Homélie - 4e dimanche du Carême B 2021

Homélie
2021/03/19
Homélie - 4e dimanche du Carême B 2021

4e dimanche du Carême B 2021

Dieu aime tellement ce monde, … le nôtre !

Homélie
(II Ch 36,14-16.19-23 ; Ps 136 ; Ep 2,4-10 ; Jn 3,14-21)

La Parole proclamée en ce dimanche pourrait être résumée en un seul mot : l’Amour, l’Amour de Dieu. La présence de l’Amour de Dieu dans la vie du monde, et d’une façon particulière dans la personne et la vie des disciples de son Fils. L’Amour que l’Église se prépare à célébrer avec grande solennité le Vendredi-Saint et le Dimanche de Pâques, ce mystère de l’amour de Dieu, un amour tout à fait inconditionnel, le bien contre le mal, la lumière contre les ténèbres, la joie contre la tristesse, l’espérance contre la crainte, la vie contre la mort. L'amour de Dieu pour le monde n'est pas une belle histoire où tout devient rencontres toujours faciles et harmonieuses, mais une histoire qui est persévérance patiente, fidélité indéfectible. Le salut du monde s'inscrit dans une histoire tourmentée, mais dans une histoire dont l'issue sera l'établissement définitif du Royaume de Dieu.

Une histoire tourmentée !  Nous le voyons bien actuellement chaque fois que nous ouvrons la télévision ou la radio ou les journaux ou quand nous échangeons entre nous.  La maladie, la pauvreté, l’injustice, la guerre viennent habiter nos journées avec tout ce que cela signifie, et peut-être surtout le COVID-19, dont on ne cesse pas de parler partout dans le monde. La première lecture nous rappelait que c’était la réalité vécue, au Moyen Orient, plusieurs siècles avant la venue de Jésus. Elle nous rappelait aussi que Dieu ne cessait pas de se soucier de l’humanité, plus particulièrement de son peuple vivant tellement de souffrances.  Sans se lasser, il leur envoyait des messagers, car il avait pitié de son peuple et de sa Demeure.  Mais comme on ne savait pas écouter les prophètes, il y avait pauvreté, guerre, destruction, dont les gens s’affligeaient eux-mêmes entre eux.

Comme il le fait souvent, le pape François a posé un geste historique, sans précédent. Du 5 au 8 de ce mois, il s’est rendu au Moyen-Orient, plus précisément en Irak. Il est même allé jusqu’à Ur en Chaldée, ce lieu d’où Abraham, l’Ancêtre des croyants en un Dieu unique, est parti pour entreprendre la longue marche du Peuple de Dieu. Une fois encore, le Pape se révèle comme prophète pour le monde d’aujourd’hui, ne cessant pas de dire et redire que Dieu regarde notre monde avec amour et que son Fils Jésus, quand il est venu vivre au Moyen-Orient, avait la mission de nous dire comment vivre, individuellement et socialement, pour que se réalise le projet de Dieu sur le monde. La lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. La lumière venue dans le monde, c’est le Christ Jésus et son Évangile. Ce qui est urgent, c’est que le monde, notre monde se montre accueillant à cette lumière. Le monde semble bien ne pas se presser à se laisser guider par l’Évangile, loin de là.

La promesse de Dieu qui nous est rappelée dans les textes des Écritures de ce dimanche vient renouveler, raffermir notre espérance. Réécoutons ces Paroles de de ce dimanche du Carême, temps d’appel à la conversion : Quiconque parmi vous fait partie de son peuple, que le Seigneur son Dieu soit avec lui. … Dieu est riche en miséricorde à cause du grand amour dont il nous a aimés...  Il nous a donné la vie avec le Christ et c’est par sa grâce que nous sommes sauvés. …  Dieu a tellement aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique, pour que par Lui le monde soit sauvé. Où mettre notre espérance, si ce n’est dans l’amour de Dieu pour l’humanité, cette humanité dont il a voulu que son Fils fasse partie. Cette histoire de l'amour de Dieu, inconditionnel et miséricordieux, nous est racontée dans cette Parole qui ne cesse pas d'être proclamée tout au long de notre vie, que nous entendons particulièrement chaque dimanche, la Parole de son Fils.  Nous sommes constamment remis en face de cette histoire, sans cesse à prendre conscience que la vie de son Fils fait partie de cette histoire de l’amour de Dieu pour le monde, pour notre monde d’aujourd’hui.

L'auteur du livre des Chroniques réfléchit sur ce qui est arrivé à son peuple lors de l'exil. Nous nous émerveillons avec lui de cette tendresse de Dieu qui sans attendre et sans se lasser envoie des messagers au milieu de son peuple. Malgré les fautes d'Israël, même s'il s'est tourné vers les idoles païennes, a imité leurs pratiques sacrilèges, a profané le Temple, malgré tout cela, Dieu ne revient pas sur son amour pour son peuple et il continue à le lui manifester. C'est lui qui a su mettre dans le coeur du roi Cyrus ce projet de ramener le peuple élu sur sa terre et de reconstruire un Temple au Seigneur. Pourquoi Dieu ne mettrait-il pas, aujourd’hui encore, dans le coeur de ceux qui dirigent notre monde un désir vrai et efficace de transformer ce monde dont ils sont les responsables. Voilà ce que le pape François, qui est du nombre de ces prophètes que Dieu ne cesse pas de donner au monde, est allé redire aux peuples du Moyen-Orient et surtout à leurs dirigeants.

Comme la lettre de saint Paul nous y invite : Par cette Eucharistie, rendons grâce à Dieu, riche en miséricorde, lui qui nous a aimés alors que nous étions morts par suite de nos fautes. L'amour de Dieu nous précède toujours, Dieu est toujours là nous attendant pour nous redire son amour. Voici maintenant le jour favorable, voici maintenant le jour du salut.  Dieu nous offre aujourd'hui son Alliance, Dieu nous offre son amour et ce n'est pas à cause de notre foi, cela ne vient pas de nous, cela ne vient pas de nos actes, c'est un don de la richesse infinie de la grâce de Dieu. Car Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique. La croix de Jésus, présente à toutes nos célébrations et aussi dans tellement de locaux où se passe notre vie quotidienne, nous remet sans cesse en face de l'amour de Dieu pour nous. Tout comme les Juifs dans le désert étaient guéris quand ils regardaient le serpent de bronze élevé par Moïse, ainsi nous nous rendons accueillants à l'amour sauveur de Dieu chaque fois que, dans la foi, nous tournons notre regard vers la croix de Jésus.

Quand nous célébrons l'Eucharistie, nous rappelons la mort de Jésus mais aussi sa résurrection et son entrée dans la gloire de Dieu, nous rendons ce mystère d’amour présent. Nous célébrons la victoire de la lumière venue dans notre monde et dans notre vie pour en chasser les ténèbres. Que notre participation à l’Eucharistie soit pour chacun, chacune de nous accueil de cette lumière afin que cette démarche du carême nous transforme, nous rende capables d'agir encore plus dans la vérité. Ainsi nos oeuvres seront reconnues comme des oeuvres de Dieu, notre vie sera illuminée par l'amour fidèle et prévenant de Dieu. Se réalisera alors pour nous cette promesse affirmée deux fois dans l’Évangile de ce dimanche : Toute personne qui croit en Jésus ne périra pas, mais obtiendra la vie éternelle.

Marc Bouchard, prêtre

Mbouchard751@gmail.com