Homélie "6e dimanche C" 17 février 2019

Homélie
2019/02/12
Homélie "6e dimanche C" 17 février 2019

6e dimanche C
17 février 2019
Homélie
(Jér 17,5-8 ; I Cor 15,12.16-20 ; Lc 6,17-20)

Si les morts ne ressuscitent,le Christ non plus n’est pas ressuscité

La liturgie de chaque dimanche nous fait lire trois textes des Écritures. La plupart du temps, on nous offre une réflexion sur la troisième lecture, cette année de l’Évangile de saint Luc. Vous me permettrez aujourd’hui de faire porter notre attention sur cet extrait de la lettre de saint Paul aux Corinthiens qu’on nous a fait entendre. Pour bien saisir le message que l’Apôtre, j’ose vous inviter, vous allez peut-être trouver cela un peu étonnant, de ramener à notre mémoire la liturgie des funérailles à laquelle nous avons été présents de nombreuses fois, une liturgie dont la symbolique est très significative.

La tradition, au cours des siècles, a élaboré cette liturgie pour que les communautés chrétiennes puissent célébrer leur foi devant la mort, leur foi dans la résurrection, cette foi qu’à leur suite nous proclamons quand nous disons le symbole des apôtres : Je crois que Jésus est ressuscité d’entre les morts… Je crois à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. Dans le symbole de Nicée-Constantinople nous faisons la même profession de foi : Jésus ressuscita le troisième jour… Il est assis à la droite du Père. Il reviendra pour juger les vivants et les morts. … J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir. Voilà ce que dit la foi de notre baptême au-delà de nos questions et nos doutes !

Portons notre attention sur trois gestes de la liturgie des funérailles, trois gestes concrets qui nous font nous tourner vers ce qui est au cœur de notre foi, ce pourquoi nous célébrons des funérailles chrétiennes lors de la mort de quelqu’un. Nous rappelons alors la foi, l’espérance qui ont éclairé la vie de cette personne, qui illuminent aussi la nôtre. Les funérailles chrétiennes sont une célébration de la foi en la résurrection.

Un premier geste, au début de la liturgie : on allume le Cierge pascal, à remarquer que c’est ce qu’on fait aussi lors de la célébration du baptême. Ce Cierge pascal, qu’on a béni et allumé pour une première fois lors de la Veillée Pascale, évoque cette lumière qui a jailli du tombeau au matin de Pâques. Le Cierge pascal allumé durant la liturgie des funérailles rappelle que le Christ ressuscité est là présent, Lui qui a dit : Je suis la lumière du monde, Lui qui a accompagné le défunt tout au long de sa vie et qui l’accueille dans l’autre vie, la vie pour toujours.

À la fin de la célébration, on procède à un rite qu’on appelle le dernier adieu. Le mot adieu est un mot d’origine chrétienne. Il remonte au XIIIe siècle où, chez les chrétiens, on a pris l’habitude de dire à quelqu’un qui partait, ne fut-ce que pour un voyage, qu’on le confiait à Dieu, en deux mots et avec un D majuscule. Ce mot a donc beaucoup de sens à la fin des funérailles, disant que nous confions à Dieu celui qui nous quitte.

On fait alors deux gestes. On asperge le cercueil dans lequel se trouve le corps de la personne ou l’urne dans laquelle on a déposé ses cendres. On signifie qu’on confie à Dieu celle, celui qui part pour toujours en rappelant son baptême. Ce geste de l’aspersion avec de l’eau bénite, rappelle ce jour où cette personne est devenue enfant de Dieu, le jour où Dieu son Père lui a fait cette promesse qu’il ne l’abandonnerait jamais, qu’à la fin de sa vie terrestre il l’accueillerait dans sa maison.

Suit un autre geste, lui aussi très signifiant : le prêtre encense le corps qui est dans le cercueil ou les cendres qui sont dans l’urne. Dans sa première lettre aux Corinthiens, saint Paul écrit ceci : Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint, qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu. Rendez gloire à Dieu dans votre corps. On comprend pourquoi on conserve dans une chapelle de notre cathédrale le corps de saint François de Laval et dans la chapelle du monastère des Ursulines, tout proche, celui de sainte Marie de l’Incarnation. C’est avec leur corps qu’ils ont vécu leur foi, qu’ils se sont sanctifiés, c’est leur corps qui leur a permis de se mettre au service de leur prochain et de bâtir notre Église du Québec.

Notre baptême a fait de nous les temples de l’Esprit. S’il est vrai que nous sommes, comme le Christ, habités par l’Esprit de Dieu, alors nous aussi nous ressusciterons, tout comme Lui. Ce qui a été le temple de l’Esprit Saint peut être transformé, changé et même radicalement, mais ne peut pas être détruit pour toujours. Les paroles de l’Apôtre nous interpellent sur ce mystère de notre foi, la résurrection de la chair, comme nous fait dire le credo. Les Corinthiens étaient convaincus de la résurrection du Christ, mais il leur était difficile d’en tirer cette conséquence, qui pour saint Paul est évidente : Si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n’est pas ressuscité. … Mais non ! le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, le premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis.

L’Apôtre n’hésite pas à affirmer : Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi ne mène à rien. … Si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide et vide aussi votre foi. Des paroles claires ! De fait, si nous ne croyons plus en la résurrection du Christ, c’est tout l’édifice de notre foi qui s’écroule. Tout le mystère chrétien, toute la foi chrétienne reposent sur l’événement de Pâques. Le Christ est ressuscité d’entre les morts pour être le premier ressuscité. La résurrection de Jésus n’est pas seulement le dénouement heureux de son histoire personnelle : elle annonce la victoire de toute l’humanité sur la mort. Jésus le Christ est entré dans la vie qui ne finit pas, sa résurrection fait que la mort est devenue une porte par laquelle il nous est possible d’entrer à sa suite dans la demeure éternelle de Dieu, son Père et notre Père.

N’est-ce pas ce que nous rappelle cette magnifique statue du Christ ressuscité qu’on a placée dans le haut du chœur de cette cathédrale. Il est là vivant, tenant sa croix de sa main gauche, au milieu des anges et dans la lumière ; c’est Lui, victorieux de la mort, qui préside notre assemblée. Ceux qui ont bâti cette cathédrale ont eu l’heureuse idée de nous présenter des dessins qui nous font penser au ciel. Le mystère du Christ ressuscité, et donc aussi de notre résurrection, représenté dans de belles images !

Nous sommes ici pour faire mémoire du Christ ressuscité, rendons grâce pour cette espérance qui illumine notre vie, cette espérance en notre propre résurrection, dont la foi de notre baptême nous dit qu’elle est certitude.

Prière

Dieu notre Père, ton Fils nous donne dans le partage de ta Parole et de ton Pain cette nourriture dont nous avons besoin pour marcher, le cœur plein d’espérance, sur cette route qui mène jusqu’à toi. Dans ta bonté à notre égard, fais que notre Eucharistie de chaque dimanche nous garde dans cette certitude que, purifiés dans la Pâque du Christ, nous partagions la gloire des élus quand viendra pour nous l’heure de la résurrection. Par Lui, Jésus le Christ notre Seigneur, qui vit avec Toi et l’Esprit dans les siècles des siècles. Amen.

Marc Bouchard, prêtre

mbouchard751@gmail.com