Homélie "8e dimanche C" 4 mars 2019

Homélie
2019/02/27
Homélie "8e dimanche C" 4 mars 2019

8e dimanche de l’année C 2019

Homélie


(Si 27,4-7 ; I Cor 15,54-58 ; Lc 6,39-45)

« Fermes, inébranlables, prenez une part plus active à l’œuvre du Seigneur »



Chacune, chacun de vous, tout comme moi, vous sentez sûrement mal à l’aise, dérangés, profondément attristés par ce qui se vit actuellement dans l’Église, notre Église catholique. Cela a paru au pape François assez grave qu’il convoque à Rome, au cours de cette semaine, les présidents des 114 conférences épiscopales du monde, auxquels se sont ajoutés des supérieurs de communautés religieuses et aussi des laïcs dont des victimes d’abus sexuels. Dans son discours de conclusion de cette importante rencontre, le Pape a dit la grande tristesse que lui cause ce problème. L’Église, a-t-il dit, se sent appelée à combattre ce mal qui touche le centre de sa mission : annoncer l’Évangile aux petits et les protéger des loups avides. … Dans la colère légitime des victimes, l’Église vit un reflet de la colère de Dieu. … Nous avons le devoir d’écouter attentivement ce cri silencieux et étouffé.

Dans le texte évangélique lu aujourd’hui, nous sont rapportées quatre petites paraboles que Jésus a dites à ses disciples, à un moment ou l’autre de sa vie : Le guide aveugle, Le disciple et le maître, La paille et la poutre, L'arbre et ses fruits. Ces paroles de sagesse nous invitent à faire grandir en nous des attitudes, des comportements, qu’on doit nécessairement percevoir dans la vie de celui, de celle qui se dit disciple de Jésus. Le désir de Jésus est clair, il est redit dans tout l’Évangile, les baptisés, ses disciples doivent se distinguer par une conduite exemplaire, irréprochable, par leur bonté et leur générosité, par la vérité dans tout ce qu’ils font et disent.

Se rendre capable de voir clair, de bien saisir les situations, de comprendre ce qui se passe, ne pas porter de jugements improvisés. Pour cela, il faut nous laisser guider par la Parole de Dieu, particulièrement par l’Évangile, qui nous resitue sans cesse à la suite de celui qui nous a dit qu’il serait toujours avec nous et nous indiquerait comment travailler à bâtir avec lui un monde nouveau. Bâtir un monde nouveau ! Telle est la mission que Jésus a confiée à ses disciples, bâtir son Église. Il est juste de dire « son Église » parce que l’Église est divine, en son origine et en sa mission, et aussi en ce qu’elle a accompli et continue à réaliser en laissant la grâce de Dieu agir en elle. Dieu a aimé notre humanité jusqu’à se revêtir de notre chair, pour que nous soyons délivrés de notre péché. Sauvés et appelés sans cesse à une vie nouvelle, par la sainte humanité de son Fils. Et aussi par l’Église qui fait connaître et répand son amour en tout temps et en tout lieu sous la conduite de son Esprit. Nous sommes toutefois bien obligés de reconnaître que l’Église a souvent dans l’histoire manifesté son visage humain, ses petits côtés, comme disait autrefois le prophète Joël, cette pénible réalité que nous vivons présentement.

Pourquoi ne pas rappeler des événements que notre Église vient de vivre et que les médias nous ont fait connaître, même si très discrètement. La béatification, le 8 décembre dernier, des 19 martyrs d’Algérie : l’évêque d’Oran, les moines de Tibhirine, des prêtres, des sœurs, des frères missionnaires. De nombreux musulmans, dont des dirigeants du pays, ont participé à ces célébrations, qu’on peut encore visionner sur son écran d’ordinateur. On a souligné aussi la canonisation, le 14 octobre dernier, de Mgr Oscar Romero, archevêque de San Salvador, un événement qui a beaucoup réjoui la population de ce pays de l’Amérique Centrale : plus de 7000 d’entre eux se sont rendus à Rome pour être présents à cet événement.
 
Jésus nous invite une fois de plus, en ce dimanche, à nous montrer exigeants envers nous-mêmes, et bienveillants à l'égard de ceux et celles qui nous sont proches : Esprit faux, enlève d'abord la poutre qui est dans ton oeil ; alors tu verras clair pour retirer la paille qui est dans l'oeil de ton frère. Jésus nous demande de nous remettre d'abord en cause nous-mêmes, de changer d'abord notre propre comportement pour que nous devenions ses disciples avec plus de vérité. Nous devons nous convertir personnellement avant de prétendre convertir les autres. Nous y serons invités durant le Carême qui commence mercredi, nous entendrons le Seigneur nous dire avec insistance : Convertissez-vous et croyez à l’Évangile.

Le pape François terminait son discours de jeudi dernier par ces mots que nous pouvons entendre comme nous concernant : Le saint peuple fidèle de Dieu, dans son silence éloquent, sous de nombreuses formes et de bien des manières, continue de rendre visible et atteste, avec une espérance obstinée, que le Seigneur soutient le dévouement constant et même souffrant de ses fils. Le saint et patient peuple fidèle de Dieu, soutenu et vivifié par l’Esprit Saint, est le meilleur visage de l’Église prophétique, qui sait mettre son Seigneur au centre de sa vie. … Le meilleur résultat et la plus efficace résolution que nous puissions offrir aux victimes de la pédophilie, au peuple de la Sainte Mère Église et au monde entier, c’est l’engagement à une conversion personnelle et collective, l’humilité d’apprendre, d’écouter, d’assister et de protéger les plus vulnérables.

L’Esprit nous envoie dans notre monde d’aujourd’hui avec ces paroles de l’apôtre Paul dans la deuxième lecture : Soyez fermes, soyez inébranlables. Prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur. Gardons ces paroles dans le trésor de notre cœur et poursuivons notre route quotidienne dans la paix et la joie du Christ.

Marc Bouchard, prêtre

mbouchard751@gmail.com