partage, l’entraide. Peut-on agir de façon plus contraire au projet de Dieu?

Si nous allons relire, dans le livre de la Genèse, ce beau poème qu’est le récit de la création, nous allons y voir, qu’après chaque étape, Dieu s’arrêtait et regardait ce qu’il avait fait. L’écrivain sacré ajoute alors ces mots chaque fois comme un refrain : Dieu vit que cela était bon ! Et même, à la fin de la dernière étape, alors qu’il venait de créer l’homme et la femme, à son image, le texte dit : Dieu vit que cela était très bon ! Il nous faut bien constater toutefois, en lisant tellement de récits de l’Ancien Testament, que cette œuvre dont Dieu s’était réjoui, son œuvre, a été sans cesse bouleversée par ceux et celles à qui il l’avait confiée.

Voyant cela, un jour, Dieu décida d’envoyer son Fils redire à l’humanité ce rêve qui continuait à habiter son cœur de Père. Cet homme de Galilée s’est vu confier cette mission d’annoncer la venue du Royaume de Dieu, de faire connaître le rêve de Dieu, par sa vie, par sa parole, par tout ce qu’il a fait. Il venait faire connaître les merveilles dont Dieu ne cesse pas de rêver pour l’humanité. C’est ce que Jésus a fait, invitant tous ceux et celles qu’il rencontrait à se laisser aimer par Dieu et en conséquence à s’aimer entre eux, à participer à la réalisation du rêve de Dieu.

Mais, nombreux furent ceux et celles qui ont refusé de l’accueillir, de se laisser déranger par sa Parole. On est allé jusqu’à le faire mourir. Cela n’a pas éteint le rêve qui habite toujours le cœur paternel de Dieu, sa miséricorde, sa bonté, sa tendresse. Il a voulu que se réalise la promesse que son Fils avait faite à ses amis avant de les quitter, ces paroles que nous avons entendues dimanche dernier, fête de l’Ascension : Vous allez recevoir une force quand le Saint Esprit viendra sur vous et vous pourrez aller dans le monde entier proclamer, faire connaître les merveilles de Dieu.

Cette promesse qu’il leur avait faite la veille de sa mort nous est redite aujourd’hui : Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement. Des paroles rassurantes, encourageantes, en cette période où nous avons particulièrement besoin de l’aide d’un Défenseur et aussi de l’appui de l’Esprit de vérité.

L’événement de la Pentecôte ne serait-il pas la manifestation de la promesse que Jésus a faite à ses disciples, cette promesse que le projet de Dieu ne cesse pas de réaliser. La présence avec nous, disciples du Ressuscité, de l’Esprit de la Pentecôte fait que Dieu ne met pas, ne mettra jamais fin à son désir de pouvoir dire de nouveau, en regardant le monde qu’il a créé, que cela est bon, très bon.

Quelques versets plus loin que le passage lu aujourd’hui, les Actes des Apôtres citent le prophète Joël qui annonçait : Je répandrai mon Esprit sur tout être de chair, vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens seront instruits par des songes et vos jeunes par des visions. Même sur les serviteurs et sur les servantes, je répandrai mon Esprit en ces jours-là et ils prophétiseront. L’Esprit de Dieu, porteur du rêve, du projet du Père vient le faire faire naître, s’enraciner, croître, dans le cœur et la vie de ceux et celles qui veulent bien marcher à la suite de son Fils. Le don de l’Esprit qui rend les disciples de Jésus capables de participer à la réalisation du rêve de Dieu ! Cela ne s’est pas accompli seulement une fois, le jour où le groupe des apôtres et des disciples ont vécu, à Jérusalem, cet événement qui nous est raconté aujourd’hui.

Ce renouveau dans la vie de notre communauté diocésaine auquel notre Archevêque nous invite à participer est sûrement inspiré par l’Esprit de la Pentecôte. Pensons tout particulièrement à la naissance de ces nombreuses communautés locales auxquelles on a donné le nom de maisonnées et qui viennent s’ajouter à celles qui étaient déjà bien vivantes. Cela ne nous fait-il pas penser à ces communautés dont nous parlent les Actes de Apôtres, qui ont surgi suite à la prédication de l’apôtre Pierre et de ses compagnons. Ces communautés se sont multipliées et ont fait naître l’Église en de si nombreux lieux. Les communautés de disciples du ressuscité sont elles aussi signes de la présence de l’Esprit de la Pentecôte promis par Jésus. Comment oserions-nous ne pas regarder l’avenir dans foi et donc avec confiance ?

Oser se lever ! Il y a quelques années, c’est le logo que notre diocèse s’était donné et qu’on retrouvé écrit dans toutes les églises. C’est sûrement l’appel que nous adresse l’Esprit Saint actuellement. N’est-ce pas ce que l’apôtre Pierre a fait le jour de la première Pentecôte, ce qu’ont fait avec lui les autres apôtres et les disciples ? Ces femmes et ces hommes, pourtant des gens ordinaires et même remplis de crainte jusqu’alors, ont osé se lever. Sur la place publique de Jérusalem, ils ont osé parler de Jésus le Ressuscité, Se rappelant ce qu’il leur avait dit au moment de les quitter, ils ont osé partir sur les routes du monde pour aller proclamer partout l’Évangile, faire connaître le rêve, le dessein de Dieu. C’est ainsi qu’a commencé cette longue marche qui a pris beaucoup d’expansion, qui a duré jusqu’à maintenant, et qui ne se terminera pas.

Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la Province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées proches de Cyrène, romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. Pourquoi saint Luc a-t-il voulu nous faire lire cette liste-là à nous ses lecteurs d’une toute autre époque ? Ne serait-ce pas pour nous faire prendre conscience que nous pouvons en faire une semblable aujourd’hui et même beaucoup plus longue, que nous nous souvenons de cette promesse de Jésus faite à nous aussi, ses disciples d’aujourd’hui : Vous allez recevoir une force quand le Saint Esprit viendra sur vous et vous pourrez faire connaître les merveilles de Dieu, collaborer à la réalisation de son projet sur l’humanité. Il veut compter sur les disciples de son Fils pour cela, il ose se fier aussi à nous, gens de la communauté diocésaine de Québec.

Marc Bouchard, prêtre

Mbouchard751@gmail.com