Homélie du 4e dimanche de Pâques 2019 C

Homélie
2019/05/13
Homélie du 4e dimanche de Pâques 2019 C

4e dimanche de Pâques 2019 C

Homélie

(Ac 13.14,43-52 ; Apoc 7,9.14b-17 ; Jn 10, 27-30)

Mes brebis écoutent ma voix. C’est ce que Jésus vient tout juste de nous dire. Ce verbe écouter revient 58 fois dans l'Évangile de saint Jean ! Voilà des paroles de Jésus à retenir : Mes brebis écoutent ma voix ; moi je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle. Deux courtes phrases, quatre verbes : écouter, connaître, suivre, donner. Écoutons le Seigneur, il nous connaît chacun, chacune de nous ; suivons-le, il va nous donner la vie éternelle. Dans son sens évangélique, le mot écouter nous parle nécessairement de l’amour. On ne peut pas écouter le Seigneur en vérité, avec son cœur, sans être ses brebis c’est-à-dire de ceux et celles qui le suivent, sans accepter de faire sa volonté, d'entrer dans son projet, librement, généreusement, avec joie.  

En ce quatrième dimanche de Pâques, la Parole de Dieu nous parle chaque année de Jésus, le Bon Berger, le Bon Pasteur. C’est pour cela qu’on en a fait la Journée mondiale de prière pour les vocations. Notre prière doit se faire insistante parce qu’actuellement le manque de prêtres, de religieuses, de religieux est tellement évident. Notre Église, nos communautés ont pourtant besoin de leur présence, de leur service, d’entendre la Parole de Dieu, de célébrer les sacrements. Il faut être réaliste, il faut bien penser que cette situation va s’aggraver dans les années qui viennent. C’est inquiétant, pour l’avenir de l’Église et de la foi, partout en Occident, et ici, au Québec. Nous devons prier pour que des jeunes et des adultes entendent cet appel qui vient de leur statut de baptisés, un appel à se mettre au service du Christ et de l’Évangile.

Mais il ne faut pas oublier ces hommes et ces femmes qui sont là, actuellement, qui vivent avec fidélité, générosité, audace, leur réponse à un appel du Seigneur, entendu il y a plus ou moins d'années. Nous devons prier, rendre grâces, pour toutes ces personnes qui, en cette période difficile, vivent du mieux possible leur vocation de religieux, de religieuses, de prêtres. Le témoignage de leur vie, même s’il est obscurci par les fautes de certains, demeure une interpellation adressée à tous les baptisés pour que soient assurés tous ces services, tous ces ministères dont notre Église, nos communautés chrétiennes, nos milieux ont si grandement besoin.

Ce n’est pas toutefois parce qu’il y a, qu’il y aura moins de prêtres, de diacres, de religieux, de religieuses que l’Église doit cesser de parler et d’agir, d’être présente dans notre monde. En quittant ceux et celles avec qui il avait vécu, Jésus leur a dit : Allez, de toutes les nations, faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. D’autres paroles de Jésus à retenir, en se disant que la mission que Jésus confiait à ses disciples ne se restreignait pas à ceux et celles qui étaient là avec lui. Il s’adressait aussi à tous ceux et celles qui, partout, au long des siècles, s’engageront comme eux à faire naître des disciples par le baptême, à bâtir son Église, à la garder vivante, pour que l’Évangile ne cesse pas d’être proclamé.

C’est cela être baptisé, devenir disciple du Ressuscité. Cette mission que Jésus a confiée à ses disciples, elle doit se poursuivre, ici et maintenant. Cet appel de Jésus s’adresse à tous les baptisés. C’est dans le baptême que s’enracine la mission de toute chrétienne, de tout chrétien. Nous nous sommes souvenus ces deux dernières semaines des saints de chez nous, les Martyrs Canadiens, François de Laval, Marie de l’Incarnation, Catherine de Saint-Augustin. Ils ont vécu ici dans notre ville et participé à la naissance de l’Église dans notre pays, mais ils n’ont pas fait cela tout seuls. Pensons à tous ces parents qui, à leur suite, au cours des années, ont su transmettre leur foi à leurs enfants de génération en génération. Pensons aussi à ces prêtres, à tous ces gens qui ont gardé leurs paroisses bien vivantes, à ces femmes qui enseignaient dans les écoles des villes et des villages. Et cela se continue, prêtres et des laïcs, femmes et hommes sont là, faisant que le Québec demeure une terre chrétienne. Dans ce qu’on appelle les Services diocésains, cet édifice situé sur le boulevard René-Lévesque, c’est même une forte majorité de laïcs qui font fonctionner notre diocèse. Ce sont des laïcs qui administrent les paroisses réorganisées et de plus en plus nombreux sont ceux et celles qui s’engagent dans la pastorale.

Actuellement des laïcs, hommes et femmes, acquièrent la formation requise pour animer leur communauté chrétienne, présider des célébrations de la Parole, devenir catéchètes, préparer aux sacrements, célébrer des funérailles, se font missionnaires dans leurs milieux.  

La mission d’un baptisé, d’une baptisée ne se limite pas au service de la communauté chrétienne, c’est aussi un appel à être présent et actif dans la société. Les valeurs chrétiennes, qui s’enracinent dans l’Évangile, doivent être au cœur de tous les engagements, de toute la vie d’un baptisé. On n’est pas chrétien seulement chez soi et à l’église. Vivre l’Évangile, c’est le laisser éclairer toute sa vie, et c’est nécessairement se laisser guider par Celui qui est le Chemin, la Vérité, la Vie. Il y a la vocation sacerdotale, la vocation religieuse, la vocation au mariage, la vocation du célibat consacré, mais il y a d’abord la vocation baptismale. Il faut que chaque chrétienne, chaque chrétien considère son baptême comme le premier appel que le Seigneur lui adresse, un appel à servir, et le monde et l’Église. L’Évangile ne nous dit-il pas que c’est sur cela que nous serons jugés? À ceux et celles qui auront écouté la voix du Seigneur, qui l’auront suivi, sera donnée la vie éternelle. Un témoin nous dit cela, un laïque dont la vie a été réponse à un appel du Seigneur, Jean Vanier, qui est allé cette semaine rejoindre Celui qu’il a suivi et qui l’a conduit à la vie éternelle.     

Quand nous prions pour les vocations, il faut penser aux vocations sacerdotales et religieuses, mais aussi inclure dans notre prière tous ces baptisés qui font, feront de leur vie une réponse à un appel du Seigneur.

Marc Bouchard, prêtre