« Il les envoya deux par deux en avant de lui et ils revinrent tout joyeux. » - Homélie

Homélie
2019/07/08
« Il les envoya deux par deux en avant de lui et ils revinrent tout joyeux. » - Homélie

« Il les envoya deux par deux en avant de lui et ils revinrent tout joyeux. »
14e dimanche C 2019
Homélie

(Is 66,10-14c ; Gal 6,14-18 ;  Lc 10,1-9)

Il existe en France une association qui a comme nom Conférence catholique des baptisés francophones. Ce regroupement de catholiques, qui se disent fidèles à leur foi et attachés à leur Église, s’est donné une devise très significative, dans le contexte actuel : Ni partir, ni se taire. Les activités de ce mouvement sont ouvertes à toutes les personnes intéressées qui cherchent un lieu où ils peuvent partager les appels de leur foi et exprimer en toute liberté ce qu’elles pensent de leur Église et ce dont elles rêvent pour son avenir. S’est créé aussi en Europe, dans beaucoup de grandes villes, un autre réseau ayant comme nom Le parvis, évoquant ce qu’on faisait autrefois sur le parvis de l’église avant ou après la messe, se parler de ce qui se passe dans la paroisse. Des gens d’ici ont pensé former Le Parvis de Québec. Ce groupe qui se réunit régulièrement offre à toute personne intéressée des rencontres où, en toute fidélité à l’Évangile, on peut discuter librement de la vie actuelle de l’Église et de ce qu’on voudrait que soit son avenir.

Ce sont là des lieux de rencontres fort intéressantes. Elles ont comme principal objectif de faire prendre davantage conscience que c’est notre baptême qui nous fait membres de l’Église et nous rend, toutes et tous, responsables de la vie de l’Église chez nous et dans le monde. L’intuition qui est au cœur de ces groupes de réflexion et de partage se révèle d’autant plus juste que la diminution rapide du nombre de personnes engagées dans la vie sacerdotale ou religieuse va nécessairement modifier la vie de l’Église et c’est déjà en train de se faire. Il est devenu urgent que nous tous, baptisés, nous soyons encore plus conscients que tous ensemble, nous sommes l’Église du Christ, les témoins de l’espérance, que dans un monde si troublé notre foi a du sens. Il faut que, tous, nous nous rappelions que Jésus a dit à ses disciples qu’ils doivent être le sel de la terre, le levain dans la pâte, la lumière du monde. Notre baptême a fait de nous les disciples du Seigneur de maintenant. Il y a ici dans notre communauté diocésaine de Québec des baptisés laïcs, femmes et hommes, de tous âges, qui, conscients de l’évolution actuelle de l’Église, répondent à l’appel insistant du Seigneur et se mettent au service de leur milieu ; par leur vie et aussi en paroles, ils annoncent l’Évangile, chemin de renouveau pour notre société. N’est-ce pas ce que nous dit le récit évangélique de ce dimanche à la suite de celui de dimanche dernier et de ceux qui vont suivre ? Notre présence ici pour l’Eucharistie dominicale ne dit-elle pas que nous sommes disciples du Seigneur et qu’il compte sur nous ?

Le récit évangélique entendu aujourd’hui commençait par ces mots : Parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. Un peu plus tôt dans son évangile, saint Luc avait raconté le choix et l’envoi des Douze, le groupe des Apôtres. Il y a donc une différence entre le groupe des Douze Apôtres et ce groupe de soixante-douze Disciples. Il est évident que pour Jésus ces soixante-douze Disciples ne sont pas de simples collaborateurs des Apôtres, mais sont eux aussi des envoyés, des missionnaires. Ce n’est pas pour rien qu’on trouve le nombre douze dans ces deux groupes, ce nombre évoque les douze tribus d’Israël, le peuple de Dieu qui a besoin de tous ces missionnaires pour que l’Église du Christ demeure bien vivante. À ces disciples, tout comme aux Apôtres, Jésus donne le pouvoir de guérir les malades, de chasser les esprits mauvais. Il les rend responsables eux aussi de l’annonce de la Bonne Nouvelle du salut, de la venue dans le monde le Royaume de Dieu. C’est clairement ce que dit ce récit de saint Luc et c’est sûrement ainsi qu’agissait l’Église à l’époque où il a rédigé son Évangile, imitant ainsi ce qu’avait fait Jésus. Disciples nous aussi de par notre baptême, il nous faut bien admettre que la mission de faire connaître Jésus, d’annoncer l’Évangile, de travailler à faire venir le Royaume, à transformer le monde, est tout à fait la même que celle du temp de Jésus, du temps de saint Luc, malgré un contexte social fort différent. 

Saint Pierre dit dans sa première lettre, en s’adressant à tous les baptisés : Vous aussi, comme des pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus Christ.  … Vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, pour que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. C’est ce qu’a dit le Pape François, son successeur, lors d’une catéchèse, dans sa manière à lui de parler : Si quelqu’un me dit, écoutez, Monsieur le Pape, vous n’êtes pas égal à nous. Non, ce n’est pas vrai. Aux yeux de Dieu, nous sommes tous égaux, tous frères et soeurs. Nous faisons tous partie de l’Église, nous contribuons, toutes, tous, à la construire et cela doit nous faire réfléchir, car s’il manque une brique, il manque quelque chose dans cette maison.

Jésus disait aux soixante-douze disciples : Allez, voici que je vous envoie, et ils revinrent tout joyeux. … À la fin de chaque Eucharistie, qui est rencontre du Christ, la liturgie fait dire au prêtre qui préside en son nom : Allez, dans la paix et la joie, en avant de lui en toute ville et localité où lui-même veut se rendre.

Marc Bouchard, ptre