Homélie - 16e dimanche ordinaire 2021 B

Homélie
2021/08/23
Homélie - 16e dimanche ordinaire 2021 B

16e dimanche du temps ordinaire 2021 B

« Le renouveau de l’Église en Amérique exige l’engagement des laïcs. »

 

Homélie

(Jér 23,1-6 ; Éph 2,13-18; Mc 6,30-34)

Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer. Je ne crains aucun mal, car il est avec moi : son bâton me guide et me rassure. Des mots du psaume 22 que l’Église utilise très souvent pour parler de celui qu’ils annonçaient. Un berger, qui tient son bâton à la main, qui a un grand souci de son troupeau, voilà une belle image pour parler de Jésus marchant sur les routes de la Galilée, rassemblant autour de lui des gens venus l’écouter et se laissant éclairer, guider par sa parole. Une image qui a du sens pour nous, dans cette cathédrale, où notre Évêque, de son siège, son bâton de pasteur à la main, vient souvent nous adresser la parole. Cette image du berger et de son bâton était familière au peuple juif pour parler de celui que Dieu lui donnait pour le conduire. On peut lire dans le livre de l’Exode que Moïse prit en main le bâton de Dieu pour guider son peuple, le libérer de l’oppression. Lorsque le peuple arriva devant la mer Rouge, le Seigneur dit à Moïse : Prends ton bâton, étends le bras sur la mer, fends-la en deux pour que mon peuple puisse la traverser. Dans le désert, alors que le peuple manquait d’eau, le Seigneur dit encore à Moïse : prends ton bâton, tu frapperas le rocher et il en sortira de l’eau.

Tout au long de l'Ancien Testament, cette image du berger, du bon pasteur qui prend soin de son troupeau est utilisée pour parler du Messie, espéré, attendu, ce libérateur annoncé par les prophètes. Le texte du prophète Jérémie que la liturgie nous a fait lire aujourd’hui en est un bel exemple. Oracle du Seigneur : Je rassemblerai moi-même mes brebis. Je susciterai pour elles des pasteurs qui les conduiront et aucune ne sera perdue. Jésus utilise lui aussi cette image. Le récit de saint Marc se terminait par ces mots : Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Il dira, parlant de lui-même, ces mots de l’Évangile de saint Jean, que nous connaissons bien : Je suis le vrai pasteur, le bon berger, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent.

Aujourd'hui on n’aime pas beaucoup ces mots de brebis, de troupeau pour parler du peuple chrétien. Il faut donc se replacer dans le contexte biblique que nous venons d’évoquer. Un troupeau, la lecture des Écritures semble bien nous dire que c’était alors la seule vraie richesse. Le livre de la Genèse dit au sujet d’Abraham qu’il était très riche en troupeaux. Dans le livre de Job, pour dire son opulence, on raconte qu’il possédait sept mille moutons, trois mille chameaux, cinq cents paires de boeufs, cinq cents ânesses. Si les troupeaux sont ainsi considérés comme une richesse, on peut penser que Dieu, en parlant de son peuple le considère comme sa grande richesse. Ce n’est pas pour rien que tout au long de l’Histoire sainte on parle du Peuple de Dieu. Saint Jean écrit dans son Évangile que Dieu a tant aimé le monde, l'humanité, son peuple, qu'il a donné son Fils unique. Il rappelle aussi cette parole de Jésus : Je suis le Bon Pasteur, je donne ma vie pour mes brebis.

Dimanche dernier, nous avons lu ce récit où Jésus envoyait ses apôtres en mission deux par deux. Aujourd’hui, les voilà qui reviennent, se réunissent auprès de Jésus et lui annoncent tout ce qu’ils ont fait et enseigné. C'est la première fois que saint Marc emploie le mot apôtres, donc la première fois que ce mot est employé dans les évangiles, ce mot qui signifie envoyés en mission. Ils deviennent donc des collaborateurs de la mission de Jésus, les pasteurs, les bergers de son peuple. On comprend alors facilement le sens du bâton pastoral de l’évêque. Il faut toutefois savoir que cette mission de pasteur n’est pas réservée qu’aux évêques. Quand quelqu’un est ordonné prêtre, il devient collaborateur, participant de la mission de l’évêque. Il faut élargir davantage cette mission, car elle est confiée aussi à ceux et celles qui ont été baptisés. Lors d’un baptême, le prêtre dit de celui, celle qui est baptisée, qu’il devient, qu’elle devient membre de Jésus Christ prêtre, prophète et roi. Trois mots pour dire que le baptême rend celui, celle qui le reçoit participant de la mission pastorale de Jésus, et c’est parce qu’il est déjà chargé de cette mission qu’un baptisé peut devenir prêtre et évêque.

Nous connaissons ce récit de saint Luc qui nous raconte que Jésus a envoyé en mission, pas seulement les douze apôtres, mais aussi soixante-douze disciples, chargés eux aussi de rassembler le peuple de Dieu, de lui faire entendre l’Évangile. Pour confier à un baptisé laïc une mission pastorale, notre Évêque a établi un rite très significatif. Au cours de l’Eucharistie, après l’homélie, il invite ce laïc à se présenter devant lui et il lui dit de tenir avec lui son bâton pastoral. Il lui précise alors la mission qu’il lui confie dans l’Église de Québec. Ce geste de notre Archevêque prend encore plus de sens du fait que le pape François vient d’instituer un nouveau ministère, celui de catéchète. Ce ministère ne se donnera qu’à des laïcs, femmes et hommes et c’est à l’évêque qu’il revient de les appeler, de les instituer catéchètes en leur faisant tenir avec lui son bâton pastoral. Cela dit que, de par leur baptême, les laïcs sont, elles et eux aussi, participants de la mission de Jésus, berger, pasteur du peuple de Dieu. La diminution sérieuse du nombre des prêtres n’empêchera pas notre Église du Québec d’être bien vivante si les chrétiennes, les chrétiens se souviennent de la grâce de leur baptême et de la mission qu’elle comporte.

En lien avec ce que vit notre Église actuellement, il est bon de nous rappeler ces paroles du pape Jean-Paul II dans sa lettre à l’Église en Amérique du 22 janvier 1999. L’imitation et la vie à la suite du Christ et le devoir missionnaire sont communs à la dignité de tous les baptisés. Les pasteurs doivent avoir une profonde estime pour le témoignage et l’action évangélisatrice des laïcs qui, vivant au sein du peuple de Dieu, conduisent leurs sœurs et leurs frères à la rencontre avec le Christ vivant. Le renouveau de l’Église en Amérique ne sera pas possible sans la présence active des laïcs. C’est pourquoi la responsabilité de l’avenir de l’Église en Amérique retombe en grande partie sur eux.

Marc Bouchard / mbouchard751@gmail.com