Homélie - "De la visite chez Abraham et chez Marthe et Marie et chez nous" et Eucharistie du 16e dimanche C 2019

Homélie
2019/07/15
Homélie - "De la visite chez Abraham et chez Marthe et Marie et chez nous" et Eucharistie du 16e dimanche C 2019

De la visite chez Abraham et chez Marthe et Marie et chez nous
Eucharistie du 16e dimanche C 2019
Maison Michel-Sarrazin

Accueil

L’accueil, l’hospitalité, voilà ce dont les récits des Écritures vont nous parler en ce dimanche. Deux beaux récits : Abraham accueille chez lui des étrangers, avec beaucoup d’empressement et de générosité ; Marthe et Marie reçoivent chez elles avec joie la visite de leur ami Jésus.

Voilà que le Seigneur vient nous rejoindre dans cette maison dont la caractéristique première est l’accueil et l’hospitalité. Dans cette Eucharistie, Jésus le Ressuscité va nous redire qu’il est là présent à la vie de tous ceux et celles qui viennent vivre dans cette maison une étape importante de leur vie, qu’il est présent aussi à ceux et celles qui leur rendent visite et à ceux et celles qui leur assurent tous les services nécessaires, avec empressement et affection.

Nous pourrions faire un moment de silence pour dire au Seigneur Ressuscité que, dans la foi, nous reconnaissons qu’il est là avec nous, que sa présence habite cette maison.

Prière d’ouverture

Dieu notre Père, Dieu d’amour, éternellement fidèle, tu ne cesses pas de visiter ton peuple et de le combler de tes bienfaits. Accueille la louange de ton Église rassemblée ici en mémoire du Christ. C’est lui le Ressuscité, le Seigneur, qui nous a invités à nous réunir dans cette maison et nous conduit, avec tous ceux et celles qui y vivent, vers toi notre Père, aujourd’hui, chaque jour et pour les siècles des siècles. Amen.

 

Homélie
(Gen 18,1-10 ; Col 1,24-28 ; Lc  10,38-42)

La visite de Dieu à Abraham aux chênes de Mambré, la visite de Jésus à ses amis de Béthanie ! Deux récits que la liturgie nous fait lire en plein coeur de l’été, alors que se multiplient les rencontres, les invitations de toutes sortes, alors que notre ville de Québec est pleine de monde, que la verdure et les fleurs entourent cette maison où sont si fréquentes les visites d’amour, d’amitié, de réconciliation, de service, y compris celle de Jésus le Ressuscité lors de chaque Eucharistie dominicale.

Abraham est là à se reposer, assis à l’entrée de sa tente, à l’heure la plus chaude du jour. Trois hommes se présentent, trois étrangers. Sans hésiter, il accueille ces inconnus. Dans ces régions semi-désertiques, l’hospitalité est un devoir sacré. Abraham se comporte donc comme il se doit en permettant à ces inconnus de se reposer et de refaire leurs forces pour pouvoir poursuivre leur route. On ne sait pas qui sont ces hommes, ni d’où ils viennent, le récit ne fournissant aucune information à leur sujet. Un récit surprenant si on le lit avec attention. Abraham leva les yeux et vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui. Aussitôt, il courut à leur rencontre. Le texte fait dire à Abraham : Mon seigneur, sans t’arrêter.  Étonnant qu’il parle d’eux parfois au singulier, parfois au pluriel, et qu’il les appelle même le seigneur. On comprend qu’une tradition constante, chez les juifs comme chez les chrétiens, a vu dans ce récit celui d’une rencontre d’Abraham avec Dieu, et même pour les chrétiens d’une évocation du mystère de la Trinité.

La Bible est remplie de ces récits rapportant de fortes expériences spirituelles, qui ne sont jamais faciles à raconter, mais qui n’en sont pas moins vraies et réelles. Trois inconnus se sont présentés chez Abraham et c’est lorsqu’ils sont partis qu’il réalise qu’il vient de rencontrer Dieu, qu’il a vu le Seigneur. Cette expression, J’ai vu le Seigneur, nous avons vu le Seigneur, on la retrouvera beaucoup plus tard dans la bouche des disciples lorsque Jésus se manifestera à eux après la Résurrection. Ce récit de l’accueil d’Abraham insiste pour nous dire que s’il accueille avec empressement des messagers de Dieu, sinon Dieu lui-même, il le fait en pensant tout d’abord accueillir de simples voyageurs, des étrangers qui ont besoin de se reposer. Il apprend alors qu’accueillir des gens, même des inconnus, c’est accueillir Dieu. Celui, celle qui frappe à notre porte pour demander notre aide, ce peut être Dieu cheminant à côté de nous.  

Nous avons entendu aussi ce récit, tout aussi beau, d’une autre visite. Alors qu’il était en route avec ses disciples, Jésus entra dans un village. Une femme appelée Marthe le reçut dans sa maison. La visite de Jésus chez ses amis de Béthanie, des amis chez qui il se rendait fréquemment. Il faut lire ce récit en se rappelant qu’il vient, dans l’évangile de Luc, à la suite de cette parabole que nous avons lue dimanche dernier, la parabole du bon Samaritain. Il vient aussi immédiatement avant celui que nous lirons dimanche prochain où il va nous être parlé d’un appel à la prière que Jésus adresse à ses disciples. Ces récits, lus l’un à la suite de l’autre, nous montrent quelles attitudes bien concrètes doivent caractériser les disciples du Seigneur, ce que nous sommes devenus de par notre baptême, ce que nous essayons de devenir de plus en plus. Il ne faut pas opposer les attitudes différentes de Marthe et de Marie à l’égard de Jésus, en pensant qu’une seule des deux a raison ou que l’une a raison plus que l’autre. Marie est assise, au pied de Jésus, et écoute ce qu’il dit, avec grande attention. Marthe, elle, s’agite, s’énerve même, parce qu’elle veut bien accueillir Jésus en lui servant un bon repas. Notons qu’il semble bien que Jésus est avec ses disciples. Ça fait donc plusieurs personnes à servir ; on comprend facilement que Marthe ait besoin de l’aide de sa sœur.

L’évangéliste veut attirer l’attention de ses lecteurs, et donc notre attention, sur les deux attitudes fondamentales que tout chrétien, toute chrétienne doit manifester dans sa vie. Marthe et Marie veulent manifester leur attachement à Jésus, l’une en se mettant à son service et au service de ses disciples, l’autre en l’écoutant pour bien accueillir et retenir dans son coeur sa Parole, la Parole de Dieu. Dans la vie de chaque disciple, de chaque chrétien, de chaque chrétienne, il y a ainsi, tout plein d’activités quotidiennes, de services à rendre, mais il doit y avoir aussi du temps donné au Seigneur pour l’écoute de sa Parole, pour la prière, ce qu’est justement notre rassemblement eucharistique de chaque dimanche.

Marc Bouchard, prêtre