Homélie - 4e dimanche de Pâques 2021 B

Homélie
2021/04/21
Homélie - 4e dimanche de Pâques 2021 B

Célébration du 4e dimanche de Pâques 2021

Baptisé, tu demeures éternellement membre de Jésus Christ, prêtre, prophète et roi.

Homélie

(Ac 4,8-12 ; I Jn 3,1-2 ; Jn 10,11-18)

Pour préparer cette réflexion sur la Parole de Dieu de ce dimanche, j’ai nécessairement commencé par lire le premier texte, celui des Actes des Apôtres. Est alors revenue à ma mémoire la réponse de l’apôtre Pierre à l’interpellation de deux jeunes servantes au cours de la passion. En le voyant passer, elles lui ont dit : Toi aussi, tu étais avec Jésus de Nazareth, tu connais cet homme-là. Pierre leur répond sans hésiter : Je ne connais pas cet homme dont vous parlez. Et pris par la peur, il s’empresse de s’en aller, de retourner dans son coin de pays en Galilée. Ce qui nous est raconté aujourd’hui est tellement différent. Aux Chefs du peuple et aux Anciens qui le questionnent au sujet de Jésus, le même apôtre Pierre n’hésite pas, et pas tu tout, à affirmer clairement et avec joie sa foi en Jésus ressuscité, son attachement, sa confiance à cet homme dont on parlait de plus en plus à Jérusalem. Il proclame publiquement : En dehors de Jésus, il n’y a pas de salut. Son Nom est le seul qui puisse nous sauver. C’est la réponse qu’il donne aux questions qu’on lui pose au sujet de l’infirme guéri devant la porte du Temple. On attendait de lui de longues explications, il n’en a pas d’autres à donner que sa foi en Jésus le Ressuscité, le Vivant, cette foi qui le fait vivre, le comble de joie depuis le matin de Pâques.   

Pierre a vraiment beaucoup changé. Pour lui, parler, agir, vivre tout simplement, cela n’a de sens que dans la certitude de sa foi en Jésus ressuscité. Toute sa vie est radicalement transformée par l’évènement de Pâques et toute sa vie ne peut alors être occupée que par l’annonce de cette bonne nouvelle : Jésus, celui qui était mort sur la croix, est ressuscité. Affirmer cela devant n’importe qui, voilà ce qui est devenu sa mission d’apôtre. Jésus ressuscité lui a demandé de bien vouloir être son témoin, c’est ce qui va occuper toute sa vie. Pour lui, tant mieux si cela pose question et dérange beaucoup de monde, tant pis si ça lui cause des problèmes. Là n’est pas sa préoccupation première. Son seul souci maintenant, c’est de témoigner : être signe de la présence du Ressuscité, et par toute sa vie, voilà sa vocation, voilà ce qui saisit toute sa personne.

On ne peut s’empêcher de penser à son successeur actuel, le pape François. À l’exemple de Pierre il a accepté cette mission de faire connaître Jésus, le Christ, le Ressuscité, et cette mission saisit toute sa personne, toute sa vie à lui aussi. Il a comme modèle celui dont il est question dans la lecture évangélique de ce dimanche. Jésus déclara : Moi je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. … Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. … J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise.  Le pape François a vraiment décidé de marcher à la suite de Jésus et avec Lui. Il va donc vers les chrétiens de toutes les Églises, et aussi vers les juifs, les musulmans, vers tous les croyants et même les non croyants, toujours pour faire connaître Jésus et faire entendre sa Parole, comme a fait l’apôtre Pierre. 

Que les évêques et les prêtres, que les religieux et religieuses soient porteurs de ce même souci, on le comprend facilement. Mais de plus en plus il faut, il est nécessaire que nous prenions tous conscience que le souci de l’évangélisation, de l’Annonce joyeuse de Jésus, Christ, Fils de Dieu, doit habiter le cœur et la vie de tout baptisé. Si les catholiques ne réalisent pas qu’ils sont porteurs de la vocation, de leur vocation de baptisés, de disciples du Seigneur, on peut se demander avec inquiétude ce qui en sera, dans le futur, de l’Église, de notre Église du Québec, du diocèse de Québec. On a fait de ce quatrième dimanche de Pâques le dimanche dit des vocations. Ne devrait-on pas dire plutôt le dimanche de la vocation, ce dimanche où les catholiques sont invités avec insistance de se souvenir que leur baptême a fait d’eux des disciples de Jésus, ses témoins dans le monde actuel, de se rappeler de ce que ça doit signifier dans leur vie.

À l’occasion de la fête de Pâques, un peu partout dans le monde, des enfants et surtout des adultes, partout dans le monde, ont été baptisés, sont devenus chrétiens, disciples de Jésus le Christ. Ils sont maintenant de ceux auxquels Jésus dit : Vous serez mes témoins. Il est particulièrement impressionnant de participer au baptême d’un jeune ou d’un adulte le Samedi Saint en soirée ou le matin du dimanche de Pâques. Après avoir fait le geste de verser de l’eau et avoir dit les paroles qui font de lui un chrétien, un disciple du Christ, l’Évêque en faisant le geste du saint Chrême dit des paroles fort sérieuses : Toi qui fais maintenant partie du peuple de Dieu, tu es marqué de l’huile sainte pour que tu demeures éternellement membre de Jésus Christ, prêtre, prophète et roi. Notre baptême a fait de nous des membres de Jésus Christ, ses témoins et donc nous a fait devenir prêtre, prophète et roi. Ne serait-ce pas là la plus belle façon de dire ce que devient celle, celui qui reçoit le baptême ? Prêtre, cela veut dire : rendre le Christ présent dans la vie du monde et par lui faire venir le salut. Prophète, cela signifie faire entendre l’Évangile par sa vie, en paroles et en actes. Roi, un mot qui dit le devoir qu’a tout baptisé de collaborer, à sa manière et selon ses possibilités, si ce n’est pas en actes par la prière, pour que soit vivante la communauté chrétienne à laquelle il appartient, cette communauté locale qui pour lui est l’Église.

Faire connaître le Christ Jésus, révéler sa présence dans le monde, faire entendre sa parole, vivre selon l’Évangile, voilà ce qui identifie le vrai disciple, ce à quoi le Seigneur l’appelle, voilà sa vocation. Le mot vocation n’a pas d’autre sens que celui d’appel et tout baptisé est appelé à être un disciple actif du Seigneur. Il nous faut tout d’abord vivre nous-mêmes la Bonne Nouvelle, il faut tout d’abord que notre vie dise clairement que pour nous en dehors de Jésus, il n’y a pas de salut.  Il faut que nous soyons capables de dire qu’il est le Chemin et que nous faisons nous-mêmes route avec lui, qu’il est la Vérité et donc la seule réponse à nos questions, qu’il est la Vie et que nous nous nourrissons de sa parole et de son pain.

Au cours de ce partage de la Parole et du Pain que nous sommes venus partager pour faire mémoire de Lui, prions pour que chaque baptisé découvre le chemin qui mène à reconnaître la présence du Ressuscité dans sa vie.  S’ils deviennent nombreux les baptisés qui découvrent que leur baptême les a faits membres du Christ, comme lui prêtres, prophètes et rois, chaque communauté chrétienne sera sacrement du Ressuscité, et donc signe de sa présence dans le monde d’aujourd’hui. Sûrement qu’alors des hommes et des femmes, des jeunes et des adultes se lèveront, comme Pierre et diront comme lui : Nous ne pouvons pas ne pas parler. Le Bon Pasteur, auquel nous rendons hommage aujourd’hui, surs qu’il n’abandonne jamais son Église, saura bien alors envoyer l’Esprit à son Église pour que se renouvellent les formes traditionnelles et inventer des formes nouvelles de vie consacrée et de ministères qui sauront proclamer la Bonne Nouvelle au monde d’aujourd’hui et de demain, même s’il semble si peu vouloir l’entendre. 

Marc Bouchard, prêtre

Mbouchard751@gmail.com