Homélie "La joie de l’accueil et de l’annonce de l’Évangile"

Homélie
2018/12/17
Homélie "La joie de l’accueil et de l’annonce de l’Évangile"

La joie de l’accueil et de l’annonce de l’Évangile
Homélie
(Mi 5,1-4 ; Hb 10,5-10 ; Lc 1,39-45)
Cathédrale Notre-Dame de Québec
4e dimanche de l’Avent C 2018

La Visitation, la visite de Marie chez sa cousine Élisabeth ! La liturgie de ce quatrième dimanche de l’Avent nous fait tourner nos regards vers Marie. Il convient qu’il en soit ainsi car Marie a vécu le tout premier Avent.

La première, elle a connu la douce, merveilleuse, joyeuse attente du premier Noël, la naissance de son enfant. Celui que le peuple élu attendait depuis si longtemps, Celui dont nous allons rappeler demain soir l’arrivée dans notre monde, Celui dont nous nous réjouissons de sa présence au milieu de nous aujourd’hui, Marie est la première à l’avoir accueilli. 

Le cardinal Lustiger, ancien archevêque de Paris, disait : Je suis né juif et je n’ai pas renié mon état de juif en devenant chrétien, je l’ai porté à son accomplissement. Voilà, en un certain sens, ce que Marie a vécu : jeune fille juive de ce modeste village de Nazareth, elle est devenue la Mère du Messie, la Mère du Sauveur.

Elle deviendra son premier disciple, d’abord dans la simplicité et la discrétion des années de Nazareth, ensuite quand elle l’accompagnera depuis les noces de Cana jusqu’à la Croix. Elle connaîtra la joie de Pâques et sera là lors de la venue de l’Esprit à la Pentecôte. 

Le calendrier liturgique de l’Église fait grande place à Marie en ce temps des fêtes ; elle y est constamment présente. Une semaine après avoir célébré la naissance de Jésus, nous nous souviendrons d’elle de nouveau, le premier jour de l’année étant la fête de Marie, Mère de Dieu.

Nous parlerons d’elle aussi, nécessairement, lors de la fête de la Sainte Famille et même lors de celle de l’Épiphanie. Le peuple chrétien ne peut pas célébrer Noël sans se souvenir de cette toute jeune fille de Nazareth qui a donné au monde le cadeau par excellence, Jésus, le Sauveur, don de Dieu à l’humanité.

La Visitation, la rencontre de Marie chez sa cousine Élisabeth qui échangent entre elles cette Bonne Nouvelle, cet Évangile qui marque leur personne et leur vie et qui les comble de joie toutes les deux. Prêtons attention dans ce récit à deux paroles d’Élisabeth, deux paroles inspirées pas l’Esprit Saint, comme le texte le dit très clairement. Deux paroles qui nous invitent à prendre conscience de ce qui doit habiter notre cœur en ces jours de fêtes chrétiennes : la foi et la joie.

Tout d’abord, cette réaction spontanée d’Élisabeth quand elle voit sa cousine arriver chez elle : D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.

La Mère de mon Seigneur ! … Une profession de foi, qui rejoint celle des bergers de Bethléem en la nuit de Noël, et qui deviendra la profession de foi de l’Église. L’enfant qui naît de Marie, notre foi nous fait dire qu’il est le Seigneur, le Sauveur. C’est ainsi que le peuple chrétien nomme cet enfant. Nous allons dire ensemble dans un moment : Je crois en Jésus Christ, Fils unique de Dieu, notre Seigneur, né de la Vierge Marie.

L’histoire nous rappelle qu’il a fallu trois siècles de prière, de réflexion sur les évangiles, de discussions théologiques avant que l’Église, aux conciles de Nicée en 325 et d’Éphèse en 341, affirme comme faisant partie essentielle de sa foi, le mystère de l’Incarnation, de la divinité du Christ et donc de la maternité divine de Marie.

Il s’agissait alors de contrer un discours qui circulait chez les chrétiens, disant que Jésus n’était pas le Fils de Dieu. On le voyait comme un homme tout à fait exceptionnel, quelqu’un qui a fortement marqué l’histoire de l’humanité, mais on ne voulait pas le reconnaître comme étant l’Emmanuel, Dieu venu vivre parmi nous.

Cette affirmation, on l’entend encore aujourd’hui, et même chez des gens qui se disent chrétiens. Cela est tout à fait présent dans le refus de reconnaître l’enracinement chrétien de la fête de Noël. Il est bon que notre Archevêque ait voulu qu’il y ait une crèche juste à côté de la cathédrale pour rappeler le vrai sens de cette fête qui a accompagné l’histoire de notre ville de Québec.

Une deuxième parole d’Élisabeth ! …qui, elle aussi, éclaire le sens de la fête de Noël : Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ! On peut voir dans ces mots comme un résumé de tout l’Évangile. Heureux, ceux et celles qui croient en la Parole du Seigneur, qui l’accueillent dans leur vie. Élisabeth accueille cette Bonne Nouvelle qui lui apporte le bonheur, ce vrai bonheur qui est don de Dieu, un don qu’on accueille dans la foi.

Marie et Élisabeth, deux femmes de foi profonde et forte, qui se laissent guider par l’Esprit du Seigneur et sont ainsi capables d’entendre ce que Dieu dit à leur cœur, et ce  ne peut être qu’un appel au bonheur. Femmes de foi, Marie et Élisabeth se reconnaissent toutes deux comblées par la grâce du Seigneur et comblées de joie, une joie que rien ne viendra briser.