Homélie - 19e dimanche ordinaire C 2019 "Heureux les serviteurs que le Maître trouvera en train de veiller"

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2019/08/06
Homélie - 19e dimanche ordinaire C 2019 "Heureux les serviteurs que le Maître trouvera en train de veiller"

19e   dimanche ordinaire C 2019
« Heureux les serviteurs que le Maître trouvera en train de veiller. » 
HOMÉLIE
Sag 18,6-9 ; Heb 11,1-2.8-19 ; Lc 12, 35-40

L’attente… Nous attendons souvent dans la vie… Nous attendons de la visite… De jeunes parents attendent la naissance de leur premier enfant… La maman ou le papa attendent leur fils, leur fille qui tardent à rentrer à la maison….  Nous sommes souvent dans l’attente d’événements, joyeux ou tristes… Nous nous retrouvons, longuement, trop longuement dans des salles d’attente. Attendre fait partie de notre vie ! 

Dans le récit évangélique de ce dimanche, Jésus nous dit qu’il en est de même dans notre vie de foi : Soyez comme des gens qui attendent… Tenez-vous prêts… Restez en tenue de service… Gardez vos lampes allumées… Heureux, les serviteurs que le maître trouvera en train de veiller. Jésus s’entretenait alors avec ses disciples, ces hommes et ces femmes qui lui étaient proches et dont il voulait marquer la vie profondément. Il savait que c’étaient les dernières conversations qu’il aurait avec eux et voulait les préparer à la situation qui serait la leur après l’événement de Pâques.

Il ne serait plus avec eux, mais il faudrait bien que la vie continue, surtout qu’il allait leur confier une mission, la sienne, celle qu’il avait reçue de son Père, faire venir le Royaume. Ils devront se libérer de leur tristesse, de leur peur et prendre la route. À la manière d’Abraham comme le rappelait cette belle histoire du Père des croyants, évoquée par saint Paul dans la deuxième lecture. Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu… et il partit, sans savoir où il allait. La foi fait agir, met en route. C’est ce que le pape François dit et redit aux jeunes : Allez, sans peur, pour servir ! Ne laissez pas les autres être les acteurs du changement. C’est vous qui êtes l’avenir. Je vous demande d’être des constructeurs de l’avenir, qui se mettent au travail pour un monde meilleur. N’est-ce pas reprendre les paroles de Jésus en langage d’aujourd’hui.

Prêtons-nous attention à ce que nous disons tous ensemble au cœur de l’Eucharistie, aussitôt après les paroles de la consécration. Nous faisons alors comme une profession de notre foi : Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. La mort de Jésus, sa résurrection, sa venue, son retour dans la gloire. Le mystère de Jésus que nous allons aussi proclamer dans le credo : Il fut mis au tombeau, il ressuscita le troisième jour, il reviendra dans la gloire. C’est de cette attente-là que Jésus s’entretenait avec ses disciples, son retour, sa venue dans la gloire. L’Église, le peuple chrétien, a toujours vécu dans cette attente, dans cette espérance, dans l’attente du retour du Christ à la fin des temps. Vivre dans l’attente, l’espérance de notre rencontre avec lui, chacun, chacune de nous, à la fin de notre temps personnel, individuel, à la fin de notre vie.

Le Seigneur invite ses disciples à vivre dans l’attente, mais une attente qui ne doit pas se passer à ne rien faire. Saint Paul le rappelait aux chrétiens du premier siècle. Certains pensaient que le Christ allait revenir alors qu’ils étaient encore vivants et, à cause de cela, restaient là à ne rien faire. Pour Jésus l’attente doit se vivre dans le service, ces deux mots ne doivent jamais être séparés dans la vie de ses disciples. Il insiste là-dessus, attente et service. Mais il ne faut pas se tromper sur ce que Jésus entend par service. Il faut lire correctement les paroles de Jésus de ce dimanche. Il y a un mot qui revient à plusieurs reprises dans la bouche de Jésus dans cette seule page d'Évangile, c'est le mot maître, un maître qui vient, souvent sans s'annoncer, et c'est à son service que nous devons nous mettre. Jésus nous demande d'être attentifs, disponibles à la venue de quelqu'un et ce quelqu'un, il est évident que c'est Dieu lui-même. La pensée de Jésus semble assez claire : il est évident qu’il nous invite à tourner notre esprit et notre cœur vers cette rencontre de Dieu que nous ferons à la fin de notre vie. L'Évangile toutefois ne nous invite pas à toujours penser à ce moment, à toujours vivre dans l’attente d’un futur imprévisible. Non, l'Évangile nous ramène toujours au moment présent de notre vie, et donc à une rencontre du Maître que nous avons à vivre chaque jour. Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir, de faire son travail.

Nous nous rappelons ce qui était arrivé à Lac-Mégantic, ce train qui avait provoqué la destruction d’une partie de la ville et la mort de 47 personnes. Une messe avait été célébrée qu’on a pu voir à la télévision, le curé avait fait une remarquable homélie, reprise d’ailleurs dans les médias, ce qui est assez rare actuellement. Une question alors posée par beaucoup de gens : Où Dieu était-il en ces journées de grand malheur. Le jeune prêtre, pasteur de la paroisse, avait donné cette réponse tout à fait conforme à l’Évangile de ce dimanche. Dieu était là dans le travail si difficile des pompiers et des policiers, il était là dans la présence généreuse de ces si nombreux bénévoles, il était là dans la fraternité et la solidarité qui se sont manifestées, oui, Dieu était là. Tout en pensant à la venue dernière de Dieu, il faut que nous soyons disposés à le reconnaître dans ces gens que nous rencontrons et qui vivent l’Évangile, il faut que nous soyons nous-mêmes de ceux et celles qui, par leur vie, disent sa présence. Dieu peut nous paraître absent… notre foi doit nous le faire reconnaître là où des femmes et des hommes vivent l’Évangile.

Est-ce que ce n'est pas ce que devrait signifier notre présence à l'Eucharistie au début de chacune de nos semaines ? Raviver notre foi dans cette présence de Dieu au milieu de notre monde actuel,

notre désir de faire connaître cette bonne nouvelle ! Dans cette rencontre dominicale avec lui, Jésus nous dit : Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller.

Le monde d’aujourd’hui n’a-t-il pas besoin de voir des chrétiennes, des chrétiens dont la vie de chaque jour dise la présence de Dieu ?

Marc Bouchard, ptre