Fête de la Sainte Trinité - Baptisés au nom du Père, du Fils, de l’Esprit

Homélie
2019/06/10
Fête de la Sainte Trinité - Baptisés au nom du Père, du Fils, de l’Esprit

Fête de la Sainte Trinité
Baptisés au nom du Père, du Fils, de l’Esprit
Homélie

(Pr 8,22-31 ; Rm 5,1-5 ; Jn 16,12-15)

Une fête en l’honneur de la Sainte Trinité ! Il est intéressant de remarquer que cette fête est la seule fête chrétienne importante à ne pas correspondre à un événement, qu’on peut situer historiquement et même géographiquement. Pensons aux fêtes de Noël, de l’Épiphanie, de Pâques, de la Pentecôte et à bien d’autres. Pour chacune d’elles, il nous est possible de lire un récit évangélique et de visualiser, avec notre imagination, ce qui a pu se passer. Depuis six mois, depuis Noël, la liturgie nous a raconté la vie de Jésus de Nazareth, à une époque et en une région bien précises. Voici qu’aujourd’hui, on pourrait avoir l’impression que la liturgie quitte le monde des événements. Parler de la Trinité, d’un Dieu unique en trois personnes, peut sembler nous situer en dehors du monde concret pour nous offrir une réflexion au sujet de Dieu.

Permettez que je vous raconte un événement, une fête que j’ai vécue au sanctuaire de Lourdes en France, il y a quelques années, et qui m’est revenu à la mémoire en préparant cette homélie. À Lourdes, en cette fête de la Trinité, avait lieu le pèlerinage militaire international. La messe, très solennelle, célébrée dans la basilique souterraine, rassemblait des militaires venant de 36 pays, dont des canadiens. Étaient présents aussi de très nombreux pèlerins venus de toutes les régions du monde, sûrement plus de 10 000. Au cours de cette Eucharistie, l’Évêque des Armées françaises a baptisé 29 jeunes militaires et en a confirmé 75. Une liturgie magnifique, très priante, impressionnante. 

À chacun et à chacune des 29 militaires qui se sont présentés devant lui, l’Évêque a versé de l’eau sur leur front en disant :  Je te baptise au nom du Père, du Fils et de l’Esprit. Un geste et des paroles que nous connaissons bien, qui viennent de fort loin. C’est le Seigneur ressuscité lui-même qui, le premier, a dit ces paroles, à ses apôtres, alors qu’il les quittait. Allez partout, dans le monde entier, faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, du Fils et de l’Esprit. Ces paroles, dites en versant de l’eau sur leur front, ont fait que ces 29 jeunes militaires sont devenus disciples du Seigneur, chrétiens, chrétiennes, et donc membres de l’Église, rassemblée là autour d’eux, une communauté formée de disciples venus de tous les coins du monde, réunis dans un lieu exceptionnel. 

L’Évêque a poursuivi la liturgie en demandant à ces 29 baptisés : Croyez-vous en Dieu le Père tout-puissant… Croyez-vous en Jésus Christ son Fils unique… Croyez-vous en l’Esprit saint… Chaque fois, les nouveaux baptisés ont répondu tous ensemble : Oui, je crois. Chaque fois aussi l’Évêque, se tournant vers l’assemblée, l’a interpellée : Et vous fidèles du Christ…  Chaque fois, les milliers de chrétiennes et de chrétiens ont répondu avec force : Nous croyons! L’Église du Christ était là bien vivante. Dans la joie d’accueillir de nouveaux disciples, elle proclamait sa foi en Dieu, Père, Fils et Esprit, elle en faisait un événement dans la vie de ces nouveaux baptisés.

Il faut bien voir que notre Credo chrétien est bâti en référence à Dieu, un Dieu unique, un Dieu qui est Père, Fils, Esprit. Quand nous le dirons, aussitôt cette homélie terminée, nous remarquerons qu’il est divisé en trois parties, et que chacune est centrée sur une des trois personnes divines. Cela est en lien avec notre baptême, ce sacrement qui nous a faits chrétiennes, chrétiens. La foi chrétienne nous a alors été transmise au nom du Père, du Fils et de l’Esprit. Quand nous sommes invités à dire notre foi nous disons croire en un seul Dieu, mais nécessairement nous ajoutons qu’il est Père, Fils et Esprit. Le signe visible qui nous identifie comme chrétiens, chrétiennes, le signe de la croix, quand nous le disons et le faisons bien, en y portant attention, c’est comme s’il enveloppait toute notre personne, au nom du Père, du Fils et de l’Esprit. Il ne se peut pas que la Trinité ne soit qu’une idée au sujet de Dieu, une façon de parler de Dieu. La Trinité occupe une place trop importante dans notre foi, dans notre vie chrétienne, pour que ce ne soit pas le mystère qui unifie tous les autres.

Un Dieu unique en trois Personnes !  Ce mystère ne pouvait nous être révélé que par Jésus, le Ressuscité, le Fils de Dieu. On ne peut pas lire l’Évangile, y voir le récit de la vie de Jésus de Nazareth, y entendre ses paroles, sans constater qu’il était sans cesse tourné vers le Père, et sans nous rappeler cette promesse qu’il a faite à ses disciples de la venue de l’Esprit. Comment pourrait-on lire les évangiles, célébrer Pâques et la Pentecôte, ces événements qui sont au départ de la foi chrétienne, sans y reconnaître la présence du Père, du Fils et de l’Esprit. L’Évangile proclamé en ce dimanche, la Bonne nouvelle qui nous est annoncée, ce sont des mots que Jésus a dits à ses Apôtres au cours de sa dernière longue conversation avec eux, avant de partager le pain et le vin en leur disant : Vous ferez cela en mémoire de moi. Ces mots font partie de ce qu’on peut appeler son testament spirituel et que saint Jean a tenu à conserver pour que nous les entendions, qu’ils nous soient dits à nous aussi : Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître.

Marc Bouchard, ptre