Homélie - 15e dimanche ordinaire A 2020

Homélie
2020/07/13
Homélie - 15e dimanche ordinaire A 2020

15e dimanche ordinaire (Année A 2020)

Homélie
(Is 55,10-11 ; Rm 8,18-23 ; Mt 13,1-23)

Disciples du Seigneur, Semeurs de sa Parole !

Il nous plait de converser avec des amis et c’est en parlant entre nous que nous nous connaissons et que nous établissons de bonnes relations. Dieu aime nous parler lui aussi, pour se faire connaître de nous, pour se révéler à nous. Sa Parole est toujours pour nous Bonne Nouvelle et il veut qu’elle soit pour nous source de vie et de bonheur. Heureuses, heureux ceux et celles qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique.

L’Évangile de ce dimanche, un entretien sérieux de Jésus d’abord avec la foule, mais ensuite et surtout avec ses disciples. Je ne comprends qu’on nous propose une lecture brève de ce passage de ce récit évangélique alors qu’on ne cesse pas de nous redire l’importance de la Parole. Nous ne sommes pas si pressés qu’il faille abréger la Parole de Dieu, surtout que ce récit nous présente comme deux paraboles, qui portent toutes deux sur la Parole.

La première parle du semeur de la Parole, la seconde de la terre où cette Parole est semée. La parabole du semeur, c’est le titre que la tradition a donné à ce texte de saint Matthieu. Jésus raconte une courte histoire, toute simplicité, facile à comprendre, de la barque où il a voulu s’asseoir pour s’adresser à ces foules si grandes venues l’écouter.

Par la suite, quand la foule s’est dispersée, les disciples lui demandent de leur expliquer ce qu’il venait de raconter, comme cela arrivait souvent. L’Évangile a besoin d’être commenté. Toute la tradition religieuse d’Israël se fonde sur cette forte conviction que Dieu n’a pas cessé de parler à son peuple. La Bible, le livre de la Parole, tous ces textes auxquels le peuple de Dieu se référait et continue à se référer pour nourrir sa foi, les juifs tout d’abord, puis les chrétiens. On connaît ces mots du Deutéronome : L’homme ne vit pas seulement de pain mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. Jésus reprendra ces mots lors de la tentation au désert.

À l’époque de Jésus, ils étaient nombreux à penser que Dieu ne parlait plus, que le prophétisme était mort, qu’il n’y avait plus que le langage moralisateur et tatillon des pharisiens. Mais voilà que Jean le Baptiste avait pris la parole et avec force. Puis Jésus, conscient de sa mission de prophète, s’était mis à parler lui aussi, et avec autorité, de façon dérangeante.

Pour faire comprendre à cette foule rassemblée au bord du lac que Dieu continue de parler, Jésus leur raconte, tout bonnement, cette histoire du semeur. La Parole de Dieu est comme une semence qui sort de la bouche de Dieu, une nourriture, qui renouvelle la vie, qui refait les forces de ceux et celles qui l’accueillent et la mettent en pratique.

Dieu est un semeur généreux ; il jette la semence à larges mains, tellement qu’elle tombe un peu partout, sur la route, sur la pierre, sur les ronces, sur la bonne terre. Une bonne part de cette semence se perd, il ne peut en être autrement : les oiseaux viennent la manger, les passant marchent dessus, il y a aussi la mauvaise herbe et la sécheresse. Mais il y a aussi la bonne terre qui, elle, laisse germer la semence et porte des fruits en abondance.

Un beau message d’espérance, pour ces gens du bord du lac de Galilée, et aussi pour tous ces chrétiens qui l’entendent en ce dimanche, et pour nous ses lecteurs. Oui, notre foi nous l’assure, Dieu est présent, Dieu agit aujourd’hui, comme il agissait hier, comme il agira demain. La Parole de Dieu continue à être semée, partout, et donc aussi ici chez nous, en nous. Avec Jésus est venu le temps de la Parole et sa Parole n’a jamais cessé de rassembler des foules, et encore maintenant.

Tous les chrétiens et chrétiennes rassemblés en ce dimanche, partout dans le monde, pour la célébration de l’Eucharistie ou la célébration de la Parole, cela constitue une foule immense, comme le disait l’introduction de la parabole. Voilà la raison pour laquelle on appelle cette parabole la parabole du semeur, pour que notre attention se porte sur celui qui jette la semence, qui fait entendre sa Parole. Cette parabole nous dit la générosité de Dieu, sa libéralité, il sème à tous vents, partout. Et aujourd’hui comme à toutes les époques, cette Parole tombe dans des terres qui produisent des fruits qu’on n’espérait pas.

À propos de la Parole semée dans notre monde, il est intéressant de se référer au message des évêques réunis en Synode à Rome en 2008. Ils ont rédigé leur réflexion à partir de quatre mots faciles à retenir au sujet de la Parole de Dieu : la voix, le visage, la maison, le chemin.

La voix de la Parole, c’est la Bible, les Saintes Écritures, ces écrits dont nous disons qu’ils sont Parole de Dieu, Parole que nos liturgies rendent vivante : Parole proclamée, écoutée, commentée, priée, chantée, ici et partout dans le monde.

Le visage de la Parole ! Ce qui fonde la foi chrétienne, ce n’est toutefois pas d’abord un livre, mais avant tout une personne, Jésus le Christ. Saint Jean commence son Évangile en écrivant : Au commencement était le Verbe et le Verbe était Dieu … Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. La Parole de Dieu s’est faite personne humaine, s’est donné un visage humain.

La maison de la Parole ! Si la Parole de Dieu de l’Ancien Testament est surgie de la vie du peuple élu, celle du Nouveau Testament est née de la foi, de la vie des premières communautés chrétiennes. C’est l’Église qui, depuis vingt siècles, ne cesse de faire entendre cette Parole dans tous les coins du monde.

Le chemin de la Parole, c’est la mission. Ce sont donc tous les baptisés, les disciples-missionnaires, comme dit le pape François, qui se font les chemins de la Parole, qui sont ceux et celles par qui la Parole continue à être semée largement. Aujourd’hui, les chemins de la Parole, c’est nous.

La vie des disciples du Christ, si elle est vécue en conformité à l’Évangile, devient comme une lecture vivante de la Parole de Dieu. La parole de Dieu peut et doit devenir visible sur le visage et dans les mains des Disciples du Christ, une belle expression pour dire qui nous sommes de par notre baptême ; et si nous le sommes en vérité, nous rendons vivante sa Parole, nous sommes les chemins par lesquels elle parcourt le monde, nous en sommes les semeurs et l’Esprit Saint fera qu’elle portera du fruit.

Prière de conclusion

Dieu notre Père, tu as semé ta Parole en nos cœurs. Donne-nous maintenant de savoir la mettre en pratique. Pour cela, que ton Esprit-Saint habite nos paroles et nos gestes et nous serons les chemins par lesquels ta Parole parvient au monde d’aujourd’hui. Ainsi notre vie portera du fruit pour la gloire de ton Royaume, toi qui nous aimes aujourd’hui et pour les siècles des siècles. Amen.

Marc Bouchard, prêtre

mbouchard751@gmail.com