Homélie "4e dimanche du Carême C" 31 mars 2019

Homélie
2019/03/28
Homélie "4e dimanche du Carême C" 31 mars 2019

4e dimanche du Carême de l’année C 2019

Homélie


(Jos 5, 9a.10-12 : II Cor 5,17-21 ; Lc 15,1-3.11-32)

« La parabole du Père prodigue d’amour et de tendresse »

Étonnante, la parabole de ce dimanche, c’est ce qui fait qu’elle est parmi les plus connues des évangiles. Jamais Dieu n’avait été présenté de cette façon. Cette parabole est capable de saisir le cœur, l’imagination, la mémoire de manière toute particulière. Parabole du fils prodigue, prodigue parce que dépensier, gaspilleur ! Mais aussi parabole du père prodigue, prodigue d’amour, d’un amour qui s’exprime avec tellement d’empressement et de générosité ! Dans cette parabole, Jésus nous met en face d’un drame familial, en deux actes. Le premier veut surtout décrire l’attitude du père à l’égard du plus jeune de ses fils, un profiteur qui ne pense qu’à lui, qui ne sait que demander, réclamer, qui ne cherche qu’à s’amuser. Décevant pour le père, mais pas au point de l’empêcher de lui garder son amour !

Il ne faut pas trop embellir la conversion du fils ; elle semble bien être due uniquement au fait qu’il n’a plus d’argent et qu’il a faim. Il décide de revenir à la maison, parce qu’il sait qu’il va y retrouver logement et nourriture, et peut-être même davantage. Il connaît bien son père qui n’a jamais cessé de se montrer aimant et généreux à son égard. Ce jeune homme, sans trop en avoir conscience, a besoin d’amour et il n’en a pas trouvé chez ces gens avec lesquels il a dépensé tout son argent. Profiteur, il s’est retrouvé avec d’autres profiteurs qui l’ont laissé tomber quand il n’avait plus rien à leur donner. Comme il a profondément besoin d’être aimé, il revient vers celui qui ne lui a jamais ménagé son amour.

Ce père n’a pas cessé d’aimer son fils qui l’a quitté et qui mène une vie qui ne correspond vraiment pas avec ce qu’il attendait de lui. Sa tristesse est grande de voir ce que son fils, son plus jeune, est devenu. Il ne comprend vraiment pas sa manière de vivre, mais il ne cesse pas de l’aimer pour autant. Il lui a donné tout ce qu’il demandait et l’a laissé libre d’en faire ce qu’il voulait. Il reste quand même prêt à tout faire pour le retrouver.

Lisons bien le récit : le père fait tout ce que son cœur lui suggère. Avant que le fils n’ait dit un seul mot, le père fait quatre gestes très significatifs : Il l‘aperçoit de loin, il est ému de compassion, il court vers lui et il l’embrasse. Spontanément il laisse agir sa générosité, se montre prodigue. Il ne dispute pas son fils, ne lui dit pas qu’il a eu tort. Au contraire, il appelle tout le monde de la maison pour qu’on organise une fête, vite un festin, de la musique, de la danse.

Une parabole en deux actes : dans le deuxième, là encore c’est l’attitude du père qu’il faut surtout considérer, son attitude à l’égard de son fils aîné. Lui aussi a avec son père une attitude de revendication. Il y a tant d’années que je suis à ton service et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Et là encore, le père dit son amour : Toi mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Voilà que le père recommence avec ce fils aîné la démarche de réconciliation qu’il vient de vivre avec son fils cadet. Il sort et il le supplie.

Cette parabole occupe une place majeure dans l’enseignement de Jésus. Elle nous parle de son Père, de Dieu notre Père, elle est du nombre de ces pages de l’Évangile qu’on ne doit pas cesser de relire. Tous les détails que nous venons de souligner sont importants parce que dans cette parabole Jésus nous parle de Dieu, son Père, notre Père. Il nous en parle d’une façon qui ne peut que nous réjouir. Ce qui nous est présenté par cette parabole, c’est le visage de Dieu que Jésus veut nous révéler, qu’il veut nous faire connaître. C’est le vrai visage de Dieu, son Père et notre Père, que Jésus nous révèle dans cette parabole, un Dieu qui ne cesse jamais d’aimer ses enfants, tous ses enfants, car ils sont tous pécheurs, mais ils sont tous aimés.

Comment se fait-il que tant de gens, aujourd’hui encore, ont dans leur esprit l’image d’un Dieu lointain, indifférent à ce que nous vivons, et même qui semblerait parfois vouloir notre malheur ? Ce Dieu-là n’est pas celui que Jésus a voulu faire connaître à ses disciples. Le Dieu dont Jésus n’a pas cessé de parler n’est qu’amour, prodigue d’amour ; il nous a dit de l’appeler Notre Père, un Père plein de tendresse à notre égard. Jésus a dit : Votre Père qui est aux cieux fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes. Ce Père, dont le cœur n’est que bonté, tendresse, amour, distribue ses biens, offre sa grâce, même à ceux et celles qui se moquent de lui, ou qui l’ignorent. Il attend avec patience, respectant la liberté de chacun et chacune, même de ceux qui se sont éloignés de lui. Et puis, quand il les voit revenir à la maison, il court à leur rencontre, il les embrasse tendrement, et c’est la fête.

Ce visage de Dieu, le pape François croit fortement qu’il a reçu la mission de le faire connaître et tout particulièrement dans le contexte d’aujourd’hui. Il a donné comme titre et comme thème à ses exhortations apostoliques : La joie de l’Évangile… La joie de l’Amour. Il nous a fait célébrer durant toute une année Dieu notre Père, prodigue de miséricorde. Par toute sa vie le Pape invite, chaque jour, le peuple catholique, les fidèles et les pasteurs, à vivre de façon à donner à l’Église un visage qui parle de l’Évangile.

Rassemblés pour célébrer l’Eucharistie, nous sommes les disciples de Jésus, nous sommes son Église, quel visage de Dieu révélons-nous à ceux et celles qui nous voient vivre ?

Marc Bouchard, prêtre
mbouchard751@gmail.com