Homélie - Fête de la Sainte Famille 2019 (A)

Homélie
2019/12/31
Homélie - Fête de la Sainte Famille 2019 (A)

Fête de la Sainte Famille 2019 (A)

Homélie
(Sir 3,2-6.12-14 ; Ps 127 ; Col 3,12-21 ; Mt 2,13-15.19-23)

L’office du matin de la liturgie des heures, la prière officielle de l’Église, commençait aujourd’hui par ces mots : Adorons le Fils de Dieu, soumis à Marie et à Joseph. La Sainte Famille ! La lecture des Évangiles nous parle très peu de ce que Jésus a vécu à Nazareth. Trente années, auxquelles la tradition a d’ailleurs donné le nom de vie cachée. De nombreux récits, particulièrement des paraboles, nous permettent toutefois de réaliser que Jésus a été marqué par la vie de sa famille. Cela ne nous invite-t-il pas à penser en ce temps des fêtes aux parents, aux grands-parents, à la place importante qu’ils ont occupée, qu’ils occupent dans la vie de leurs enfants, de leurs petits-enfants.

Enfant, Jésus a passé des journées entières dans la cour de la maison de son père et dans les rues de son village ; il a donc bien connu la vie de sa famille et des familles de Nazareth. Il a vu sa mère et ses voisines se lever tôt le matin pour pétrir la pâte et y ajouter le levain. Il les a regardées repriser le linge et a bien vu qu’on ne mettait pas à un vieux vêtement une pièce d’un tissu neuf. Il a vu des femmes balayer le sol avec une feuille de palmier, cherchant une pièce de monnaie. Il connaissait bien tous les services que les voisins se rendaient, même se lever la nuit pour aider un ami. Cela ne nous fait-il pas penser à certaines de ses paraboles ?

Charpentier de métier, il a travaillé le bois et aussi la pierre, sachant donc comment les maisons étaient construite et comment les entretenir, réparer les portes, les fenêtres. La vie de Jésus et de Joseph ressemblait à celle des journaliers de la Galilée qui souvent cherchaient du travail. Quant à Marie, elle accomplissait les tâches nombreuses et exigeantes des femmes, comme faire le ménage de la maison et de la cour, préparer les repas et, chaque jour, aller chercher l’eau à la fontaine du village.  

Il est évident que Joseph, dont l’évangile dit qu’il était un homme juste, et Marie, comblée de grâce et qui méditait toutes ces choses en son cœur, ont joué un rôle important dans le développement de cet enfant, devenu ce jeune homme, puis cet adulte, leur fils. C’est grâce à Dieu dont il était très proche, et grâce à ses parents, eux aussi très proches de Dieu, qu’il grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et que la grâce était sur lui. Il est certain que ces années vécues dans ce modeste village, avec son père et sa mère, ont contribué à l’orienter vers cet engagement qu’il prendra plus tard et que la tradition appelle sa vie publique. Sa vie d’enfant, d’adolescent, de jeune homme dans ce milieu familial a inévitablement contribué à faire de lui cet homme que les évangiles nous font connaître et admirer.

C’est dans ce contexte de vie et de conversations avec ses parents qu’a dû se développer chez lui ce désir qui l’habitera de plus en plus, ce projet de consacrer sa vie à annoncer, à faire venir ce qu’il appellera le Royaume de Dieu. Ce sera la passion de sa vie d’homme, aider son peuple à accueillir le Royaume de Dieu, à faire venir un monde qui rejoindrait le projet de Dieu, si bien exprimé dans le texte des béatitudes. Ne serait-ce pas ce que cette fête de la Sainte Famille, ce que les textes de cette liturgie de la Parole nous disent ? Jésus de Nazareth, Emmanuel, Dieu-parmi-noue, a vécu la même vie que les gens de son temps, la même vie humaine que la nôtre, dépendant d’abord de ses parents puis devenant autonome, tout comme nous.

Ces tout derniers jours, la liturgie nous a raconté sa naissance, elle l’a fait en l’enveloppant dans un certain contexte de merveilleux, justement pour nous révéler que cet enfant, qui sera comme tous les autres, était le Fils de Dieu, le Sauveur. Nous croyons et nous disons qu’en lui Dieu est venu vivre notre vie. Ne serait-ce pas la raison d’être de cette fête d’aujourd’hui qui nous fait tourner notre regard sur ce qui s’est passé dans l’humble village de Nazareth, dans la modeste maison de Joseph et de Marie, de ce qu’a vécu Jésus avec eux et qui l’a marqué profondément. Sûrement que les gens ont remarqué la qualité, la richesse humaine de cet enfant puis de cet adulte qu’était Jésus. Il nous est raconté dans les évangiles que parfois ils étaient dans l’admiration à son égard et qu’en d’autres temps ils n’étaient pas d’accord avec lui et même s’inquiétaient à son sujet, un comportement habituel chez des gens qui vivent proches les uns des autres. On peut se demander pourquoi, en cette fête qui veut rappeler la vie de la Sainte Famille à Nazareth, la liturgie nous raconte la fuite en Égypte de Joseph avec son épouse et son fils. C’est nous dire le souci, l’amour qu’avaient Joseph et Marie pour cet enfant que Dieu leur avait confié ; il occupait la première place dans leur cœur et dans leur vie.  

Terminons cette réflexion par cette prière qui terminait l’office du bréviaire de ce matin : Verbe éternel du Père, tu t’es soumis à Marie et à Joseph, enseigne-nous l’humilité. … Maître et Seigneur, ta mère conservait en son cœur tes paroles et tes gestes, apprends-nous à garder ta parole, à la mettre en pratique. … Créateur de l’univers, tu as été appelé fils du charpentier, donne-nous ton courage et ton amour du travail. … Tu as grandi en âge et en grâce dans ta famille à Nazareth, rends-nous plus semblables à toi, notre chef et notre frère.

 

Marc Bouchard