Homélie de M. l'abbé Marc Bouchard à l'occasion du second dimanche de l'Avent 2015

Homélie
2015/12/08
Homélie de M. l'abbé Marc Bouchard à l'occasion du second dimanche de l'Avent 2015

2e dimanche de l’Avent 2015

Homélie

(Ba 5,1-9 ; Ph 1,4-6.8-11 ; Lc 3,1-6)

Jérusalem, quitte ta robe de tristesse ! C'est à un moment où tout allait mal en Palestine qu'un prophète osait crier ce message d'espérance.  Ce message nous est redit aujourd'hui, à nous, nous rappelant que c'est toujours dans un contexte comme celui-là, dans un contexte difficile, que l'espérance chrétienne se manifeste, affirmant avec force que le monde peut quitter sa robe de tristesse pour revêtir la parure de la Gloire de Dieu

Dimanche dernier, le pape François a célébré, dans la cathédrale de Bangui en Centrafrique, l’entrée dans le temps de l’Avent et dans l’année de la Miséricorde. Après l’ouverture de la Porte Sainte et la célébration de l’Eucharistie, il a rencontré des jeunes de ce pays où une guerre civile dure depuis des années.

Il a osé leur dire : Le Seigneur est vivant, et il marche à vos côtés. Quand les difficultés semblent s’accumuler, quand la douleur, la tristesse dominent autour de vous, il ne vous abandonne pas. … La présence de Jésus  avec vous doit être  la source de votre espérance et de votre courage pour passer sur l’autre rive avec lui, en ouvrant des chemins nouveaux pour vous et votre génération, pour vos familles, pour votre pays. Je prie pour que vous ayez cette espérance. …  N’oubliez pas, le Seigneur est avec vous. Il a confiance en vous, Il souhaite que vous soyez ses disciples-missionnaires. 

C’est là le message de ce temps de l’Avent, un appel qui nous est adressé en un temps difficile. Pensons au terrorisme qui sème la peur partout, aux changements climatiques qui assombrissent l’avenir de notre planète, de notre maison commune, comme dit le Pape. Le texte évangélique de ce dimanche est à un appel à nous laisser imprégner par l’esprit de l’Avent et à raviver notre espérance.

La Parole de Dieu nous indique trois conditions nécessaires pour que notre espérance soit vraiment chrétienne, capable de chasser toute tristesse, toute crainte, tout découragement.

La première : nous devons avoir dans le cœur cette certitude que Dieu est vraiment au travail, qu'il est à l'oeuvre aujourd'hui, dans notre monde, dans notre vie. Saint Paul le disait, et très clairement: Puisque Dieu a si bien commencé chez vous son travail, je suis persuadé qu'il le continuera jusqu'à son achèvement, au jour où viendra le Christ Jésus

Il est bon de se faire dire que Dieu est à l’œuvre chez nous, dans notre vie, dans le milieu qui est le nôtre, qu’il poursuit ce qu’il a commencé, mais à la condition que nous fassions chacun, chacune notre part pour nous donner un avenir meilleur. N’est-ce pas ce que font ces dirigeants de 155 pays réunis à Paris ? Prions qu’ils vont laisser l’Esprit agir en eux, qu’ils vont penser aux jeunes générations et à celles à venir.

Si Dieu est à l'œuvre, s’il fait actuellement surgir du neuf, si sa grâce est en train de faire venir l'humanité nouvelle, le monde ne peut pas s'en aller vers l'échec, vers l'impasse.  Si Dieu est à l'oeuvre dans notre histoire personnelle, notre vie ne peut pas être sans valeur,  ne peut pas nous mener ailleurs que dans son Royaume. 

Gardons en nous cette conviction que Dieu est toujours au travail, et que notre vie est collaboration à son oeuvre. Et justement, la deuxième condition pour que notre espérance soit vraie et tenace, c'est de croire que Dieu nous demande, à nous,  ici et maintenant, de participer à la venue de ce monde nouveau: Préparez le chemin, aplanissez la route,  criait Jean-Baptiste à la suite du prophète Isaïe. Entendons ce même cri aujourd'hui. 

Dieu est  le Tout-Puissant, le Très-Haut, mais il ne se tient pas au loin, comme s'il voulait tout faire tout seul. Toute l'Écriture, au contraire, nous parle d'un Dieu qui fait alliance, nous confie la responsabilité vraie, réelle d'aplanir sa route, de combler les ravins, d'abaisser les collines et les montagnes, de redresser les passages tortueux, de corriger les routes déformées.  C'est tout un travail qui nous est proposé, une tâche de bâtisseur d’un monde nouveau ! 

Peut-être avons-nous envie de dire que nous ne pouvons pas changer le monde, et c'est sûrement vrai.  Mais si nous ne pouvons pas changer le monde, nous pouvons certainement changer nos coeurs. Il y a en nous des montagnes d'égoïsme, des collines de refus de l'autre, des ravins de jugement, des passages tortueux de mensonges. Il y a tout cela en nous et bien d'autres faiblesses !  Le Seigneur veut ajouter sa grâce aux efforts que nous faisons pour nous libérer de tout cela.

Une troisième condition pour que notre espérance soit chrétienne, c'est de croire que tout cela n'est pas pour demain, mais pour aujourd'hui. Quand saint Luc raconte la venue de Dieu dans la vie de Jean-Baptiste, il prend la peine de dater ces événements avec précision. L'an quinze du règne de Tibère.  C'est en ce temps-là, très précisément, que la Parole de Dieu fut adressée à  un homme complètement inconnu qui vivait dans le désert.  Et c'est, cet homme de la parole et de la prière, qui a engagé l'histoire du monde dans un tournant extraordinaire, c’est lui qui a donné à Jésus ses premiers disciples. 

Oui, Dieu est au travail.  Préparons son chemin.  N'attendons pas.  Voici Celui qui vient. Comme le pape Jean-Paul II le disait au début de son pontificat, comme le pape François le redit : Ouvrons au Christ les portes de notre coeur, laissons-le occuper tout l'espace, tout le temps de notre vie. … Préparez le chemin du Seigneur.  Prenons un moment de silence pour nous demander : Seigneur, qu'attends-tu de moi?  Quel ravin ai-je à combler? Quel passage tortueux ai-je à redresser?  Est-ce que je crois que le Seigneur est avec moi sur la route ? Est-ce que cela me garde dans l’espérance, une espérance joyeuse malgré tout ?