Homélie de M. l'abbé Marc Bouchard à l'occasion du 14e dimanche de l'année C prononcée en la Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec

Homélie
2016/07/04
Homélie de M. l'abbé Marc Bouchard à l'occasion du 14e dimanche de l'année C prononcée en la Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec

14e dimanche C 2016

Cathédrale Notre-Dame de Québec

Homélie

(Is 66,10-14c ; Gal 6,14-18 ; Lc 10,1-9)

Depuis 2011, existe, en France surtout, une association qui a comme nom Conférence catholique des baptisés francophones. Ouverte à toutes et à tous, cette association se veut un espace de parole et d’opinion dans l’Église. Elle accueille tous les baptisés, leur permettant d’exprimer ce dont ils rêvent pour l’avenir de leur Église.

Elle est intéressante cette association, parce qu’elle nous dit quelque chose d’important. Elle veut contribuer à faire davantage prendre conscience aux catholiques que c’est au nom de leur baptême qu’ils devront de plus en plus assumer des responsabilités dans l’annonce de l’Évangile, dans l’animation de leurs communautés. Cette intuition se révèle d’autant plus juste que la diminution rapide du nombre de prêtres va nécessairement modifier la vie de l’Église.

Il est devenu urgent que tous les baptisés prennent conscience qu’ils sont l’Église du Christ, qu’ils sont les témoins de l’espérance dans un monde si troublé, que leur foi a du sens, qu’elle peut, qu’elle doit être lumière du monde. Il y a ici dans notre diocèse de Québec, et partout ailleurs, des baptisés laïcs, femmes et hommes, qui, conscients de l’évolution actuelle de l’Église, qui répondent l’appel du Seigneur et se mettent au service de l’Évangile. 

N’est-ce pas ce que nous dit le récit évangélique de ce dimanche ?  Parmi ses disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux. Précédemment, dans son évangile, saint Luc avait rapporté le choix et l’envoi des Douze, le groupe des apôtres. Il y a donc une différence entre le groupe des Douze et ce groupe de soixante-douze disciples, qui ne sont pas de simples collaborateurs des premiers, mais bien eux aussi des envoyés, des missionnaires. 

À eux aussi Jésus donne le pouvoir de guérir les malades, de chasser les esprits mauvais. Eux aussi sont chargés d’annoncer, de faire venir dans le monde le Royaume de Dieu. N’est-ce pas ce que nous dit le récit de saint Luc ? 

Cette Conférence catholique des baptisés francophones avait envoyé une lettre au Pape Benoît XVI, en juin 2011, dans laquelle on lui suggérait de proclamer une Année des baptisés, tout comme il y a eu une année des prêtres, une année des religieuses et religieux. Un projet intéressant ! Durant  toute une année, l’Église serait appelée à réfléchir et à prier sur la vocation propre au baptême, la vocation de tous les baptisés. Cela donnerait l’occasion à la foule innombrable des baptisés de prendre conscience davantage de la grandeur de leur vocation, de découvrir que le baptême est aussi un appel à la mission, un appel à faire connaître Jésus, à faire entendre son message.

Le sacerdoce du prêtre et de l’évêque est essentiel à la vie de l’Église, à la vie de toute communauté chrétienne, mais ce qui fait d’abord exister la communauté chrétienne c’est le baptême, c’est le sacerdoce des baptisés. Dans l’Église voulue par Jésus et fondée par les apôtres, sacerdoce baptismal et sacerdoce ministériel, sacerdoce des baptisés et sacerdoce des prêtres et des évêques sont les deux réalités qui la font vivre et qui font naître en elle le souci de la mission.

Le baptême fait de celui, celle qui le reçoit un membre du peuple de Dieu, et à part entière. Saint Pierre dit dans sa première lettre, en s’adressant à tous les baptisés : Vous aussi, comme des pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituel, agréables à Dieu, par Jésus Christ. … Vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, pour que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière.

Saint Paul, dans sa lettre aux Éphésiens dit lui aussi : Vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes concitoyens des saints, vous êtes membres de la famille de Dieu, car vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondations les Apôtres et les prophètes ; et la pierre angulaire, c’est le Christ Jésus lui-même. … En lui, vous êtes, vous aussi, les éléments d’une même construction pour devenir une demeure de Dieu.  

Lors d’une catéchèse, le Pape François a dit sensiblement la même chose, mais dans sa manière à lui de parler : Si quelqu’un me dit, écoutez, monsieur le Pape, vous n’êtes pas égal à nous. Non, ce n’est pas vrai. Aux yeux de Dieu, nous sommes tous égaux, tous frères et soeurs. Nous faisons tous partie de l’Église, nous contribuons, toutes, tous, à la construire et cela doit nous faire réfléchir, car s’il manque une brique, il manque quelque chose dans cette maison.

Remarquez bien qu’on ne peut pas être prêtre, évêque ou pape si on n’est pas d’abord un baptisé. Le certificat de baptême est un document important parce qu’il dit notre identité comme chrétien, chrétienne : il est nécessaire pour recevoir les sacrements de confirmation, de mariage, de l’ordination, pour faire profession religieuse. Le baptême est la base de toute la vie chrétienne.

L’Évangile de ce dimanche nous rappelle, et ce n’est pas inutile, qu’il y a dans notre baptême un appel, une grâce, un charisme que nous partageons tous, toutes. Le baptême nous fait toutes, tous disciples-missionnaires, comme aime à dire le pape François, se faisant aujourd’hui le porte-parole de Jésus. Nous sommes les disciples qu’il envoie aujourd’hui, et nous sommes beaucoup plus que soixante-douze.

Là est l’avenir de l’Évangile et de l’Église chez nous et dans le monde. Dans ce monde confronté à des enjeux fondamentaux, nous devons être présents en tant que baptisés, parce que nous croyons que le message de la foi chrétienne tient encore la route et peut lui apporter la lumière. Vous êtes la lumière du monde, a dit Jésus à ses disciples, nous dit Jésus, à nous disciples d’aujourd’hui.

Que cette Eucharistie dise toute notre reconnaissance pour cette grâce extraordinaire de notre baptême, pour cette grâce de pouvoir, chaque dimanche, nous retrouver en communauté de baptisés, tout joyeux d’être avec lui. Rencontre qui se termine toujours par le verbe aller : Allez vivre l’Évangile, allez annoncer partout la Bonne nouvelle, semer la paix et la justice.