Homélie de M. l'abbé Marc Bouchard prononcée en l'église Notre-Dame-des-Victoires le dimanche 15 novembre 2015

Homélie
2015/11/18
Homélie de M. l'abbé Marc Bouchard prononcée en l'église Notre-Dame-des-Victoires le dimanche 15 novembre 2015

Homélie du 33e et dernier dimanche du temps ordinaire  15 novembre 2015
Église Notre-Dame-des-Victoires

Dn 12,1-3 ; Hb 10,11-114.18 ; Mc 13,24-32

Ce sera un temps de détresse comme il n’y en  jamais eu depuis que les nations existent, voilà ce que disait le prophète Daniel, il y a fort longtemps. La lecture évangélique renchérit en rapportant ces paroles de Jésus : Après une terrible détresse, le soleil s’obscurcira et la lune perdra son éclat. Les étoiles tomberont du ciel et les puissances célestes seront ébranlées. Le mot détresse revient deux fois dans les lectures de ce dernier dimanche du temps ordinaire. Ce mot ne nous fait-il pas penser à ces images que nous présente la télévision si souvent. Des villes détruites par des pluies torrentielles, des tornades qui sèment la mort sur leur passage. La guerre avec toutes ces villes détruites, et, en conséquence, ces foules qui fuient leur pays. Et ce qui s’est passé vendredi à Paris. Et il y a aussi tout ce qui se passe ici chez nous et qui n’est pas toujours réjouissant.
 
L’Évangile, ce qui veut dire Bonne Nouvelle, n’aurait-il pas quelque chose à dire à ce sujet ? On voit dans le récit de saint Marc, qui rapporte le dernier discours de Jésus, qu’après avoir annoncé des événements tragiques, la venue de faux prophètes, de terribles persécutions, la destruction du temple de Jérusalem, et sa mort prochaine, Jésus semble bien demeurer calme et même optimiste. Pour lui tout cela ne peut pas avoir le  dernier mot. Quand vous verrez toutes ces catastrophes arriver, sachez que l’été est proche. L’été, cette saison où les branches du figuier deviennent tendres et que sortent les feuilles. Il ne considère pas les catastrophes de toutes sortes comme annonçant la fin du monde, mais bien plutôt comme un appel à l’espérance. Quand vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte.

Alors que tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il a dit semble bien vouloir se terminer par un échec, alors qu’il réalise que la mort est pour lui toute proche, Jésus affirme que l’été est proche, … voilà que vient le salut ! Que pouvaient penser ceux et celles qui l’écoutaient leur parler en même temps de détresse et de salut. Au-delà de ce que la terre en évolution peut apporter de catastrophes, au-delà de ces événements si tristes, causés par l’usage que des humains peuvent faire de leur liberté, il y a le plan de Dieu qui va nécessairement se réaliser, qui ne peut être qu’un projet de salut. À ses disciples inquiets, remplis de peur à l’idée de la destruction du temple. Jésus dit de regarder plus loin que leur peur. Quand saint Marc a écrit son Évangile, les premiers chrétiens étaient nombreux à penser que la fin du monde était toute proche; elle n’est pas venue et le monde a poursuivi sa marche malgré tout ce qui a pu se passer, le monde poursuit sa marche malgré tout ce qui peut arriver. Pour ce qui est de la fin du monde, quant au jour et à l’heure, nul ne les connaît, pas même le Fils.
 
Des siècles plus tard, nous lisons à notre tour ces paroles qui nous font penser à ce qui marque notre histoire actuelle. À ces paroles d’autrefois que l’Église nous fait relire en cette fin de l’année liturgique, nous sommes invités à donner tout leur sens et à y raviver notre espérance. Si des hommes peuvent faire des choses si tristes, si terribles, nous savons qu’ils sont tellement plus nombreux ceux et celles qui s’engagent pour que vienne un monde meilleur, en collaborant au projet de Dieu, qu’ils en soient conscients ou pas.

Dans sa récente lettre sur les problèmes que connaît notre monde actuel, cette lettre qui a comme titre Laudato Si, Béni soit le Seigneur, le pape François écrit : Vivre la vocation de protecteurs de l’œuvre de Dieu est une part essentielle d’une existence vertueuse; cela n’est pas quelque chose d’optionnel ni un aspect secondaire dans l’expérience chrétienne.
Dans une lettre précédente, intitulée La joie de l’Évangile, il nous dit : Il est salutaire de se souvenir des premiers chrétiens et de tant d’autres au cours des siècles qui furent remplis de joie, pleins de courage, infatigables dans l’annonce de l’Évangile, et capables d’une grande résistance active. Il y en a qui disent qu’aujourd’hui c’est plus difficile. … Ne disons  pas qu’aujourd’hui c’est plus difficile; c’est différent. Apprenons des chrétiens et chrétiennes qui nous ont précédés et  qui ont su affronter les difficultés propres à leur époque.

Dimanche prochain l’Église va célébrer le Christ Roi, Jésus ressuscité, vainqueur de la violence et de la mort. Puis nous allons entrer dans le temps de l’Avent et dans ce temps de Noël où nous nous rappellerons la venue du Sauveur, autrefois, mais aussi aujourd’hui, comme il nous l’a promis. Je serai avec vous jusqu’à la fin des temps. Si nous sommes ici rassemblés, c’est parce que notre foi nous assure qu’il réalise sa promesse. Ne sommes-nous pas venus célébrer l’Eucharistie pour faire mémoire de lui, nous souvenir qu’il est vivant, au-delà de la passion et de la mort, qu’il est notre Seigneur et Sauveur.

Alors que le prophète Daniel parlait d’un empire qui ne passera pas, Jésus annonce que ses paroles ne passeront pas. Jésus est venu, il a connu ce qui a paru être un échec, sa mort sur la croix, mais il est ressuscité, il est vivant, il est là présent au milieu de nous, notre communauté de disciples en est le signe. C’est là notre foi, la foi qui nous rassemble chaque dimanche pour l’Eucharistie. C’est ce que notre vie peut dire si nous restons fidèles à suivre que nous enseigne ce Dieu, dont nous allons bientôt célébrer sa venue dans notre monde, Jésus cet homme de Galilée. Il n’a pas choisi le chemin de la haine, de la vengeance, de violence, mais bien plutôt le chemin de l’amour, du service, du renoncement à la puissance, de la participation au progrès du monde.

Le Christ nous adresse un message qui, tout en laissant à l’avenir son mystère, nous dit que l’histoire a un sens, et qu’elle s’achèvera par son retour. Que cette Eucharistie nous rappelle notre mission de porteurs de lumière dans le monde d’aujourd’hui : notre vie, à chacun, chacune de nous, si elle est vécue selon l’Évangile peut être source d’espérance en un monde meilleur. 

Marc Bouchard, prêtre
Séminaire de Québec