Homélie du 25e dimanche C 2019

Homélie
2019/09/16
Homélie du 25e dimanche C 2019

25e dimanche C 2019
L’église, une communauté de disciples missionnaires ! 
Homélie
(Am 8,4-7 ; Tim 2,1-8 ; Lc 16,10-13)

Il n’y pas si longtemps les médias parlaient des deux hommes les plus riches du monde, la fortune de chacun se chiffrant à 78 milliards de dollars. L’un des deux est à la tête d’une entreprise reconnue pour ne payer ni taxes ni impôts ; l’autre emploie 180 000 personnes, mais la majorité d’entre elles vivent dans des pays pauvres, sont sous-payées et souvent travaillent dans des conditions inacceptables.

Rappeler cela montre bien qu’il est facile de faire se rejoindre la parole de Dieu du dimanche et la vie actuelle. Le lien est facile à faire avec ce que disait le prophète Amos au VIIe siècle avant Jésus et qui nous est rapporté dans la première lecture. Pour ce qui est de cette parabole lue aujourd’hui, on pense que Jésus se serait basé sur un événement qui faisait alors beaucoup parler.

Cette parabole du gérant malhonnête n’est toutefois pas sans nous interroger. Il est difficile de comprendre comment Jésus peut louanger ce gérant qui agit de façon si clairement malhonnête. Rappelons-nous qu’il s’agit d’une parabole, donc d’un fait dont Jésus se sert pour illustrer son message, ce qu’il veut que nous retenions : Les fils de ce monde se montrent plus habiles entre eux que les fils de lumière. Si le fait de gagner sa vie ou de faire progresser une entreprise exige de l’énergie, de la durée, de la créativité, ne doit-il pas en être de même pour l’accueil de l’Évangile dans sa vie et pour la mission de l’annoncer ?

À une époque où la foi a du mal à se dire, à se transmettre, à se vivre de façon signifiante, les chrétiens doivent se sentir appelés, collectivement et individuellement, à adopter cette attitude de clairvoyance et d’ingéniosité suggérée par cette parabole du gestionnaire astucieux ? Comment faire saisir l’Évangile comme étant une Bonne Nouvelle pour le monde d’aujourd’hui ? Comment faire que le message de Jésus rejoigne les nouvelles générations imprégnées d’une culture qui invite à choisir et à faire tout simplement ce qui plait ? Comment se fait-il que l’Évangile ne semble pas répondre à cette quête de sens de beaucoup de gens, qui se demandent comment vraiment réussir leur vie ? Comment se fait-il que cette recherche de sens conduit tant de personnes sur des voies autres que celle de la foi chrétienne ?

Pour que leur foi en arrive à se dire et à se vivre de façon signifiante, les fils de lumière, c’est ainsi que Jésus appelle ses disciples, ne sont-ils pas appelés à se donner cette ingéniosité dont savent faire preuve les fils de ce monde ? Pourtant, les chrétiens et les chrétiennes savent souvent faire preuve de beaucoup de générosité, de créativité quand ils agissent comme fils de ce monde et partie prenante de la culture actuelle.

Dans une entrevue avec un journaliste, le pape émérite Benoît XVI expliquait sa démission comme pape. S’il a quitté cette responsabilité, c’est parce qu’il ne se sentait plus capable de la remplir, disant même qu’il n’était pas l’homme qu’il fallait pour remplir une telle mission. Il se dit heureux d’avoir un successeur capable de gouverner et de prendre les décisions qui s’imposent pour que notre Église soit davantage témoin de Jésus et de l’Évangile dans notre monde. Il restera toutefois au service de l’Église selon ses capacités, soit surtout dans la prière.

Comment pouvons-nous contribuer à ce renouveau que nous souhaitons pour notre Église et pour notre société, comment collaborer à ce nouvel élan dans l’évangélisation auquel le Pape et notre Archevêque nous invitent avec tellement d’insistance ? La réponse à cette question ne nous serait-elle pas donnée par cet extrait de la lettre de saint Paul à Timothée, ce disciple qui, devenu évêque d’Éphèse, trouvait difficile la mission pastorale qui lui avait été confiée.

Samedi de l’autre semaine, à l’invitation de notre Archevêque plus de mille personnes se sont rassemblées au centre de foires pour vivre ce qu’on appelle le lancement de l’année pastorale. Alors que la vie régulière reprend, il est bon que les communautés chrétiennes, paroissiales et autres, se rappellent que le Seigneur a voulu qu’elles soient missionnaires et qu’elles doivent sans cesse renouveler cet élan dont elles ont besoin pour être dans notre monde actuel ceux et celles que Jésus appelle fils et filles de lumière. Disciples choisis et envoyés par le Seigneur, nous devons découvrir quelle route prendre pour annoncer l’Évangile aujourd’hui dans nos différents milieux.

Si nous nous demandons ce que nous pouvons faire, dans la deuxième lecture, saint Paul indique une route ouverte à tout baptisé, celle de la prière. Réentendons ses paroles : Je vous encourage, avant tout, à faire des demandes, des prières, des intercessions et des actions de grâce pour tous les chefs d’État et tous ceux et celles qui exercent l’autorité, afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité. Et il ajoute : Je voudrais qu’en tout lieu on prie en élevant les mains, saintement.

Saint Paul se rappelait sûrement ce récit qu’on peut lire dans le livre de l’Exode. Il y est raconté au chapitre 17 que le peuple élu a dû entreprendre une bataille contre les Amalécites qui voulaient l’empêcher de poursuivre sa marche dans le désert. Moïse est alors monté sur une colline où il priait les mains levées. Le peuple était alors le plus fort mais quand Moïse baissait les bras, le peuple faiblissait dans sa lutte. Comme Moïse a fini par être fatigué. On lui a apporté une pierre pour s’asseoir et deux hommes sont venus l’aider à tenir ses bras levés. Une belle histoire, toute pleine de signification.

Prier est une responsabilité confiée à chaque chrétienne, chaque chrétien. Nous n'avons pas le choix, baptisés, revêtus du sacerdoce royal, la prière fait partie de notre mission. La prière, même la plus personnelle, la plus discrète, est toujours celle de la communauté tout entière ; c'est en tant que membre du Corps du Christ que nous nous adressons au Père, que nous prions. Cet appel à la prière arrive au bon moment alors que toutes nos communautés chrétiennes du diocèse s’engagent dans une nouvelle année pastorale et aussi alors que notre peuple se prépare à élire celles et ceux qui vont diriger notre pays.

Que notre prière au cours de cette Eucharistie nous rende capables de vivre en disciples du Seigneur durant cette semaine qui commence, au cours des mois qui viennent, et de manifester en paroles et en actes notre préoccupation pour ce qui se passe dans notre milieu, notre pays, notre monde et aussi dans notre Église.          

Marc Bouchard, prêtre