Homélie - 21e dimanche 2019 - Cathédrale Notre-Dame de Québec "On viendra de partout prendre place au festin dans le Royaume de Dieu"

Homélie
2019/08/26
Homélie - 21e dimanche 2019 - Cathédrale Notre-Dame de Québec "On viendra de partout prendre place au festin dans le Royaume de Dieu"

21e dimanche 2019
Cathédrale Notre-Dame de Québec
On viendra de partout prendre place au festin dans le Royaume de Dieu. 
Homélie
(Is 66,18-21 ; He 12,5-7.11-13 ; Lc 13,22-30)

Entrer dans le Royaume ! Marcher sur cette route qui mène au Royaume de Dieu et y connaître la vie pour toujours ! Est-ce que cela ne voudrait pas dire, tout simplement, réussir sa vie ? Marcher à la suite de Jésus, se laisser guider par l’Évangile, ne serait-ce pas le chemin qui permet de vraiment réussir sa vie ? N’est-ce pas ce que Dieu veut pour chacun, chacune de nous, que nous réussissions notre vie ?

Pour marcher vers le Royaume, pour croire en la résurrection, en l’autre vie, ne faut-il pas d’abord croire en la vie présente ? Pour croire que notre vie mérite de durer toujours, ne faut-il pas d’abord croire en sa valeur, maintenant, en la valeur de ce que nous sommes, de ce que nous faisons, en la valeur de nos engagements ? Nous connaissons ces mots que la liturgie nous fait parfois chanter, des mots empruntés au prophète Isaïe : Tu as du prix à mes yeux, nous dit Dieu, tu as de la valeur et je t’aime. Ces mots ne nous disent-ils pas que nous devons aussi avoir du prix à nos yeux, que notre propre personne doit avoir de la valeur à nos propres yeux.

Jésus nous dit que la route qui mène au Royaume de Dieu n’est pas toujours facile, que cette marche vers le Royaume est parfois exigeante, que la porte par laquelle on y entre peut paraître étroite. En fait, il nous parle alors de ce qu’est notre vie bien concrète, notre vie de chaque jour, avec ses réussites et ses échecs, avec ses joies et ses tristesses. Il le sait trop bien lui qui a vécu notre vie, lui dont la vie n’a pas été facile, qui a dû souvent passer par une porte étroite. N’est-ce pas ce que nous racontent de nombreux récits des évangiles, particulièrement ceux de la passion et de la mort, une porte fort étroite. Sa fidélité à la mission reçue de Dieu son Père lui a valu la victoire sur la mort, la résurrection, l’entrée dans le Royaume.  

Pour entrer dans le Royaume, pour que le Père nous réponde lorsque nous frapperons, il faut que nous ayons pris la route que nous indique l’Évangile. Sur cette route il y a toujours ce même panneau indicateur sur lequel est écrit un seul mot, le mot amour. Aimer Dieu, aimer son prochain, s’aimer soi-même, Jésus nous dit que c’est là la route qui permet de réussir sa vie, d’entrer dans le Royaume. Ce qui a provoqué les paroles de Jésus, rapportées par le récit de saint Luc, c’est cette question qui nous vient parfois à l’esprit à nous aussi. Le nombre des élus ? Combien seront sauvés, entreront dans le Royaume ? Les paroles du prophète Isaïe dans la première lecture nous donnaient déjà une réponse : Parole du Seigneur. Je viens rassembler les hommes de toute nation et de toute langue. Ils viendront et ils verront ma gloire. … Des messagers de mon peuple annonceront ma gloire parmi toutes les nations. … Ils les conduiront jusqu’à ma montagne sainte. Des paroles pleines d’espérance !

Ce qui cependant nous intéresse tout particulièrement, c’est la réponse de Jésus à cet inconnu qu’il rencontre sur la route de Jérusalem. Comme il le fait souvent, Il répond par deux images à la question qui lui est posée : Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? Deux belles images : la porte étroite qui nous met devant les exigences du Royaume de Dieu et nous savons qu’elles sont réelles, le festin du Royaume où tous et toutes sont invités et peuvent être accueillis.

Il faut remarquer comment saint Luc rédige son récit. Quelqu’un lui demanda et Jésus leur dit. Un inconnu pose une question et Jésus répond aux gens qui sont là autour de lui. Jésus se met à parler au pluriel, utilisant le pronom vous une dizaine de fois. Le récit de saint Luc nous dit que la réponse de Jésus à propos du nombre des élus nous est donnée à chacune, à chacun de nous, qui entendons Jésus nous parler en ce dimanche. Le Seigneur nous dit à chacun, chacune : Ne t’inquiète pas du nombre des élus… Demande-toi si, toi, tu veux vraiment être sauvé, si tu veux être parmi eux ? 

Jésus semble bien nous dire que la porte étroite pourrait devenir une porte fermée, mais que cela dépend de nous, pas de Dieu. Jésus ne nous a pas annoncé un salut au rabais. Il ajoute qu’il ne suffit pas d’avoir mangé et bu en sa présence, ni d’avoir entendu son enseignement. Jésus tient à ce que nous nous sachions responsables de la réussite de notre vie et aussi de celle de bien d’autres personnes avec nous. Mais comme disait saint Paul dans la deuxième lecture, pour cela nous pouvons compter sur la grâce de Dieu qui vient redonner de la vigueur aux mains défaillantes et aux genoux qui fléchissent. Si nous savons y joindre nos efforts, la grâce de Dieu nous donne le courage de faire ce que nous avons à faire, elle nous aide à faire ce que nous avons la responsabilité de faire.

L’image du festin le dit fort bien : tous sont invités, de l’orient, de l’occident, du nord, du midi, de partout. Pour parler du Royaume, Jésus emploie cette autre belle image, la maison. Un beau mot pour parler du Royaume de Dieu, un mot qui fait partie de notre langage courant, rentrer à la maison. Un mot que la liturgie utilise, particulièrement dans la célébration des funérailles, entrer dans la maison du Père. Une image belle et parlante : la maison, là où se rassemble la famille de Dieu, autour d’une table où un magnifique festin est servi. Le désir de Dieu, le désir du Père, c’est que tous ses enfants se retrouvent dans cette maison, sa maison, chez lui. Ce désir-là est si fort dans son cœur, qu’il se soucie des places qui pourraient rester vides, si certains ne se présentaient pas. Père de miséricorde et de tendresse, il ose penser que toute sa famille, que tous ses invités seront là.

Marc Bouchard, prêtre