Homélie "Noël, manifestation de la tendresse de Dieu"

Homélie
2018/12/20
Homélie "Noël, manifestation de la tendresse de Dieu"

Noël, manifestation de la tendresse de Dieu

Homélie
(Is 9’1-6 ; Ti 2,11-14 ; Lc 2,1-114)

Église Notre-Dame-des-Victoires
Messe de minuit

Peut-être nous arrive-t-il de penser ou de dire que la fête de Noël est devenue beaucoup plus païenne que chrétienne. Pourtant, nous sommes nombreux, cette nuit, dans cette église de Notre-Dame-des-Victoires qu’on a d’abord appelée l’église de l’Enfant-Jésus, lors de la toute première construction en 1688. Ce lieu où nous sommes nous rappelle que notre histoire de Québec et du Québec nous raconte que la fête de Noël a été célébrée chaque année depuis ses débuts jusqu’à maintenant, et on peut penser que cela va se continuer.

Il est bon de nous dire aussi que nous sommes loin d’être les seuls rassemblés pour célébrer Noël en Église, en communauté chrétienne. C’est partout, dans notre pays, dans le monde, que des chrétiens de toutes les Églises sont réunis aujourd’hui pour se rappeler la naissance de cet enfant, à Bethléem il y a plus de 200 ans, et pour dire, chanter que cet enfant était l’Emmanuel, Dieu parmi nous, le Sauveur, le Seigneur.

Si on a placé cette fête en ce jour du 25 décembre, ce n’est pas qu’on connaissait la date précise de la naissance de Jésus. Quand, au 4e siècle, on a voulu que la liturgie de l’Église inclut une fête célébrant cet événement, on s’est souvenu que les jours qui suivent le 21 décembre sont ce moment dans l’année où le soleil qui semblait être en train de disparaître reprenait vie et marquait ainsi le début d’une nouvelle année. On a pensé que ça aurait beaucoup de sens de faire coïncider la fête de la naissance du Sauveur avec celle du retour de la lumière.

Ce serait difficile de ne pas reconnaître que Noël est une fête de la lumière. Ces toutes dernières semaines, on a voulu contrer la victoire de la nuit sur le jour en mettant des lumières partout et pour que cela se fasse dans la joie, des lumières de toutes les couleurs et on a ajouté des arbres qui sont toujours verts, couleur qui est signe d’espérance et de vie.

Croyants, croyantes, incroyants même, ne nous est-t-il pas agréable que tout cela vienne nous habiter en ce temps de l’année mais aussi en cette époque sombre où il nous est donné de vivre. Lumière au dehors qui réjouit notre regard, et lumière au-dedans qui réjouit notre cœur et nous appelle à la joie de l’espérance.

C’est ce que nous dit la Parole de Dieu de cette nuit. Elle commençait par ces mots du prophète Isaïe : Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Saint Luc dans son récit écrivait : L’ange du Seigneur se présenta devant les bergers, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière.

À la messe du jour de Noël, qu’on va célébrer dans quelques heures, on va lire le début de l’Évangile de saint Jean : En lui, le Verbe de Dieu, était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. … En venant dans le monde, le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire la vie de tous ceux et celles qui l’accueillent et la laissent illuminer leur route.

Chrétiens, chrétiennes, notre foi de baptisés fait que nous ne fêtons pas seulement le soleil et l’espérance du printemps au bout de l’hiver. Nous fêtons Celui qui est le soleil par excellence, la venue parmi nous de Celui qui est la lumière du monde. Le Verbe s’est fait chair. Dans ce récit de saint Luc, récit tout plein de merveilleux, la naissance de cet enfant nous révèle la tendresse de Dieu à l’égard de l’humanité.

La deuxième lecture nous faisait lire un passage de la lettre de l’apôtre Paul à Tite : En Jésus, la grâce de Dieu nous apprend à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété. Un plus loin dans cette même lettre, il écrit qu’en Jésus, Dieu a manifesté sa bonté et sa tendresse pour toute l’humanité. Ce que Jésus est venu nous apprendre, et nous ne pouvions nier que c’est là un message essentiel à la vie entre nous, c’est l’amour.

Elle est belle cette image de la crèche, sortie de ce qui habitait le cœur de François d’Assise. La tradition veut que ce soit lui qui ait organisé la première crèche à l’occasion de la messe célébrée dans la nuit. Ont dit qu’il avait placé près de l’autel des personnes rappelant Marie et Joseph, et les bergers, et aussi des moutons, un bœuf et un âne, mais pas d’enfant. Il aurait expliqué que la présence de Jésus serait manifestée par l’Eucharistie qu’on allait célébrer, par le geste du partage du pain.

La crèche est porteuse d’un message qu’il est difficile de ne pas saisir. Elle nous fait entrer dans la dimension chrétienne de cette fête, qui est beaucoup plus qu’une façon populaire de nous faire passer à travers l’hiver. Célébrer chrétiennement Noël, c’est accueillir celui qui vient déposer au fond de notre cœur l’amour que Dieu nous porte et faire que nous soyons, dans ce monde si troublé, des personnes capables de bonté, de douceur, de paix, de joie, d’espérance.