Homélie - 4e dim. ord. B 2021

Homélie
2021/01/28
Homélie - 4e dim. ord. B 2021

4e dimanche ordinaire B 2021

Voilà un enseignement toujours nouveau !

Homélie
(Dt 18,15-20 ; Ps 94 1.6.8 ; I Cor 7,32-35 ; Mc 1,21-28)

Saint Marc commence son Évangile en faisant connaître clairement qui est celui dont il va raconter la vie et aussi quelle est sa mission : Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. Suivent trois courts versets pour rappeler le baptême de Jésus, voulant que le premier geste de sa vie publique le fasse se mêler à ces gens au milieu desquels il va vivre et à qui il veut annoncer la Bonne Nouvelle. Deux autres courts versets font connaître son séjour dans le désert, un long temps de prière, de préparation à sa mission. Il conclue cette introduction par les mots suivants : Puis il partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu.

Cette longue marche sur les routes de la Galilée, Jésus sait bien qu’il ne peut pas l’entreprendre seul, car elle sera exigeante et devra se poursuivre bien au-delà de ce temps qui va lui être donné. Il n’hésite donc pas à inviter, à se joindre à lui, quatre pêcheurs qu’il rencontre et qui se montrent prêts à le suivre. Nous savons leurs noms, depuis longtemps ; ils sont parmi ces premiers personnages historiques qu’on nous a fait connaitre alors que nous étions tout jeunes : Simon, qui deviendra Pierre, et André son frère, puis deux autres frères, Jacques et Jean. Il les amène avec lui, à Capharnaüm, ville qui deviendra leur lieu de résidence. Aussitôt, le jour du sabbat, ils se rendent à la synagogue et voilà que Jésus s’avance et prend la parole. Personne n’est surpris, car tout juif pouvait se présenter et commenter les textes des Écritures qu’on venait de proclamer. N’oublions pas que saint Marc tient, dès le début de son récit à présenter celui qu’il veut faire connaître. Et là, écrit-il, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes.  

Jésus enseignait, et pas comme les autres ! Que saint Marc présente Jésus de cette façon dès le début de son Évangile n'est pas sans importance. Il veut attirer l’attention de ses lecteurs sur les paroles de Jésus, des paroles qu’il se sent appelé à mettre par écrit pour qu’elles ne soient jamais oubliées. Jésus, l’Homme de la Parole, cette Parole qui a marqué l’histoire de l’humanité et qui ne cessera jamais d’être proclamée. Jésus se rendit à la synagogue et là, il enseignait. Jésus enseignait ! N’est-ce pas ce qui nous est rappelé chaque fois que nous tournons notre regard vers l’ambon de notre chapelle. Cette magnifique représentation de Jésus enseignant ! Jésus enseignait ! Cela nous est rappelé chaque fois que nous tournons notre regard vers ce lieu où à chaque eucharistie, la Parole de Dieu est proclamée et commentée. Jésus, l’Homme de la Parole.

Le mont enseigner revient quatre fois dans ce court récit que la liturgie nous fait entendre aujourd’hui: Jésus se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. … On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité. Puis à la fin, les hommes de Capharnaüm présents dans la synagogue, se mettent à se dire entre eux : Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec autorité et non pas comme les scribes ! L’enseignement de Jésus, l’Évangéliste le met en lien avec un geste de Jésus, il libère un possédé du démon qui l’habite : la Parole de Jésus, une Parole qui libère. Jésus ne s’exprime pas seulement en paroles mais aussi en actes et il y aura toujours un lien entre sa parole et ses actes. Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée.  L’annonce de la Parole de Dieu, essentielle à la mission de Jésus est au cœur de sa vie publique ! Sa Parole a marqué l’histoire de l’humanité. Elle n’a jamais cessé d’être dite, depuis cette première prise de Parole dans la synagogue de Capharnaüm. C’est ce que saint Marc veut dire à ses lecteurs, avec insistance, et le dire à l’Église de son temps, nous le dire à nous vingt siècles plus tard.

Jésus enseignait dans la synagogue de Capharnaüm. Il se peut fort bien que certains de ceux qui l’écoutaient, connaissant les Écritures, aient alors pensé à la promesse que Dieu avait faite à Moïse, qui nous a été rappelée dans la première lecture : Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi ; je mettrai dans sa bouche mes paroles. Pour les juifs, Moïse est un personnage tout à fait exceptionnel : il est le fondateur de leur peuple, son guide, son législateur.  Saint Marc veut faire savoir aux lecteurs d’alors et de maintenant qu’avec l’arrivée de Jésus à Capharnaüm et sa prise de parole dans la synagogue, quelque chose de tout à fait nouveau se produit dans l’histoire du peuple élu, et même dans le monde. Comme cela était arrivé avec Moïse. À l'enseignement des scribes vient se substituer celui du Messie, du Sauveur et la preuve en est tout de suite donnée. Voilà un enseignement nouveau, disent les premiers auditeurs de Jésus. La Parole de Jésus, Christ, Fils de Dieu !

À partir de ce jour-là, la Parole de Jésus a été proclamée, comme en trois temps, qu’on peut situer dans l’histoire. La proclamation de la Parole de Dieu fait partie de l’histoire de l’humanité. En tout premier, il y a la parole de Jésus lui-même, quand il a parcouru les routes de la Palestine, depuis son baptême jusqu’à sa mort sur la croix. Il n’a laissé aucun écrit car il voulait confier sa Parole à la mémoire du cœur de ses apôtres, de ses disciples. La mission qu’il va leur laisser quand il les quittera, ce sera de parler de lui, de faire entendre ce qu’il est venu proclamer, lui le Verbe de Dieu. Un deuxième temps, celui qui a suivi la Pâques la Pentecôte. La foi en Jésus vivant et le don de l’Esprit, ont fait surgir la prédication de Pierre et de ses compagnons et cette proclamation de la Parole a fait naître la communauté des disciples de Jésus, l’Église. Pour que le souvenir de Jésus et de sa Parole restent vivants et soient lumière dans la vie des communautés chrétiennes, l’Esprit a inspiré à des hommes de les mettre par écrit, ce sont les quatre Évangiles.

Un troisième temps, la proclamation continue de la Parole, ce que la tradition appelle la prédication et tout ce qui lui est connexe, ce ministère qui est au cœur de la vie de l’Église. Avec la Parole de Jésus dans leur cœur, les Évangiles dans les mains et dans leur coeur, des hommes, des femmes ont fait que, la Bonne Nouvelle n’a pas cessé d’être proclamée et d’être vécue. Le ministère de Jésus, puis des apôtres, puis de ceux et celles qui ont fait que la Parole de Dieu a parcouru toutes les routes du monde. Nous avons été, nous sommes de ceux et celles qui ont fait, qui font que ce troisième temps a duré jusqu’à maintenant, que la Parole de Jésus est toujours vivante, un enseignement toujours nouveau. Nous sommes du nombre de ces disciples qui ont répondu à l’appel de Jésus, qui ont contribué, qui contribuent à faire entendre cet enseignement, l’enseignement de Jésus dans la synagogue de Capharnaüm et sur les routes de la Galilée.

Si les premiers mots de l’Évangile de saint Marc sont : Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu, les derniers sont : Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé fut enlevé au ciel. Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. C’est là une réalité historique, la Parole de Jésus, et sa proclamation partout. Rendons grâce d’être de ceux qui la font entendre aujourd’hui et qui font qu’elle ne cessera pas d’être entendue quoi qu’il se passe.

Marc Bouchard, prêtre

mbouchard751@gmail.com