Homélie "Évangéliser par nos engagements !" 17e Dimanche, année B, 2018

Homélie
2019/01/04
Homélie "Évangéliser par nos engagements !" 17e Dimanche, année B, 2018

Évangéliser par nos engagements !

Homélie

(2R 4,42-44 ; Éph 4,1-6 ; Jn 6,1-15)

Cathédrale Notre-Dame de Québec

17e Dimanche, année B, 2018

La préoccupation qui surgit spontanément dans le cœur du Seigneur, en voyant ce grand nombre de gens venus l’entendre, c’est qu’ils doivent sûrement être fatigués et avoir faim. La première parole de Jésus s’adresse alors à Philippe et c’est pour lui dire : Allez acheter du pain pour que ces gens aient de quoi manger. Il faut croire que le groupe des Douze avaient une petite caisse pour leurs propres besoins, mais on voit bien que cet argent devait servir aussi à des gestes de partage, et que Jésus y tenait.

Le récit nomme Philippe puis André, laissant entendre que les autres apôtres et que des disciples étaient là avec Jésus. Ce sont eux qu’il fait intervenir. En multipliant les pains, Jésus donne une indication claire de ce que ses disciples devront faire quand il ne sera plus là. Ils devront comme lui mettre en œuvre leur souci des autres, leur initiative, leur générosité et multiplier le pain, nourrir ceux qui ont faim, aider ceux qui sont mal pris.

En rédigeant cette réflexion, il m’est venu à l’esprit le souvenir de deux femmes qui vivaient dans cette paroisse et donc venaient prier et célébrer dans cette cathédrale, Marcelle Mallet et Marie Fitzbach. À la demande de l’Archevêque, Mgr Turgeon, elles ont fondé deux communautés religieuses bien connues ici à Québec : les Sœurs de la Charité et les Sœurs du Bon Pasteur, en 1849 et 1850.

Ce que l’Archevêque leur demandait, en tout premier lieu, c’était d’accueillir des personnes qui avaient besoin de pain et d’un toit. Quand elles accueillaient des femmes, des enfants, des vieillards qui manquaient de tout, elles les faisaient d’abord s’asseoir à table et pour cela elles comptaient nécessairement sur l’appui généreux des gens de la paroisse.

Il est indiqué sur le mur de ce local, qui est là à votre droite, que dans cette paroisse a été fondée, en 1846, la première Société Saint-Vincent-de-Paul du pays. Depuis plus d’un siècle, des paroissiens ont su garder vivant ce souci d’entraide et de partage. Chaque mois, ils font appel à la générosité des gens venus à la messe dans cette église pour que soit encore entendu l’appel du Seigneur à multiplier le pain. 1846, 1849, 1850, trois événements qui disent bien qu’à cette époque on savait répondre à l’appel du Seigneur, donner à manger à ceux et celles qui ont faim, de pain, d’accueil, d’amitié.  

Qui ne remarque pas le souci qu’a le pape François d’aller visiter, surtout, des pays moins importants, moins influents aux plans politique et économique, et là, de se rendre dans des quartiers pauvres, de rencontrer des malades, des handicapés, des opprimés. Partout où il va, son sourire manifeste qu’il est heureux de vivre ces rencontres. Ce que fait le pape François, ce que font les membres de la Société Saint-Vincent-de-Paul, ce que faisaient Marcelle Mallette et Marie Fitzbach, ce que font leurs communautés, n’est-ce pas faire oeuvre d’évangélisation. 

La liturgie eucharistique comporte un très beau symbole pour rappeler cela. Ces morceaux de pain et cette coupe de vin, que des membres de notre assemblée vont apporter et que le prêtre va tenir dans ses mains à l’offertoire, sont le fruit du travail de tellement de gens. Il est incalculable le nombre d’hommes et de femmes qui, d’une façon ou d’une autre ont travaillé, ont fait que cette Eucharistie peut être célébrée. Le président de notre assemblée va dire ces paroles : Tu es béni, Dieu notre Père, toi qui nous donnes ce pain et ce vin fruit de ta création, de la nature et du travail humain.

Il est à remarquer que ce miracle de la multiplication des pains, Jésus n’a pas voulu le faire à partir de rien, ni le faire seul. Mais non ! Il a pris des aliments préparés et fabriqués par des hommes, le fruit du travail humain. Les cinq pains d’orge et les deux poissons du jeune garçon, l’Évangéliste précise, du jeune garçon, un détail intéressant. Ces pains et ces poissons, distribués par les disciples, nous disent clairement que l’action de Dieu ne remplace pas la responsabilité des hommes et des femmes auxquels il a confié la poursuite de son œuvre créatrice. Jésus tient à rappeler à ses disciples leur responsabilité, il les prépare à ce qu’ils devront faire à la suite de son départ et au cours des siècles.

Mais si Dieu a voulu que les femmes et les hommes aient cette intelligence qui leur permet de multiplier les ressources de la terre, son dessein n’est pas qu’ils se limitent à cela. Jésus va le rappeler à la suite de cette multiplication des pains, reprenant les mots du Deutéronome, des vieux mots pris dans un ancien récit, ce qu’il faisait souvent : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu. Le récit de ce dimanche se termine en montrant bien que Jésus n’a pas accepté qu’on l’enferme dans ce qui est temporel, sachant qu’on allait l’enlever pour faire de lui leur roi, il se retira dans la montagne, seul.

Disciples du Seigneur, notre baptême est un appel constant à mettre notre vie au service des autres, de toutes sortes de manières, chacune, chacun à notre façon. Notre cœur et nos mains nous font nous engager dans des tâches quotidiennes, bien humaines, et souvent tellement ordinaires. Nous devons entendre nous aussi la parole de Jésus nous invitant à mettre notre cœur et nos mains au service de ceux et celles qui comptent sur nous.

Écoutons ces mots du pape François dans son exhortation La joie de l’Évangile, des mots très proches de la vie : Le disciple de Jésus sait bien que sa vie donnera du fruit, mais sans prétendre comment, ni où, ni quand. Il est sûr qu’aucune de ses œuvres faites avec amour ne sera perdue, ni aucune de ses préoccupations sincères pour les autres, ni aucun de ses actes d’amour envers Dieu, ni aucune fatigue généreuse, ni aucune patience douloureuse. Tout cela envahit le monde comme une source de vie. …. Peut-être que le Seigneur passe par notre engagement, notre prière pour déverser des bénédictions quelque part dans le monde, dans un lieu où nous n’irons jamais

Marc Bouchard, prêtre