Homélie - 2e dimanche de l'Avent B 2020

Homélie
2020/12/07
Homélie - 2e dimanche de l'Avent B 2020

Deuxième dimanche de l'Avent B 2020

La longue route de l'espérance et de la fidélité

Homélie
(Is 40,1-5.9-11 ; II P 3,8-14 ; Mc 1,1-8)

On peut voir dans le texte de la première lecture comme un beau poème. Avec une allusion à l’Exode, la sortie de l’Égypte et la longue marche dans le désert, est annoncé le départ de Babylone, la fin de l’exil. Pourquoi ne pas entendre ces paroles comme si elles nous étaient dites à nous aujourd’hui comme un poème, donc un texte qui peut être vu comme toujours actuel. Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. C’est le temps du pardon, une invitation à regarder vers l’avenir, un appel à construire une route nouvelle. Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. C'est la première fois que cette expression bonne nouvelle est employée dans la Bible dans le sens où nous l’employons dans notre langage chrétien. Quelle est alors cette bonne nouvelle ? Voici votre Dieu...  Voici le Seigneur Dieu : il vient avec puissance et son bras est victorieux. Celui qui vient est le Tout-Puissant, le Victorieux ! Que fait-il pour son peuple qui s'est si souvent éloigné de lui ? Comme un berger, il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son coeur. Cette attitude de bonté, de tendresse du Seigneur Dieu qui vient, était dite aussi dans le psaume : Que dira le Seigneur Dieu ?  … La paix pour son peuple. … La justice marchera devant lui et ses pas traceront le chemin. Une bonne nouvelle pour aujourd’hui, l’annonce d’un temps nouveau, un beau poème qui vient raviver l’espérance et la confiance en Dieu. L’Emmanuel, Dieu avec nous !

On nous fait lire aujourd'hui le début, les tout premiers mots de l'évangile de saint Marc qui commence son récit de la vie de Jésus par un cri, un cri dans le désert. Qu'y a-t-il de neuf dans ce cri de Jean-Baptiste qui ne fait que redire les mêmes mots que le prophète ? La nouveauté consiste dans l'accomplissement, la réalisation de ce que les prophètes annonçaient depuis si longtemps, et particulièrement Isaïe, la venue du Sauveur, du Rédempteur. Voilà pourquoi l’Évangéliste commence son récit par l’événement du baptême du Seigneur, celui qui vient annoncer, qui est la Bonne Nouvelle du salut. C'est ce qui amène Jean-Baptiste à tenir un discours fort et exigeant, des paroles qui dérangent. Il met l'accent sur la conversion et le pardon des péchés. Se convertir, mais pourquoi ? Pour accueillir Celui qui va venir, celui qui vient inaugurer des temps nouveaux.

Nous nous préparons à fêter Noël, nous fêterons Noël, nous ne pouvons pas ne pas fêter Noël, quoique nous disent les directives gouvernementales. Tout ce dont on ne cesse pas de nous parler ne concerne que l’enveloppe que nos traditions populaires ont créée autour de cette fête, ce désir de laïciser ce qui est et demeurera une fête chrétienne. Nous devons à Celui, dont nous nous disons les disciples, de rappeler que Celui qui est venu autrefois à Bethléem, vient aujourd’hui encore dans notre monde et il vient pour nous inviter à faire le discernement, les discernements qui s’imposent dans ce qu’est devenue la vie aujourd’hui. Il ne s’agit pas que de la pandémie. Le Sauveur vient pour nous redire, et nous avons besoin qu’il nous le redise : Voyez quels hommes vous devez être, ce sont les mots de saint Pierre dans la deuxième lecture, en vivant dans la sainteté et la piété, vous qui attendez, vous qui hâtez le jour de Dieu. La Parole de Dieu de ce temps de l’Avent nous dit qu'il est urgent que nous trouvions le vrai chemin capable de nous mener vers un monde renouvelé.  Il nous faut collaborer à ouvrir une voie par où puisse venir une nouvelle société, une société où se vivraient tout au long de l'année ces valeurs tellement mises en évidence en ce temps de Noël, les valeurs de justice, de solidarité, de partage, d'entraide, de paix, d'amour.

Notre mission de baptisés ne disparaît pas parce que nous vivons une pandémie. Au contraire, cet événement mondial tout à fait imprévu peut être vu comme un appel à une conversion, à un examen de nos manières de vivre pour que nous nous engagions dans des changements réels, pour que nous prenions ensemble des décisions capables d'ouvrir un chemin neuf vers l'avenir, un avenir où il y aurait plus de justice et plus de paix. Il faut lire la récente lettre du pape François nous redisant l’appel qui est cœur de l’Évangile. Si quelqu’un croit qu’il ne s’agirait que d’assurer un meilleur fonctionnement de ce que nous faisions auparavant, ou que le seul message est que nous devrions améliorer les systèmes et les règles actuelles, celui-là est dans le déni. Je forme le vœu qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions ensemble faire renaître un désir universel d’humanité. Tous ensemble : voici un très beau secret pour rêver et faire de notre vie une belle aventure. 

Comme disciples de Jésus, pouvons-nous tenir un autre discours, pouvons-nous espérer un autre monde que celui que Jésus est venu annoncer ?  Surtout pouvons-nous refuser d'entendre cet appel présent dans tout l'Évangile, celui d'une vraie conversion du coeur ? Quelle personne peut oser dire qu'elle n'a pas elle-même des progrès à faire, des changements à opérer dans sa vie ?  Qui peut affirmer que notre société n'a pas actuellement à trouver de nouveaux chemins pour bâtir son avenir ?  L'Évangile ne peut pas être autre chose qu'un appel à la conversion et c'est tout le sens de l'Avent ! Mais pour oser appeler les autres à la conversion, il faut commencer par se convertir d'abord soi-même. Jean-Baptiste a commencé par vivre sa propre conversion et avant de parler, il adopte un style vie et pose des actes qui correspondent à la parole qu'il proclame. Puis il s’en va prêcher dans le désert. Il annonce que ce n’est pas lui qui sauve, mais Celui qui va venir et qui baptisera dans l’Esprit. La vie et les paroles de Jean-Baptiste nous redisent que nous avons toujours besoin d’être renouvelés dans l’Esprit, de renaître d’en-haut et dans l’Esprit.

Nous allons célébrer la naissance de Jésus il y a plus de 2000 ans, mais cela n’est pas suffisant, il faut qu’il y ait cette année et dans les années qui vont suivre une nouvelle venue de l’Esprit que Jésus a promise. Le contexte spirituel de notre époque est à la fois semblable et différent de celui du temps de Jean-Baptiste et de Jésus. C’est pourquoi nous avons besoin chaque année en ce temps de l’Avent de reprendre la longue route de l’espérance et de la fidélité.

Marc Bouchard, prêtre

mbouchard751@gmail.com