Homélie - Christ Roi de l'univers A 2020

Homélie
2020/11/18
Homélie - Christ Roi de l'univers A 2020

Fête du Christ, Roi de l'univers

Alors le Roi dira : J'avais faim et vous m'avez donné à manger, ... venez les bénis de mon Père.

Homélie
(Ez 34,11-12.15-17 ; I Cor 15,20-26.28 ; Mt 25,31-46)

La fête du Christ-Roi, une fête instituée en 1925 par le pape Pie XI. Ça ne fait donc pas 100 ans, pour une fête liturgique, ça ne fait pas longtemps. Auparavant, l’Église dans sa liturgie considérait l’Ascension comme la fête du Règne du Christ. Au moment de quitter ses apôtres, Jésus leur avait dit : Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples. La fête de l’Ascension rappelait au peuple chrétien que Jésus ressuscité a tout pouvoir, au ciel et sur la terre, et donc qu’il est le Christ, Roi de l’univers ! 

Pourquoi alors cette fête d’aujourd’hui ? Nous sommes rendus à la fin de l’année liturgique. Dimanche prochain, premier dimanche de l’Avent, nous fera nous engager dans une nouvelle année chrétienne, et cela en nous préparant à la fête de Noël, la naissance du Sauveur, la venue du Fils de Dieu dans notre monde. Cette fête du Christ, Roi de l’univers veut ainsi marquer la fin de cette magnifique histoire de la vie de Jésus que nous avons célébrée tout au long de cette année liturgique.

Il y a quelque chose de paradoxal, d’un peu étonnant, appeler Jésus, Christ et Seigneur, puis de le proclamer Roi. Il est sûrement le plus grand de tous les hommes ayant vécu sur cette terre et le premier à entrer dans la gloire de Dieu. Mais on sait qu’il n’a jamais voulu qu’on le fasse roi et quand cela commençait à se dire, il s’empressait de s’en aller ailleurs. Nous savons qu’avec beaucoup d’insistance, il s’est plutôt présenté comme un serviteur. Rappelons-nous le geste qu’il a fait lors de sa dernière rencontre avec un groupe de ses disciples, la veille de sa mort sur la croix, il leur a lavé les pieds ; seul un serviteur faisait cela.

N’est-ce pas ce que vient de nous dire ce récit de l’Évangile choisi pour ce dimanche. Jésus disait à ses disciples, ceux et celles de son temps. Baptisés, chrétiens, chrétiennes, nous sommes ses disciples de maintenant. Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, il siègera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui. Alors le Roi dira… Vous ne pensez pas que le pape Pie XI s’est souvenu de ces paroles de l'Évangile quand il a institué cette fête d’aujourd’hui.

Le Roi dira ! C’est Jésus qui parle de lui-même, et il emploie le titre de Roi. Il s’adresse à ses disciples : Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous. Il faut porter attention aux mots que Jésus emploie en s’adressant à ses disciples, et donc aussi à nous : les bénis de mon Père, … recevez en héritage le Royaume. Il tient à dire que là où il sera, lui, le Roi, ses héritiers, ses disciples seront là eux aussi. J’avais faim et vous m’avez donné à manger… et ces pronoms je et vous reviennent six fois. Les disciples qui sont à sa droite sont identifiés à Lui parce que, comme lui, ils sont venus en aide, de toutes sortes de façon, à ceux et celles qui étaient mal pris. Dans sa dernière lettre encyclique, datée du trois de ce mois, le pape François emploie une expression surprenante, il parle longuement de la charité politique. Il ose dire aux dirigeants de la société que pour être considérés comme ses disciples, ils doivent faire partie de ce vous dont pale l’Évangile, d’autant plus qu’ils ont la responsabilité de se préoccuper des citoyennes et citoyens dont la vie est difficile.

Dans notre tradition spirituelle à nous, chrétiens, catholiques, Jésus est le plus souvent représenté sous la figure du Crucifié. Un crucifix, Jésus mourant sur la croix, le signe qui nous identifie comme étant ses disciples ! Cela nous fait mettre l’accent sur la mort de Jésus, sa souffrance, sa passion. Mais cette image de Jésus crucifié ne manifeste pas tout ce qu’il est pour nous, ses disciples. La croix n’exprime pas l’essentiel de notre foi en Lui. Ce qui est premier dans notre foi de baptisés, c’est la résurrection de Jésus, l’événement du matin de Pâques, quand il a vaincu la mort. C’est alors qu’il est devenu le Roi de l’univers. Sans la résurrection, la vie de Jésus aurait été un échec, et donc notre foi en lui serait vaine, n’aurait pas de sens. Saint Paul, dans sa première lettre aux Corinthiens, le dit clairement, il a ces mots très forts : Si le Christ n’est pas ressuscité, notre proclamation est sans contenu, notre foi aussi est sans contenu. … Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est sans valeur.

Je ne sais pas si vous avez remarqué que depuis le Concile est apparue une autre manière de présenter le Christ crucifié. Jésus est adossé à la croix, mais son corps semble vouloir s’en détacher, ses mains et ses pieds ne sont plus retenus par les clous et il est revêtu d’un long et ample vêtement blanc ou rouge ; il a les yeux ouverts et il ne souffre plus. C’est souvent cette croix qu’on dépose maintenant sur le cercueil des défunts et qu’on remet à un membre de la famille à la fin de la célébration des funérailles. Un signe qui rappelle que celui qui était mort est ressuscité et que nous ressusciterons à sa suite.

C’est ainsi qu’on peut le voir aussi dans le haut du choeur de la cathédrale de Québec. Jésus est là représenté au matin de Pâques, au moment où il est accueilli dans la gloire de Dieu, debout sur le globe terrestre, tenant dans sa main gauche la croix sur laquelle il n’est plus. La première lecture nous disait : Le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. Le Christ ressuscité, vivant, présent au milieu de nous, voilà ce que manifeste notre assemblée eucharistique du dimanche, le jour du Seigneur, ici dans cette église et partout où ses disciples sont réunis. Chaque dimanche le peuple chrétien célèbre, partout dans le monde, Jésus ressuscité, le Christ Roi de l’univers.

Marc Bouchard, prêtre

mbouchard751@gmail.com