Homélie - 4e dimanche de l'Avent

Homélie
2019/12/19
Homélie - 4e dimanche de l'Avent

4e dimanche de l'Avent (A) - 2019
Marie comblée de grâce, Joseph un homme juste
Homélie
(Is 7,10-16 ; Ps 23 ; Rm 1,1-7 ; Lc 1,18-24)

Si on ouvre le Nouveau Testament, le premier livre qu’on peut y lire est l’évangile de saint Matthieu. Ce livre commence par une longue généalogie qui fait remonter Jésus jusqu’à David et Abraham. Cette généalogie est suivie de ce récit que la liturgie nous fait proclamer en ce quatrième dimanche de l’Avent. Deux textes qui forment le premier chapitre du Nouveau Testament et qui veulent intégrer l’enfant de Noël dans la longue histoire du peuple de Dieu.

Dans le deuxième, il est parlé des parents de Jésus, Marie et Joseph. Surtout de Joseph, car nous est racontée de l’annonciation qui lui est faite de la naissance de Jésus. Il y est dit que Joseph était un homme juste. Cet adjectif, juste, est important parce que, appliqué à quelqu’un, il a un sens particulier dans la Bible, dans les Saintes Écritures. On parle alors d’une personne qui a comme attitude première d’ajuster sa vie à la volonté de Dieu, et donc de faire, le plus fidèlement possible, ce que Dieu lui demande. On doit donc penser que Dieu a choisi Joseph pour être l’époux de Marie et le père de Jésus parce qu’il était un homme juste. Cette qualité qui a marqué sa vie était une grâce, un don de Dieu, que Joseph a accueilli et auquel il a été résolument fidèle. C’est sûrement ce que l’évangéliste veut nous dire : on savait peu de choses de Joseph, mais on savait cela.

À la fin de ce récit, il y a ces autres mots : Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit. De plus, il est dit que c’est lui qui donnera à l’enfant, qui naîtra de Marie, le nom de Jésus. Cela aussi est important parce que, dans la tradition biblique, ça indique le rôle majeur que Joseph aura à jouer dans la vie de Jésus. Son rôle de père fera de lui l’éducateur de Jésus, il ira jusqu’à lui apprendre son métier de charpentier. Ils vivront donc très proches l’un de l’autre. Osons ajouter à ce récit de Matthieu des paroles de l’évangéliste saint Luc, dans son récit de l’annonciation à Marie, que la liturgie nous a fait lire vendredi : Marie, comblée de grâce, dit alors : Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. On ne peut s’empêcher de faire un rapprochement entre Joseph, homme juste et Marie comblée de grâce. On peut ajouter cet autre rapprochement entre Joseph fit ce que l’ange lui avait prescrit et Marie dit à l’ange qu’il m’advienne selon ta parole.

Nous voilà tout proches de la fête de Noël, de la célébration de la naissance de Jésus. La liturgie nous fait terminer ce temps de l’Avent en nous invitant à bien voir ce qui habitait le cœur de Marie et de Joseph. Ne pourrait-on pas dire que, d’une certaine façon, ils ont été les premiers disciples de Jésus, les premiers à accueillir le Sauveur et à le laisser occuper toute la place dans leur vie. Ils ont vécu ensemble la présence, dans leur foyer, de cet enfant qui grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était avec lui. Comme tous les parents, ils n’ont pas été pas sans s’interroger l’un et l’autre au sujet de leur fils, qui n’était sûrement pas sans les étonner. Il devait assez souvent être l’objet de leurs échanges. Rappelons-nous ce jour où il s’est éloigné d’eux, l’ont cherché et l’ont retrouvé en train de discuter avec les docteurs de la loi dans le Temple. Pour reprendre les mots de l’Évangile, Marie et certainement aussi Joseph méditaient tout cela dans leur cœur, et ça devait être présent dans leur prière. La présence, l’action de l’Esprit Saint, comme dit le récit évangélique, les a guidés et les a gardés fidèles à l’engagement qu’ils avaient pris, l’un et l’autre, lors de la visite de l’ange.

Notre foi nous dit que cet enfant dont le nom donné par Joseph signifiait Le-Seigneur-sauve était le Fils de Dieu venu vivre notre vie. Notre foi nous dit aussi qu’il a donné sa vie sur la croix pour que nous soyons sauvés et qu’il est ressuscité, qu’il est vivant, qu’il reviendra à la fin des temps. Notre foi en lui vient mettre dans nos cœurs et dans nos vies la joie de Noël, la joie qu’ont connue et vécue Joseph et Marie, dans leur vie avec lui. Nous croyons qu’il vient maintenant, que cette Eucharistie nous dit qu’il vient demeurer en nous pour que nous demeurions en lui comme cela nous dit dans l’évangile de saint Jean. Telle est la foi de notre baptême. Ce mystère que Noël nous fait célébrer, ce mystère qui est au coeur de notre vie, de notre histoire, ce mystère qui nous identifie comme chrétiennes, comme chrétiens, comme disciples de l’Enfant de Bethléem, devenu le Ressuscité de Pâques. Ce mystère que nous revivons chaque dimanche, le Jour du Seigneur quand nous nous retrouvons pour faire mémoire de Lui, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous.

Réentendons ces paroles par lesquelles se terminait la deuxième lecture et qui nous sont adressées en ce dimanche qui nous prépare à célébrer la venue du Sauveur : À nous qui sommes appelés à être des saintes, des saints, que la grâce et la paix nous soient accordées de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ. Prions Marie et Joseph, leur demandant de nous apprendre comment être fidèles à la grâce dont nous avons été comblés le jour de notre baptême, comment être, à leur exemple, des hommes et des femmes justes, capables d’ajuster notre vie quotidienne à la volonté de Dieu. Ne serait-ce pas là la grâce de Noël ?

Marc Bouchard, prêtre