Homélie - 1er dimanche du Carême B 2021

Homélie
2021/02/23
Homélie - 1er dimanche du Carême B 2021

1er dimanche du Carême B 2021

Convertissez-vous et croyez à l'Évangile

Homélie
(Gn 9,8-15 ; Ps 24 ; I P 3,18-22 ; Mc 1,12-15)

Nous poursuivons la lecture de l’Évangile de saint Marc et la liturgie nous fait revenir un peu en arrière, pour nous nous faire entendre le récit du séjour de Jésus dans le désert, un récit très court, deux versets, deux phrases. Mais l’essentiel nous est dit : Jésus vient d’être baptisé. Aussitôt, l’Esprit le pousse au désert. Il reste là quarante jours, tenté par Satan, servi par les anges. C’est dire que Jésus, au tout début de sa mission, croit bon de se retirer à l’écart, dans la solitude. Il se donne du temps pour prier Dieu, réfléchir sur cette mission dans laquelle il va s’engager, sachant bien qu’elle ne sera pas facile.

Il est facile de comprendre pourquoi l’Église nous fait lire ce récit, elle nous propose d’entrer dans la démarche du Carême. À l’exemple de Jésus, nous sommes invités à vivre ce temps de prière et de pénitence en nous laissant guider par l’Esprit. Ne vivons-nous pas un temps plus difficile où la tentation est peut-être davantage présente, notre foi étant quelque peu troublée par ce qui se passe, dans le monde, dans nos milieux, dans l’Église. N’avons-nous pas besoin, cette année tout particulièrement, de ce temps d’arrêt pour revoir notre vie, raviver notre foi, rendre notre vie plus conforme à l’Évangile, de devenir avec plus de vérité disciple du Seigneur.

Les tentations de Jésus ! Cela nous questionne toujours un peu. Matthieu et Luc dans leurs évangiles parlent de trois tentations qu’ils détaillent. Marc, toujours plus bref, se limite à quelques mots : Jésus est tenté par Satan, pas plus. Des tentations ? N’est-il pas le Fils de Dieu ? Oui, mais il est aussi cet homme de Nazareth en Galilée, vraiment Dieu et vraiment Homme ! Ces tentations dans le désert sont comme l’annonce de ce qu’il aura à affronter tout au long de son ministère. Il sera mis à l’épreuve, les quatre évangiles le racontent, par les demandes, les sollicitations de ses disciples et de la foule ou encore par l’opposition des grands-prêtres, des pharisiens, des scribes. Il aura à choisir entre un messianisme social, politique même, et le salut spirituel de l’humanité ; nous nous souvenons qu’il a dû se retirer parce qu’on voulait le faire roi.

Les tentations, ce sont toutes ces fois où Jésus a dû dire non à ce qu’on lui proposait et qui ne correspondait pas à sa mission, toutes ces fois où il a dû faire le choix de la fidélité à son Père. Nous nous rappelons ces nombreux passages des évangiles qui nous rapportent cela. Nous ne pouvons ignorer cette expérience, tellement dérangeante, que Jésus a vécue à la fin de sa vie, à Gethsémani, dans le Jardin des oliviers. Voyant venir la passion et la mort sur la croix, il aura la tentation inévitablement de reculer, face à ce qui s’annonce, ce qu’il exprime dans sa prière : Mon âme est triste à en mourir ! ... Père, à toi tout est possible, écarte de moi cette coupe ! … Pourtant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! Il est bien clair que sa volonté d’homme a dû faire effort pour s’accorder à celle de son Père. Jésus tenté par Satan, servi par les anges ! Ce sont les mots de l’Évangile, des mots qui nous disent que Jésus a vécu notre vie humaine dans la vérité et dans une totale fidélité à Dieu son Père !

Ce que Jésus a vécu, lors de son séjour dans le désert et dans les années qui ont suivi, doit nous faire saisir le sens de la démarche du Carême. Ne devons-nous pas nous sentir interpellés, dans notre contexte de vie actuel, à revoir, à mieux comprendre l’engagement de notre baptême, les engagements qui caractérisent notre vie ? N’avons-nous pas besoin de conformer davantage notre vie à l’Évangile, là où s’exprime pour nous la volonté de Dieu ? Dans le désert, Jésus était servi par les anges, ne devons-nous pas, dans la prière, entendre l’Esprit nous rappeler notre confirmation et ses dons, renouveler en nous cette certitude que la grâce de Dieu nous donne la force, l’audace, le courage pour lui demeurer fidèles.

Dès que Jésus quitte le désert et se met à annoncer la Parole, il invite la foule, il nous invite à deux attitudes essentielles : Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ! Cela nous a été redit dans la liturgie d’ouverture de ce Carême qui nous a rappelé, qui nous rappelle que nous nous sommes engagés à suivre Jésus, à marcher à sa suite, en n’oubliant pas ce que ces mots-là veulent dire. Ce Carême, celui de cette année 2021, que nous vivons dans ce contexte tout particulier de la vie actuelle, devrait affermir notre foi et nous faire prendre la décision de continuer à la nourrir dans la prière, la lecture et l’écoute de la Parole de Dieu, dans la vie sacramentelle. Jésus nous invite à faire comme lui, à poser un regard réaliste sur nous-mêmes, sur nos activités quotidiennes, sur nos relations avec les autres, sur notre manière de favoriser l’amitié, le partage, la paix, la joie. Vivre le carême pour grandir dans la foi comporte aussi un effort pour nourrir notre foi, par exemple par une lecture plus régulière de l’Évangile. Pourquoi ne pas lire l’évangile de saint Marc, surtout que c’est celui que la liturgie fait entendre dans toute l’Église cette année et que c’est le plus court et le plus simple.

Nous pourrions terminer cette réflexion par cette belle image d’un ermite du VIe siècle, qui vivait à Gaza, un coin du monde dont on parle souvent, une image qui dit bien ce que doit être la vie selon l’Évangile : Imaginez que le monde soit un cercle, que le centre soit Dieu, que les rayons soient les différentes manières de vivre des hommes. Quand ceux qui désirent approcher de Dieu marchent vers le milieu du cercle, ils se rapprochent les uns des autres en même temps que de Dieu. Plus ils s’approchent de Dieu, plus ils s’approchent les uns des autres. Et plus ils s’approchent les uns des autres, plus ils s’approchent de Dieu.

 

Marc Bouchard, prêtre

Mbouchard751@gmail.com