Homélie du 4e dimanche de l'Avent 2015 par M. l'abbé Marc Bouchard, prêtre agrégé de la communauté des prêtres du Séminaire de Québec

Homélie
2015/12/28
Homélie du 4e dimanche de l'Avent 2015 par M. l'abbé Marc Bouchard, prêtre agrégé de la communauté des prêtres du Séminaire de Québec

Homélie

Quatrième dimanche de l’Avent 2015

(Mi 5,1-4; Hb 10,5-10; Lc 1,39-45)

La Visitation, la visite de Marie chez sa cousine Élisabeth ! La liturgie de ce quatrième dimanche de l’Avent nous fait tourner nos regards vers Marie. Il convient tout à fait qu’il en soit ainsi car c’est elle qui a vécu le tout premier Avent. C’est elle qui, la première, a connu la douce et merveilleuse et joyeuse attente du premier Noël, la naissance de son enfant. Celui que le peuple élu attendait depuis si longtemps, Celui dont nous attendons la venue aujourd’hui, Celui dont nous nous réjouissons de la présence au milieu de nous aujourd’hui, c’est elle qui, la première, l’a accueilli.

Le cardinal Lustiger, ancien archevêque de Paris, disait: Je suis né juif et je n’ai pas renié mon état de juif en devenant chrétien, je l’ai porté à son accomplissement. C’est ce que Marie a vécu, et de façon suréminente : jeune fille juive de ce modeste village de Nazareth, elle est devenue la Mère du Messie, la Mère du Sauveur. Elle  sera son premier disciple, dans la discrétion des années de Nazareth et aussi quand elle l’accompagnera depuis les noces de Cana jusqu’à la Croix. Elle sera là aussi quand naîtra l’Église lors de la Pentecôte. 

Le calendrier liturgique de l’Église fait grande place à Marie en ce temps des fêtes; elle y est constamment présente. Une semaine après avoir célébré la naissance de Jésus, son enfant, nous nous souviendrons de nouveau d’elle le premier jour de l’année, fête de Marie, Mère de Dieu. Nous nous souviendrons d’elle aussi nécessairement lors de la fête de la Sainte Famille et même lors de celle de l’Épiphanie. Le peuple chrétien ne peut pas célébrer Noël sans se souvenir de cette toute jeune fille de Nazareth qui a donné au monde le cadeau par excellence, Jésus, le Sauveur, don de Dieu à l’humanité.

Doivent toutefois attirer notre attention, dans ce récit de la Visitation, deux paroles d’Élisabeth, deux paroles inspirées pas l’Esprit Saint, comme le texte le dit clairement. Deux paroles intéressantes à entendre et à méditer parce qu’elles nous disent ce qui doit habiter notre cœur en ces jours de fêtes chrétiennes, en ce jour où nous allons célébrer la naissance du Sauveur, la foi et la joie.

Remarquons tout d’abord cette réaction d’Élisabeth quand elle voit sa cousine arriver chez elle : Comment ai-je ce bonheur que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Ce bonheur, c’est la visite de la Mère de mon Seigneur ! Cette profession de foi d’Élisabeth, qui correspond à celle des bergers de Bethléem en la nuit de Noël, deviendra aussi celle de l’Église. L’enfant qui naît de Marie est le Seigneur, le Sauveur.

L’histoire nous rappelle qu’il a fallu trois siècles de prière, de réflexion sur les évangiles, de discussions théologiques avant que l’Église, aux conciles de Nicée en 325 et d’Éphèse en 341, affirme comme faisant partie essentielle de sa foi : le mystère de l’Incarnation, de la divinité du Christ et donc de la maternité divine de Marie.

Il s’agissait alors de contrer un discours qui circulait chez les chrétiens, un discours qui disait que Jésus n’était pas le Fils de Dieu : il a été cet homme tout à fait exceptionnel qui a marqué l’histoire de l’humanité, mais il n’était pas Dieu venu vivre parmi nous. Cette affirmation, on l’entend encore aujourd’hui, de plus en plus et même chez des gens qui se disent chrétiens. Cela est tout à fait présent dans ce refus qui s’exprime actuellement de reconnaître l’enracinement chrétien de la fête de Noël.  

Une deuxième parole d’Élisabeth doit aussi éclairer le sens de cette fête de Noël : Heureuse celle qui a cru aux paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ! On peut voir dans ces mots comme un résumé de tout l’Évangile, la première béatitude. Heureux, ceux et celles qui croient en la Parole du Seigneur et l’accueillent dans leur vie. La Bonne Nouvelle : si Dieu se fait homme en Jésus, c’est pour que nous connaissions le bonheur, ce vrai bonheur qui est don de Dieu, un don qu’on accueille dans la foi.

Marie et Élisabeth sont toutes deux des femmes de foi profonde qui se laissent guider par l’Esprit du Seigneur et sont ainsi capables d’entendre ce que Dieu dit à leur cœur et qui ne peut être autre chose qu’un appel au bonheur. Femmes de foi, Marie et Élisabeth se reconnaissent toutes deux comblées par la grâce du Seigneur et comblées de joie, une joie que rien ne viendra briser.

Les communautés chrétiennes se doivent à elles-mêmes et doivent au monde de célébrer ces fêtes, de vivre ce temps des fêtes dans la joie et la foi. Elles ont là une occasion de dire leur foi au monde, une foi qui les remplit de joie. On ne s’est peut-être jamais autant questionné sur le sens de la fête de Noël, sur ce mystère qu’elle invite à célébrer.

La Parole de Dieu de ce dimanche, la Bonne Nouvelle de ce quatrième dimanche de l’Avent nous dit que nous sommes prêts à fêter Noël en lui donnant, en révélant tout son sens. Vivons ce Noël 2015 dans la foi et dans la joie, dans la compagnie de Marie, la Mère de Dieu, la Mère de Jésus, la Mère de l’Église et notre Mère. Laissons-nous habiter par la foi et la joie d’Élisabeth et accueillons comme elle venue du Seigneur chez nous. Réjouissons-nous, Dieu peut et veut faire venir un monde nouveau.

Marc Bouchard, prêtre

 

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