Homélie - Jour de l'An 2019

Homélie
2020/01/10
Homélie - Jour de l'An 2019

Sainte Marie, Mère de Dieu (1er janvier 2020)

Homélie
(Nb 6,22-27 ; Ps 66 ; Gal 4,4-7 ; Lc 2,16-21)

Le Jour de l'an ! Aujourd'hui, nous ne nous disons pas seulement : Bonjour ! Nous nous faisons tous le même souhait, propre à cette première journée de l’année : Bonne et heureuse année ! Et certains vont même oser dire ce que cette Eucharistie nous suggère : Bonne, heureuse et sainte année !  Une autre année devant nous, un autre chapitre de l’histoire de notre vie ! Nous ne sommes pas, toutefois, sans nous interroger sur ce que sera cette autre étape de notre vie, nos souhaits le disent bien.

Ne sommes-nous pas comme Marie devant cet enfant de la crèche de Bethléem, puis de la maison de Nazareth, son enfant. Elle l'accueille avec tellement de joie, mais comme toutes les mères, il lui arrive de se demander ce qu'il deviendra. Elle sait bien qu'il lui apportera beaucoup de bonheur, mais qu'il lui fera connaître aussi des moments difficiles. Cela ne fait-il pas partie de toute vie humaine ! Nous aimerions bien savoir ce qui va nous arriver au cours de cette année, nous voudrions bien comprendre le sens de tout ce que la vie va nous apporter chaque jour, le sens de ce qui se passe, va se passer dans notre vie, et dans celle de notre famille, de notre communauté, de notre Église, de notre monde. Nous ne trouvons pas de réponse définitive à ces questions sérieuses qui vont se multiplier.

Notre réflexion de ce matin nous dit qu’il  sera bon de marquer chacune des journées de cette année 2020 d’un moment de prière, à l’exemple des bergers de Bethléem qui glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu. Il faudra nous rappeler que Jésus ne nous a pas promis de nous éviter tous ces événements qui nous attristent, tous ces problèmes que la vie nous amène. La promesse qu’il nous a faite, c’est d’être avec nous, de nous accompagner dans les temps heureux comme dans les temps difficiles. Nous pouvons compter sur ce qu’il a dit à ses disciples, qu’il nous dit aujourd’hui, qu’il serait avec nous chaque jour, jusqu’à la fin des temps, jusqu’à la fin de l’histoire de nos années, de notre vie. Nous allons vivre cette année 2020 en sa compagnie.

Peu de temps avant de mourir en avril 1945, dans un camp de concentration, Dietrich Bonhoefer, pasteur luthérien et théologien, a écrit dans son journal les paroles suivantes, tellement justes et encourageantes : Dieu réalise en nous non pas tous nos désirs, mais toutes ses promesses. Dans toutes les situations de détresse que nous traversons et que nous présentons à Dieu dans la prière, nous croyons que Dieu se fait encore plus proche de nous. Il nous guide et nous soutient dans ces épreuves afin que l’obscurité ne l’emporte pas sur la lumière. Quand nous marchons avec Dieu dans la confiance, Dieu peut alors vraiment réaliser peu à peu en nous ses promesses. La lumière du matin de Pâques peut alors illuminer nos ténèbres, guider nos pas, guérir nos blessures et nous faire grandir dans l’amour et dans la connaissance de Dieu. Il faut bien le reconnaître, la tentation est toujours grande pour nous, chrétiens, d’en rester à une représentation primitive de Dieu, de le ramener à une idole sensée intervenir dans nos malheurs et contre nos ennemis.

Pourquoi ne pas laisser Marie nous servir de modèle et, comme elle, faire confiance à Dieu : être attentives, attentifs à sa Parole, le plus possible, parce que, Lui, Dieu notre Père, peut nous aider à saisir le sens de ce qui nous arrive et nous donner la force et la joie de le vivre, même si c’est triste et difficile. Selon ce que nous dit saint Luc dans son évangile, Marie est allée, elle aussi, de découverte en découverte. C'est peu à peu qu'elle a saisi le mystère qui se passait dans sa vie et dans celle de son Fils, mais sans jamais comprendre pleinement. Elle a pris le temps d'écouter d'abord l'ange Gabriel, puis sa cousine Élisabeth, et aussi les bergers et les mages, sûrement aussi Joseph et ses amis et elle retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur, les gardant présents dans sa prière.

 

Nous saluons Marie, aujourd’hui, comme Mère de Dieu. Il nous faut bien voir que ce titre lui est venu d'abord à cause de son écoute attentive, de sa prière, de sa disponibilité vraie et constante à la Parole de Dieu, dite et entendue à travers la suite des événements de sa vie. C'est ainsi que Marie, qu’on peut dire première disciple de son Fils, a inauguré une nouvelle étape de l'histoire de l'humanité en faisant confiance à l’Esprit. Cette première journée de cette nouvelle année n'est pas sans nous rappeler que nous sommes aussi au début d'une nouvelle étape de notre propre histoire et peut-être que c'est encore plus vrai que pour bien des années antérieures. Nous ne savons pas ce qui peut se passer au cours de ces douze prochains mois. Peut-être avons-nous besoin de réentendre cette vieille formule de bénédiction, dite par Moïse il y si longtemps, que le Peuple de Dieu a voulu conserver dans sa mémoire, dans les Écritures, et par laquelle la liturgie de l'Église nous fait saluer l'année qui commence.

Que le Seigneur nous bénisse et nous garde ! … Que le Seigneur fasse briller sur nous son visage ! … Qu'il se penche vers nous ! … Que le Seigneur tourne vers nous son regard et qu'il nous apporte la paix et la chaque jour de cette nouvelle année !

 

Marc Bouchard, prêtre