Homélie - 5e dim. ord. A 2020

Homélie
2020/02/10
Homélie - 5e dim. ord. A 2020

5e dimanche ordinaire (Année A 2020)

"Être comme Lui lumière du monde"

Homélie
(Is 58,7-10 ; I Cor 2,1-5 : Mt 5,13-16)

Dans ce récit de l’évangile de saint Matthieu, nous entendons Jésus nous dire : Vous êtes la lumière du monde. Juste avant, on nous rappelait une autre parole de Jésus, celle-là dans l’évangile de saint Jean (8,12) : Moi, je suis la lumière du monde. Jésus, qui se présente comme étant lui-même la lumière du monde, nous dit à nous, venus le rencontrer en ce dimanche : Vous êtes la lumière du monde. Des paroles fortes qui, dites l’une après l’autre, ne sont pas sans nous interpeller, et très sérieusement ! Jésus nous invite à poursuivre sa propre mission, être lumière dans le monde.

Vous êtes le sel de la terre, Vous êtes la lumière du monde, Quand il a osé dire, pour la première fois, ce qu’il dit en ce dimanche aux chrétiens et chrétiennes de partout, Jésus s’adressait à un petit groupe d’hommes et de femmes venus l’écouter. Il parlait alors à des gens de Capharnaüm et des alentours en Galilée, des gens bien ordinaires, des cultivateurs, des artisans, et sûrement aussi des malades, des handicapés. Parmi ces gens-là, de ceux qui ont répondu à l’appel de Jésus, il en est quelques-uns dont nous connaissons les noms, par exemple les apôtres, mais presque tous sont demeurés des inconnus. Et tous, connus et inconnus, ont été le sel de la terre, la lumière du monde. Sans eux nous ne serions pas ici. Ce sont eux qui pour garder bien vivante la mémoire de Jésus ont formé ces toutes premières communautés de chrétiens, de chrétiennes et qui par leur témoignage ont fait qu’on n’a pas cessé de se joindre à eux. Leur vie était sel et lumière. Rassemblés en ce dimanche, habités par la même foi qu’eux, la foi en Jésus le Ressuscité, nous sommes la preuve que ces premiers chrétiens et chrétiennes ont marqué l’histoire du monde.

Jésus n’hésite pas à redire aujourd’hui les mêmes paroles, à oser nous dire qu’il compte sur nous, qu’il nous fait confiance, à nous ici et à ces millions de chrétiens, de chrétiennes de notre pays, de tous les pays réunis en ce dimanche pour faire mémoire de lui. Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde… Il dépend donc de vous, nous dit-il, que le monde d’aujourd’hui ait le goût, la saveur de l’Évangile, que ce monde, au milieu duquel vous vivez, voit briller la lumière de l’Évangile, que ce monde continue à vivre les valeurs de l’Évangile, même s’il ne sait pas ou ne veut pas reconnaître que ce sont ces valeurs-là qui donnent tout son sens à la vie.

Vous êtes le sel de la terre… Sept mots qui sont comme une mini-parabole. De même que le sel donne du goût aux aliments, les disciples de Jésus doivent donner de la saveur à la vie de leur milieu. Quand Jésus demande à ses disciples d’être sel de la terre, il les appelle à être dans le monde une présence qu’on remarque parce qu’elle contribue à rendre le monde meilleur. Vous êtes la lumière du monde… Jésus évoque un autre symbole. À son époque, les maisons des gens humbles de son pays n’avaient qu’une seule pièce. Le soir, quand venait la noirceur, on allumait une lampe qu’on plaçait au centre de la pièce pour que tout le monde profite de sa clarté. Une comparaison toute simple que Jésus a souvent employé, qu’il continue à utiliser pour dire que par leur vie, leurs bonnes actions, leurs paroles, les disciples peuvent, doivent porter au milieu du monde la lumière de l’Évangile.

Dans la célébration du baptême, le célébrant remet un cierge allumé aux parents, au parrain et à la marraine, en disant : C’est à vous, parents, parrain et marraine, que cette lumière est confiée. Veillez à l’entretenir pour que cet enfant, illuminé par le Christ avance dans la vie en enfant de lumière. Autrefois, avant de remettre le cierge, on faisait un autre geste. On déposait une pincée de sel dans la bouche de l’enfant en disant : Reçois le sel de la sagesse, qu’il te purifie pour la vie éternelle. Il est évident que c’était pour rappeler les paroles de Jésus entendues aujourd’hui.

Être chrétien, être disciple de Jésus, ce n’est pas qu’une croyance quelconque, quelque chose de purement personnel, d’intérieur, qu’on garde pour soi. On ne cesse pas d’être disciple de Jésus quand on quitte sa maison pour aller travailler, pour aller régler des affaires, pour aller faire son magasinage, pour aller visiter des amis. On ne vit pas l’Évangile uniquement pendant les temps de prière, durant la célébration des sacrements. Si le sel se dénature, il n’est plus bon à rien… On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau. Jésus se donne la peine de dire, et bien clairement, que la vie d’un chrétien, d’une chrétienne, notre vie doit, tout le temps et partout, avoir la saveur de l’Évangile, être porteuse de la lumière de l’Évangile. C’est le message des trois lectures et du psaume de la Parole de Dieu d’aujourd’hui qu’il vaudrait la peine de relire au cours de la semaine.

Comme à ce petit nombre de gens très simples et sans moyens de Galilée devenus par la grâce de Dieu sel de la terre et lumière du monde, Jésus nous appelle, tels que nous sommes, avec nos moyens à nous, de mettre un peu de sel, de donner un peu plus de saveur à notre milieu, d’y faire briller un peu plus de lumière.

Marc Bouchard, prêtre

mbouchard751@gmail.com