Homélie - 23e dimanche ordinaire A 2020

Homélie
2020/09/09
Homélie - 23e dimanche ordinaire A 2020

23e dimanche ordinaire (Année A 2020)

Homélie
(Éz 33,7-9 ; Rm 13,8-10 ; Mt 18,15-20)

L’Évangile nous met aujourd’hui devant ce qui fait, ce qui doit être l’originalité de tout regroupement de chrétiens, de baptisés, cette réalité qui est au cœur de toute communauté chrétienne, une foi ferme en la présence du Seigneur. C’est avec un cœur plein de joie que nous devons entendre, réentendre cette parole de Jésus à ses disciples, cette promesse si encourageante, particulièrement dans ces moments difficiles que nous vivons présentement : Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux.

Deux ou trois ! Pour que le Seigneur vienne nous rejoindre, il n’est pas nécessaire qu’il y ait foule, que tout le monde soit là ! Quand des baptisés, quel que soit leur nombre, se retrouvent ensemble à cause de Lui, il est là présent avec eux. N’est-il pas bon que cela nous soit redit en ce temps où nous avons besoin d’affermir notre foi, de retrouver le courage et l’audace d’être les témoins de Celui qui est la Voie, la Vérité, la Vie. Nos communautés eucharistiques dominicales témoignent d’une façon toute particulière de la présence du Ressuscité dans notre milieu, dans notre monde. Il en est de même pour toutes ces communautés où on se retrouve pour partager sa Parole, parler ensemble de Lui. Quand vous serez réunis en un lieu à cause de moi, je serai là avec vous.

Il faut porter attention à des mots de Jésus, tels que rapportés par saint Mathieu : Rassemblés à cause de Lui, ses disciples sont alors la communauté, l’assemblée de l’Église. N’est-ce pas affirmer que tout groupe de baptisés, même très modeste, réuni à cause de Jésus, est communauté de ses disciples, communauté chrétienne, et donc l’Église vivante. L’Évangéliste a mis cela par écrit parce que c’est ainsi que se voyaient les communautés qu’il fréquentait. Durant le premier siècle, on ne pouvait certainement pas parler de l’Église dans le sens qu’on donne à ce mot aujourd’hui. L’Église ne pouvait pas, en ses débuts, être cette grande institution qu’elle est devenue au cours des siècles.

On donnait alors le nom d’Église à chaque communauté chrétienne et aussi à l’ensemble de ces communautés unies dans la foi en Jésus le Ressuscité et s’efforçant de vivre dans l’unité de la charité. Tout groupe rassemblé au nom de Jésus était alors et est toujours communauté de ses disciples, assemblée de l’Église. Quand vous vous réunirez en mon nom, à cause de moi, je serai là avec vous, c’est la promesse que Jésus a faite à ses disciples, une promesse qu’il n’a pas cessé pas de réaliser. Il y a toujours ici chez nous et partout dans le monde des chrétiennes et des chrétiens réunis à cause de Jésus, des communautés qui sont l’Église, présente par elles partout dans notre monde d’aujourd’hui.

Jésus disait à ses disciples. Le texte évangélique tient à nous dire qu’il s’adressait à un groupe de personnes qu’il connaissait bien, auxquelles il était attaché, avec qui il était heureux de se trouver. Ses disciples ! Il était là avec eux, à la manière d’un maître, c’est ainsi qu’ils le nommaient. Par ce mot ils exprimaient la confiance qu’ils avaient en Lui. En réfléchissant sur ce qu’il leur disait, ils commençaient à réaliser qu’ils constituaient cette équipe de disciples sur lesquels il comptait pour que sa mission se poursuive. Nous lisons cela au passé, mais nous devons l’entendre au présent car l’Évangile est Parole vivante de Dieu, et cette Parole s’adresse à nous ses disciples d’aujourd’hui et d’ici.

L’Évangile de ce dimanche du temps ordinaire, une Bonne Nouvelle pour le temps ordinaire de notre vie, pour éclairer, guider notre vie quotidienne, est extrait d’un ensemble de consignes de Jésus que la tradition a pris l’habitude d’appeler « discours sur la vie en communauté ». Ces mots que nous venons d’entendre nous disent que Jésus était bien conscient que ces hommes et ces femmes qu’il avait appelés, qui étaient devenus ses disciples, étaient fragiles comme tous les humains. Les quatre évangélistes n’ont pas hésité à nous faire connaître des comportements, des paroles de leur part qui ont dû certainement le décevoir, l’attristé. Cela explique les interpellations qu’il leur adressait parfois quand il était avec eux. Les disciples de Jésus avaient alors besoin de ses conseils et de ses remarques; il serait difficile de dire le contraire pour ses disciples de notre temps.

Si saint Matthieu a rapporté ces paroles, c’est que les communautés chrétiennes de son temps avaient besoin de les entendre. Si la liturgie nous les fait entendre en ce dimanche, c’est sûrement qu’elles s’adressent aussi à nous. Il y a là une invitation à regarder notre propre comportement, et en élargissant notre regard à toutes ces personnes avec lesquelles il nous est donné de vivre. Ce sont tous les textes de la Parole de Dieu d'aujourd'hui qui nous rappellent l'interpellation que la présence du Seigneur adresse à tous ses disciples, celle de l'amour des autres, de son commandement, l’amour fraternel, le respect de l’autre, l’entraide, la fraternité. Il faut alors se rappeler que cela n’est possible qu’entre personnes qui s’estiment, se respectent, se font confiance. La correction mutuelle qui se veut chrétienne doit d'abord être fraternelle, se vivre au sein d'un groupe où on veut se considérer vraiment comme des soeurs, des frères. Elle doit se faire de façon discrète, respectueuse et progressive. Ce qui est dit à propos de la correction fraternelle dans une communauté d’Église est valable aussi dans la famille et dans tout autre regroupement qui se veut chrétien.

On nous annonce que le Pape va se rendre à Assise le 3 novembre prochain afin de prier sur le tombeau de saint François, celui dont il a pris le nom et qui prêchait une fraternité universelle. Il y signera sa troisième lettre encyclique qu’il a voulu consacrer précisément au thème de la fraternité. Tutti fratelli, Tous frères, c’est le titre qu’aura cette lettre, des mots par lesquels saint François commençait les admonitions qu’il adressait aux membres de la communauté franciscaine. Ce thème est très cher au Pape qui le reprend sans cesse dans son ministère, par la parole, par les écrits. En se rendant ainsi en pèlerinage à Assise, en écrivant sa lettre encyclique, le Pape veut prier pour tous ces gens qui souffrent en ce temps de pandémie qui rend tant de peuples en difficulté ; il veut nous inviter à nous sentir frères et sœurs dans la tristesse et surtout sœurs et frères dans l’amour.

Ce geste et cette lettre du pape François nous invitent à vivre intensément cette fraternité qu’on doit retrouver dans toutes nos communautés chrétiennes, nos assemblées d’Église. Réentendons ces paroles de l’apôtre Paul aux disciples qui vivaient à Rome. N’ayez de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel, car le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour

Marc Bouchard, prêtre

mbouchard751@gmail.com