Homélie - 4e dimanche de l'Avent B 2020

Homélie
2020/12/15
Homélie - 4e dimanche de l'Avent B 2020

4e dimanche de l'Avent B 2020

Notre-Dame de l'Avent

Homélie
(Sam 7,1-5.8b-12.14a-16 ; Rom 16,25-27 ; Lc 1,26-38)

Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. Ces paroles qui s’adressent à Marie ne cessent jamais d’être dites, par de très nombreuses personnes, partout dans le monde. Il y a toujours des chrétiennes, des chrétiens qui prient avec ces mots, les disant cinquante-trois fois de suite dans la prière du chapelet. Ce sont aussi et surtout des mots de l’Évangile, que la liturgie nous fait entendre en ce quatrième dimanche de l’Avent et dans tellement de célébrations tout au long de l’année.

Remarquons que l’expression Je te salue inclue en hébreu et en latin l’idée de réjouis-toi, sois joyeuse, c’est d’ailleurs qu’on la trouve écrite dans certaines traductions de la Bible. Remarquons aussi que Comblée-de-grâce est écrit dans la nouvelle traduction liturgique de la Bible, donc dans le Prions en Église, comme si c’était un nouveau nom donné à Marie, soit avec un C majuscule et des traits d’union, on en fait comme un seul mot. La Bonne Nouvelle, la joyeuse nouvelle qui est annoncée à Marie est exprimée : L’Esprit Saint viendra sur toi, celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. Quand saint Luc a écrit ce récit de l’Annonciation, il reflétait ce qui se disait dans les communautés chrétiennes et donc exprimer la place importante qu’on attribuait déjà à Marie. Déjà, à la fin du premier siècle, l’Église rendait hommage à Marie lui attribuant un rôle unique dans l’histoire du salut.   

On comprend, cela va de soi, qu’en faisant entrer dans sa liturgie la fête de Noël, célébration de la venue du Fils de Dieu dans notre monde, l’Église ne pouvait pas ignorer sa mère. On lui a souvent donné le titre de Notre-Dame de l’Avent. Le mystère de l’Annonciation a marqué le début du tout premier Avent, le début de cette joyeuse attente que Marie a vécue après la visite de l’Envoyé de Dieu. Cette attente, elle l’a vécue chez elle, dans sa maison de Nazareth. Cet Avent nous est rappelé dans un autre très beau récit de saint Luc, la Visitation de Marie à sa cousine Élisabeth qui vivait elle aussi l’attente d’un enfant.

La première lecture était l’annonce, bien longtemps à l’avance, de ce mystère de l’Avent, ce mystère de la venue du Sauveur. Le roi David se voit vieillir et voit passer les années. Il pense alors à ce qu’il va laisser à ceux et celles qui vont venir après lui, ce qu’il va laisser à son peuple. Un temple, construire un temple, voilà le projet qui surgit dans son esprit, bâtir une maison pour Dieu, construire un temple à Jérusalem pour abriter l'Arche d'Alliance. Il consulte le prophète Nathan qui, dans un premier temps, lui dit oui, mais après une nuit de réflexion et de prière, revient lui dire que tel n’est pas le désir de Dieu. C’est le contraire qui va se produire, Dieu va lui donner une maison et c’est sa descendance qui va être cette maison où Dieu veut venir habiter. Le Seigneur te fait savoir qu’il te fera lui-même une maison. Quand ta vie sera achevée et que tu reposeras auprès de tes pères, je te donnerai un successeur dans ta descendance.  Je serai pour lui un père, il sera pour moi un fils. Ta maison et ta royauté subsisteront toujours devant moi, ton trône sera stable pour toujours. Cette promesse de Dieu faite à David va se réaliser, mais bien au-delà de sa dynastie royale. C’est ainsi que ce texte a toujours été compris; on le voit déjà dans cette généalogie par laquelle commence l’évangile de saint Matthieu. De la descendance du roi David va naître le Messie et c’est lui qui sera le vrai temple de Dieu.

Le récit de l’Annonciation nous fait voir la réalisation de cette promesse faite au roi David. Le corps de Marie devient le premier lieu où Jésus, le Messie, le Sauveur, le Fils de Dieu, vient établir sa demeure. Marie, Notre-Dame de l’Avent, devient alors la première demeure du Sauveur, et donc la première à avoir vécu l’attente de sa venue. Tous les textes de la Parole de ce quatrième dimanche de l’Avent nous invitent à contempler ce mystère de grâce, qui est lumière et joie pour notre vie de croyantes, de croyants, cette visite de l’ange venu apprendre à Marie qu’elle serait mère, et la Mère du Sauveur. C’est aussi cette joie chantée par les anges dans la nuit de Noël, cette joie que Jésus va nous offrir quand il quittera ses disciples : Que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite.

Marie est la première à accueillir cette joie qui accompagne toujours la venue de Jésus, notre Sauveur et notre Seigneur ; sa vie sera marquée par la paix et la joie, que rien ne parviendra à éteindre, pas même la passion et la mort de son Fils sur la croix. La question de Marie - Comment cela pourra-t-il se faire ? – manifeste bien que Marie ne comprend pas tout ce qui lui arrive. Cette annonce de l’amour de Dieu, qui vient saisir sa personne et sa vie, demeure pour elle un mystère dont elle ne découvrira pleinement le sens qu’au matin de Pâques. Pour que le Fils de Dieu vienne dans notre monde, il semble bien qu’il faut l’acquiescement de Marie. Déjà, en ce jour de la visite de l’ange, elle dit sa disponibilité totale : Voici la servante du Seigneur ! Marie entre ainsi dans l’aventure de la foi, ce jour où elle a dit : Que tout se passe pour moi selon ta parole.

Salut à toi, humble jeune fille de Nazareth, toi qui as prêté l’oreille à la parole de Gabriel, toi qui as acquiescé à la demande du Seigneur. Tu n’as pas cédé à la peur, tu ne t’es pas réfugiée derrière la prudence humaine, tu as fait confiance au Seigneur au-delà des calculs raisonnables des humains. Toi, l’humble jeune fille, tu es devenue à jamais l’audacieuse croyante. Donne-nous à notre tour, donne-nous d’oser l’impossible, donne-nous de reconnaître aujourd’hui Celui qui vient, notre bien-aimé Frère et Seigneur. Amen

Marc Bouchard, prêtre

mbouchard751@gmail.com