Homélie "Dimanche de Pâques C" 21 avril 2019

Homélie
2019/04/24
Homélie "Dimanche de Pâques C" 21 avril 2019

Dimanche de Pâques de l’année C 2019

Homélie


(Ac 10,34a.37-43 ; Col 3,1-4 ; Jn 20,1-9)

« Nous sommes aujourd’hui les témoins du Ressuscité »

Jésus est ressuscité ! Le récit de cette Bonne Nouvelle que nous venons d’entendre est tout simple, même s’il s’agit de la plus importante de l’histoire de l’humanité. On n’y raconte pas l’événement même de la résurrection et on n’y voit rien de surnaturel. Dans ce récit de saint Jean, il n’y a pas de présence d’anges et Jésus lui-même n’apparaît pas. Pourtant, ce récit se termine par ces mots, il vit, et il crut. Il paraît évident, selon ce récit de de l’Évangile selon saint Jean, que la foi en la résurrection n’est pas le fruit de l’imagination des disciples. Marie-Madeleine, la première à voir le tombeau vide, n’en conclut pas du tout que Jésus est ressuscité. Au contraire, elle court aussitôt prévenir Simon-Pierre et l’autre disciple et elle leur dit : On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a déposé.

On dit que le tombeau vide n’est pas une preuve de la résurrection de Jésus. La réaction de Marie-Madeleine le montre bien. Pourtant, dans ce court récit, le mot tombeau revient sept fois. Il y a sûrement, dans ce fait du tombeau vide, une réalité qui surprend, qui étonne, et devant laquelle les disciples ne savent vraiment pas quoi penser. Voyant bien que c’est vrai que le tombeau est vide, Pierre, lui aussi, n’en tire pas la conclusion que Jésus est ressuscité. Mais l’autre disciple voit et croit. On peut se demander ce qu’il voit qui serait différent de ce qu’ont vu Marie-Madeleine et Pierre. Ne serait-ce pas qu’il est capable d’interpréter ce qui se passe, d’en comprendre le sens ?

Ce récit évangélique, rédigé longtemps après l’événement n’a pas été écrit uniquement pour dire ce qui s’est passé au matin de Pâques. Il se veut porteur d’un message important pour tous ceux et celles qui le liront ou l’entendront proclamer au cours des siècles. Il veut nous dire que pour vraiment saisir la Bonne Nouvelle de Pâques, pour voir et comprendre cet événement, il faut les yeux du coeur, il faut le regard de l’amour. Ce n’est pas pour rien qu’il précise que l’autre disciple, celui qui accompagne Pierre, est celui que Jésus aimait.  N’est-ce pas à cause de ce lien d’amitié qui unissait Jésus et Jean, la tradition veut que ce soit lui l’autre disciple qui est souvent le premier à reconnaître le Seigneur ? Dans le récit qui suit et qui raconte l’apparition de Jésus sur le bord du lac de Galilée, on peut lire : Le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : c‘est le Seigneur.    

Cet autre disciple semble étonné de voir, dans le tombeau, les linges qui avaient servis à la déposition du corps de Jésus bien disposés, sans désordre. Il semblerait que ce fut pour lui ce qui lui a fait penser que le corps de Jésus n’avait pas été enlevé comme l’avait supposé Marie-Madeleine. On pourrait penser que ce soit ce signe-là qui ait fait naître la foi de l’autre disciple en la résurrection. Il faut beaucoup d’amour, beaucoup d’amitié entre deux personnes pour que tous les messages échangés soient parfaitement compris. N’est-il pas normal alors que le tombeau vide et les linges bien rangés aient dit leur signification à ce disciple qui était aimé davantage et qui aimait aussi davantage.

Remarquons ces derniers mots du récit : Jusque-là, les disciples n’avaient pas encore vu que, d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. Cela peut vouloir dire que si les faits ne suffisent pas à donner la foi, si l’amour ne suffit pas à vraiment interpréter les faits, il faut quelque chose de plus, quelque chose qui vient éclairer tout ce qui est vécu et en dévoile toute la signification.

Cet autre disciple ne comprend pleinement qu’au moment où il accepte de se laisser conduire par l’Esprit Saint qui est à la source de toutes les Écritures. Ouvert à l’Esprit, le disciple que Jésus aimait et qui lui était si attaché sent remonter dans la mémoire de son coeur toutes ces paroles des Écritures que Jésus avait dites quand il annonçait sa résurrection. C’est parce qu’il accueille déjà la lumière de la Pentecôte que le cœur de ce disciple devient tout plein de joie et capable de se laisser illuminer par la lumière de Pâques, de croire que Jésus est ressuscité et vivant, avant même les apparitions.

Vous êtes ressuscités avec le Christ, nous disait l’apôtre Paul dans la deuxième lecture. Après la longue démarche du Carême, nous nous retrouvons nous aussi devant la lumière éclatante de Pâques et un appel nous est adressé en ces temps qui peuvent nous paraître à certains moments tristes et inquiétants. Nous devons prendre la décision, plus ferme que jamais, de nourrir notre foi dans le Christ ressuscité, de faire grandir notre amour pour lui, en étant encore plus attentifs aux signes qui nous sont faits chaque jour. Nous devons prendre cette décision de nous laisser guider avec encore plus de docilité par l’Esprit dans la lecture des Saintes Écritures pour que ces signes soient lumière sur la route de la vie. Ne serions-nous pas invités par le Ressuscité à devenir ces autres disciples ? Baptisés, ne compte-t-il pas sur nous pour être ses témoins aujourd’hui ?

Marc Bouchard, prêtre
Mbouchard751@gmail.com