Homélie - Trinité 2021 B

Homélie
2021/05/26
Homélie - Trinité 2021 B

Trinité 2021

Je crois en Dieu, Père, Fils, Esprit

Homélie

(Dt 4, 32-34.39-40 ; Rm 8, 14-17; Mt 28, 16-20)

Nous célébrons en ce dimanche la seule fête chrétienne qui ne correspond pas à un événement qu’on peut situer historiquement et même géographiquement.  Pensons aux fêtes de Noël, de l’Épiphanie, de Pâques, de la Pentecôte et à bien d’autres. Pour chacune d’elles, il nous est possible de lire un récit évangélique et, avec notre imagination, de visualiser ce qu’il raconte. Ces récits bien connus nous parlent de la venue du Fils de Dieu dans notre monde, en Jésus, cet homme de Galilée qui fait partie de la même histoire que nous. Voici qu’aujourd’hui, on pourrait avoir l’impression que la liturgie quitte le monde de la réalité concrète, le monde des événements, le monde des personnes humaines, pour nous plonger dans le monde des idées, des abstractions. Parler de la Trinité, d’un Dieu unique en trois personnes, est-ce que ce ne serait pas nous situer en dehors du monde concret, qui est le nôtre, pour nous plonger dans une réflexion au sujet de Dieu ?

Tous ces événements que nous rappelons, chaque fois que nous disons le Credo, ne doivent-ils tout de même avoir une source commune ? Ce sont des événements qui appartiennent à une histoire qui doit avoir eu un commencement et qui aura une fin. Ils doivent venir d’une réalité qui les dépasse, qui est en dehors du temps et de l’espace, mais qui n’en est pas moins une réalité. Il y a une prière que nous disons très souvent, le Credo, le Je crois en Dieu, une prière qui dit notre foi de baptisés. Ce qui est très significatif, cette prière fait partie de la liturgie de la messe du dimanche, lors du rassemblement hebdomadaire des communautés chrétiennes. Elle est alors comme la conclusion de la célébration de la Parole de Dieu, comme un résumé de la foi de toute communauté chrétienne. Peut-être que nous allons la dire avec plus d’attention que d’habitude en ce dimanche de la fête de la Trinité. Nous allons remarquer davantage que cette prière, qui commence en affirmant Je crois en un seul Dieu, a été rédigée en trois parties se référant au Père et au Fils et à l’Esprit, en référence aux Évangiles et à tout le Nouveau Testament.

Quand nous avons été baptisés, nous avons reçu le don de la foi, nous avons été engagés dans la vie chrétienne et cela au nom du Père, du Fils et de l’Esprit. Ces mots et le geste qui les accompagne vont être, sont tout au long de notre vie le signe qui nous identifie. Quand nous faisons ce signe, le signe de la croix, c’est comme s’il enveloppait notre corps, notre personne au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Pourquoi appeler Dieu des noms de Père, Fils, Esprit. Ce ne sont pas des noms que nous donnons à Dieu, ce n’est pas nous qui en sommes l’origine. Ce sont des noms que Dieu se donne, qu’il emploie pour parler de lui-même. Dans les grands moments de l’histoire sainte, de l’histoire du salut, c’est toujours Dieu qui prend l’initiative de la Parole, lui-même ou par des envoyés. Rappelons-nous Abraham, Moïse, Marie, Joseph, les Apôtres, les grands prophètes que sont Isaïe, Jérémie, Ézéchiel. La première lecture nous invitait à nous souvenir de cette longue histoire de l’humanité, marquée par la présence de Dieu, en faisant parler Moïse. Et que nous disait Moïse s’adressant au peuple juif : Est-il un peuple qui ait entendu comme toi la voix de Dieu ? … Est-il un dieu qui ait entrepris de se choisir un peuple comme tu as vu le Seigneur ton Dieu le faire pour toi en Égypte ? … Sache donc que le Seigneur est Dieu là-haut dans le ciel et ici-bas sur la terre.

Au cœur de l’histoire, il y a Jésus, le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu faite chair. Jésus est la Parole du Père, il n’a jamais cessé d’être en contact avec lui et il l’a fait connaître à ceux et celles qu’il voulait proches de lui. On ne peut pas lire les Évangiles, y entendre Jésus parler de son Père et aussi l’entendre nous faire cette promesse de la venue de l’Esprit Saint. Comment pourrait-on célébrer Pâques et la Pentecôte, ces événements qui sont au départ de la foi chrétienne, sans y reconnaître la présence du Père, du Fils et l’Esprit.  Un Dieu unique en trois Personnes !  Cela ne pouvait nous être révélé que par Jésus le Christ, que par le Fils de Dieu. Ce mystère de la vie de Dieu, cette révélation de la réalité même de ce qu’est Dieu, cela n’est pas sorti de la réflexion de philosophes ou de théologiens, ni des conciles qui, d’ailleurs, n’ont toujours voulu qu’expliciter ce que nous disent les Écritures. Le Dieu que nous connaissons, nous chrétiens, c’est le Dieu qui s’est fait connaître, qui s’est révélé. Cela nous était dit dans la première lecture. Le Dieu qui a parlé à Moïse et lui a dit son nom, Yahvé, le Seigneur. Ce Dieu a vu la misère de son peuple et l’a fait sortir d’Égypte. Moïse a compris que son regard de miséricorde ne le quitte jamais. Il est le Dieu qui entre en relation avec nous, le Dieu qui nous parle, qui agit envers nous avec amour.

C’est cela que Jésus est venu nous apprendre. Il n’y a qu’un seul Dieu, le Seigneur, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de Moïse. Ce Dieu s’est révélé pleinement en Jésus, son Enfant. Jésus est le Verbe de Dieu, la Parole faite chair. Jésus est la Parole du Père qui nous a été donnée et a habité parmi nous. Ce récit de saint Matthieu que nous lisons en ce dimanche est la conclusion de son Évangile.  Comme un résumé qui rappelle tous les récits depuis l’annonce de la naissance de l’Emmanuel, Dieu avec nous jusqu’à ces dernières paroles de Jésus. Nous disons alors que nous sommes chrétiennes, chrétiens, disciples du Christ, qui nous a fait connaître son Père, notre Père, qui nous a fait don de l’Esprit de sagesse et de vérité. Remarquons que les prières de la liturgie eucharistique que nous allons célébrer s’adressent au Père, par le Fils, dans l’Esprit.

Marc Bouchard, prêtre

Mbouchard751@gmail.com