Homélie - Dimanche des Rameaux B 2021

Homélie
2021/03/25
Homélie - Dimanche des Rameaux B 2021

Dimanche des Rameaux B 2021

La Passion selon saint Marc

Homélie
(Mc 11,1-10 ; Is 50,4-7 ; Ph 2,6-11 ; Mc 14,1-15,47)

L'entrée de Jésus dans Jérusalem, un récit qu’on peut lire dans les quatre évangiles ! On comprend que cet événement soit resté très présent dans la mémoire des apôtres et de de ceux et celles qui l’ont vécu avec eux. C’est comme le début de la dernière étape de la vie de Jésus, un accueil très chaleureux qui le conduira à un évènement si triste. L’Église, répondant à un désir des communautés chrétiennes, a voulu accorder une place importante à ce récit dans la liturgie de la Semaine Sainte qui commence par ces mots : Aujourd’hui, nous commençons la Grande Semaine en évoquant l’entrée de Jésus à Jérusalem, la Ville Sainte.

J’ose penser que vous me permettez de partager avec vous un souvenir qui revient inévitablement dans ma mémoire chaque dimanche des Rameaux. J’étais à Jérusalem en avril 1990, alors que se vivait l’Intifada, cette guerre entre les Israéliens et les Palestiniens, qui a duré plusieurs années. Le Gouvernement israélien avait interdit tout rassemblement public, mais le Patriarche latin de Jérusalem avait toutefois obtenu que la procession des Rameaux ait lieu quand même. Il s’était engagé à faire en sorte qu’elle se fasse dans le calme. Cette procession, une très ancienne tradition dans la Ville Sainte, voit se réunir chaque année, dans la prière, de très nombreux chrétiens de la Terre Sainte et davantage de pèlerins venus de tous les coins du monde.

Cette procession part du sommet du Mont des Oliviers et descend jusqu’au Jardin des oliviers pour se terminer à la Basilique de l’Agonie. Elle a donc comme parcours une assez longue côte, étroite, tortueuse et abrupte. Comme l’avait demandé le Patriarche, cette procession s’est faite dans le silence, mais de très nombreux pèlerins n’ont pu s’empêcher de prier à voix basse et même de chanter aussi à voix basse, et cela en diverses langues. Tout ce contexte donnait à cet événement une ambiance de prière toute particulière. Il y avait des pèlerins de tous les âges, même de jeunes enfants dans les bras ou sur les épaules de leurs parents. La procession se terminait dans la Basilique où les pèlerins entraient par la porte de droite, faisaient le tour de l’intérieur de cette église impressionnante, si c’était possible touchaient à la grande pierre de l’Agonie, dans le chœur de la Basilique et sortaient par la porte de gauche. Une longue marche de prière qu’on ne peut oublier !

La toute première procession des Rameaux, celle qui est racontée dans les évangiles et que la liturgie nous rappelle, a rassemblé un groupe d’amis de Jésus et aussi de pèlerins. C’était pour souligner l’entrée dans Jérusalem de leur Maître, auquel ils étaient très attachés et dont ils soulignaient la venue dans la Ville Sainte pour la Pâque. Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Si cet accueil a été pour Jésus un moment de triomphe, on peut penser que ce fut un triomphe bref et modeste, parce qu'il a été aussitôt contesté. Il sera rapidement arrêté au cours de la semaine et condamné comme un criminel. Cette autre marche qu’on lui fera vivre sera toute autre, tellement pénible, le conduisant à la mort, une mort horrible et honteuse, celle de la croix. La plénitude de la gloire ne deviendra une réalité pour Jésus que le jour de son entrée dans la Jérusalem céleste, quand le Père le ressuscitera au matin de Pâques. Ce jour-là sera le vrai jour de la vraie fête, le jour du triomphe définitif de Jésus, Christ et Fils de Dieu : ce sont les premiers mots de l’Évangile selon saint Marc et les derniers de l’Évangile de saint Jean. 

En faisant la procession, rameaux en mains, en ce dimanche qui ouvre la Semaine Sainte, nous avons voulu célébrer Celui qui, aujourd'hui, est le Seigneur de gloire, le Roi du ciel et de la terre. Mais, encore plus qu'un geste liturgique, ce qui peut le mieux glorifier le Seigneur, c’est de faire de Lui la Lumière et la Joie de notre vie.  Accueillir l'Esprit du Seigneur, c'est accepter qu'il nous apprenne l'attitude du Serviteur que nous fait découvrir le prophète Isaïe : le Serviteur qui, chaque matin, se laisse réveiller par la Parole, qui écoute attentivement et dans l'obéissance le Seigneur qui vient à son secours ; le Serviteur qui écoute et se laisse instruire et guider sur la route qui mène au Royaume.

Si nous sommes venus, dans cette Eucharistie, rencontrer Jésus le Ressuscité, si nous avons écouté ce récit de sa Passion et de sa mort, c’est pour le laisser nous apprendre ce que doit être notre vie, une vie à l’exemple de la sienne, lui qui est venu pour servir, non pour être servi. L’exemple de Jésus, qui nous appelle à le suivre, nous entraîne, comme le dit saint Paul, à savoir accepter comme lui le dépouillement de nous-mêmes, et ces dépouillements que la vie nous apporte de toutes sortes de manières. Glorifier Jésus en ce début de la Semaine Sainte, célébrer sa gloire, c'est, paradoxalement, être capable de lui dire comme le bon larron : Dieu Sauveur, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume.

Marc Bouchard, prêtre

Mbouchard751@gmail.com