Homélie - 22e dimanche ordinaire A 2020

Homélie
2020/08/27
Homélie - 22e dimanche ordinaire A 2020

22e dimanche ordinaire (Année A 2020)

Homélie
(Jr 20,7-9 ; Rm 12,1-2 ; Mt 16,21-27)

Je vous exhorte, mes sœurs, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu : c'est là pour vous l’adoration véritable.

 Ces paroles de l’Apôtre Paul sont pleines d’encouragement parce qu’elles nous redisent le sens, la valeur que peut avoir notre vie quotidienne. Offrir à Dieu notre vie, voilà l’adoration véritable. Il est bon et encourageant d’entendre l’Apôtre nous rappeler que notre vie de tous les jours, toute simple, toute ordinaire, si nous savons en faire l’offrande à Dieu, peut être prière, une prière permanente, une prière que Dieu accueille avec joie.

Il arrive qu’une personne nous dise qu’elle ne prie pas beaucoup, en ce sens qu’elle ne dit pas souvent des prières, mais en même temps elle ajoute qu’elle tient à offrir sa vie chaque matin au Seigneur et qu’il lui arrive au cours de la journée de renouveler cette offrande. Elle continue en disant qu’elle essaie tout au long de la journée de conformer sa vie à la Parole de Dieu, comme elle le peut, qu’elle lui parle et lui demande son aide.

Est-ce que ce n’est pas cela offrir sa personne et sa vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu ? N’est-ce pas cela l’adoration véritable ? En continuant avec les mots de saint Paul : Offrir notre personne et notre vie, cela exige inévitablement que nous acceptions chaque jour de nous transformer en renouvelant notre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait.

Nous laisser interpeller par l’Évangile, dans le concret de notre vie de chaque jour, peut souvent être une véritable conversion, parce que ça exige de changer notre façon de penser, de parler, d’agir. C’est cela la vraie conversion, c’est ce que signifie le mot conversion dans l’Évangile. Trop souvent en effet, Jésus pourrait nous faire le même reproche qu’à Pierre et nous dire à nous aussi que nos pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes.

Le récit évangélique de ce dimanche nous montre Jésus prêt, et de façon très consciente, à offrir sa personne et sa vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu son Père. Jésus a fait ce choix d’être résolument fidèle à la mission reçue de Dieu. C’est le sens des tentations qu’il a vécues au tout début de sa vie publique : il a alors pris la décision que sa vie serait toujours conséquente à la volonté de Dieu, au projet de Dieu sur lui et sur le monde. Il affirme devant ses apôtres qu’il va demeurer fidèle à cette décision quoi qu’il puisse lui arriver. Ce qui va lui arriver, il le réalise de plus en plus : il est en marche vers la souffrance et la mort.

Il faut remarquer que la deuxième partie de ce récit commence par ces mots : Alors Jésus dit à ses disciples. Le Christ ne s’adresse plus seulement à Pierre, il s’adresse à ses disciples, à tous ceux et celles qui acceptaient, qui accepteront de le suivre. Il y va assez clairement, il ose nous expliquer ce que cela veut dire, pour nous ses disciples d’aujourd’hui. Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.  Des mots assez dérangeants et exigeants !

Se mettre à la suite de Jésus, être son disciple en vérité, n’est-ce pas s’engager comme lui dans le projet de Dieu qui consiste essentiellement à bâtir un monde nouveau. Changer le monde, un projet qui peut paraître immense, tout à fait au-dessus de nos capacités à nous. Mais il y a ce monde qui est tout proche de nous, notre monde à nous, notre famille, notre milieu de travail, notre communauté de vie, ce monde dans lequel nous vivons chaque jour, dans lequel il nous est possible d’exercer une réelle influence, si humble soit-elle. Ce monde nouveau que nous avons nous aussi la mission, la responsabilité de bâtir ne peut avoir d’autres fondations que l’amour, le pardon, le respect, le partage.

Croire que ce monde nouveau est possible, et Dieu compte sur nous pour le bâtir. Le bâtir en nous nous et chez nous tout d’abord, ce qui impose des choix, des décisions qui parfois peuvent être exigeants. Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Comprenons bien toutefois ce que cela veut dire, prendre sa croix. Jésus n’a pas recherché la croix, il l’a acceptée quand elle s’est présentée. Jésus n’a pas couru après la souffrance, il a même demandé à Dieu dans sa prière qu’il puisse l’éviter. C’est sa fidélité à l’engagement qu’il avait pris de changer le monde qui l’a conduit jusque là.

Combien d’hommes et de femmes, au cours des siècles, ont comme lui donné leur vie par fidélité à leur décision de travailler à changer le monde. Pensons à Martin Luther King, à Mahatma Gandhi, à Oscar Romero, au pape François et à tant d’autres qui continuent à déranger notre époque et ils sont plus nombreux que nous le pensons.

Jésus ne nous demande pas de chercher les croix, la vie se charge de nous les présenter, une expérience tellement évidente, que nous connaissons tous. Jésus ne nous demande pas non plus de porter sa croix à Lui, il a été capable de le faire lui-même. Il ose nous dire : Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Chacun, chacune doit prendre sa croix à lui, à elle. S’il l’accepte, qu’il marche avec elle sur ses épaules, Dieu lui fera rencontrer quelqu’un qui l’aidera à la porter, comme il l’a fait pour Jésus.

Jésus nous invite à prendre conscience que cette croix, notre croix, nos croix peuvent être, sont un chemin de vie, tout comme la sienne a été ce chemin qui l’a conduit à la résurrection, à la vie pour toujours avec son Père. Jésus s’est engagé, non pas à nous éviter toute croix, mais bien plutôt à nous accompagner sur notre route, la route de notre vie quotidienne et cela jusqu’à la fin. Sa présence peut, va nous donner la force, le courage de savoir porter notre croix, nos croix, toutes celles que la vie met sur notre route.

Offrir notre personne et notre vie, offrir ce que nous allons vivre cette semaine, voilà l’adoration véritable, voilà la vraie prière, celle que dans sa tendresse Dieu accueille nécessairement. L’Eucharistie que nous allons célébrer fait que cette offrande de toute cette semaine qui commence, nous la faisons à Dieu notre Père en l’unissant à celle que Jésus, son Fils, lui a faite en donnant sa vie sur la croix pour le salut du monde, notre salut. Dans sa tendresse, Dieu, en réponse à son offrande, a ressuscité Jésus. Il nous ressuscitera nous aussi, et dès maintenant, en donnant tout son sens à notre vie, en l’imprégnant de son amour, de sa tendresse.

 

Marc Bouchard, prêtre

mbouchard751@gmail.com