Homélie - 11e dimanche du temps ordinaire 2021 B

Homélie
2021/06/30
Homélie - 11e dimanche du temps ordinaire 2021 B

11e dimanche du temps ordinaire 2021 B

Nous gardons toujours confiance, cheminant dans la foi

Homélie

(Éz 17,22-24 ; 2 Cor 5,6-10 ; Mc 4,26-34)

Deux paraboles, courtes, simples, qui viennent nourrir notre réflexion, notre prière. Jésus emploie deux images bien concrètes, particulièrement parlantes en ce temps de l’année où la nature se manifeste si pleine de vie. Une heureuse coïncidence qui nous fait admirer, apprécier encore plus ce que nous donne la semence jetée en terre l’automne dernier ou au début du printemps.

Il en est du Règne de Dieu comme d'un homme qui jette en terre la semence. Ces deux paraboles, comme toutes celles utilisées par Jésus, comportent un enseignement qui a besoin d’être commenté et qui contient plusieurs niveaux d’interprétation. Jésus les a racontées tout d’abord aux personnes qui étaient là avec lui et se plaisaient à l’écouter, du monde bien ordinaire de Galilée. Souvent il lui fallait, quand les gens étaient partis, les expliquer davantage aux disciples qui, la plupart du temps, ne les comprendront vraiment qu’après la résurrection. Et nous lecteurs, auditeurs de maintenant, nous les interprétons aussi mais en tenant compte des événements actuels, de ce que nous vivons présentement. Là se trouvent la sagesse, la richesse des paraboles dites par Jésus. On n’a jamais cessé de les analyser, de lire des commentaires, de les prier pour y bien saisir l’enseignement de Jésus. Le récit de ce dimanche commençait par ces mots : Parlant à la foule, Jésus disait : Il en est du Règne de Dieu comme d'un homme qui jette en terre la semence.

Par ces deux paraboles, Jésus invitait, invite à la patience, à la confiance quand l'étonnante manière d'agir de Dieu est difficile à comprendre. Paroles d'encouragement, elles ont été adressées tout d'abord aux contemporains de Jésus, étonnés et déçus de ne pas voir s’établir rapidement ce Royaume, ce monde nouveau auquel ils rêvaient tellement et dont Jésus leur parlait si souvent. C'est même à cause de cela qu'ils étaient nombreux à le suivre ; il y avait les miracles, mais aussi l’annonce de la venue d’un monde meilleur. Quand saint Marc écrivait son évangile, il vivait à Rome. Il pensait sûrement aux chrétiens et chrétiennes de cette grande ville. Rassemblés dans de petites communautés, perdues dans un monde païen et hostile, voyant plusieurs d’entre eux dont Pierre et Paul connaître le martyr. Il est clair qu’ils priaient ardemment pour que vienne ce Royaume de Dieu que Jésus avait annoncé, mais voilà qu'il leur paraît au contraire s'éloigner et de plus en plus. Il était bon pour eux de lire, d’entendre ce que Jésus avait dit se référant alors à l'inactivité du cultivateur et à la lenteur de la poussée des arbres. Quand les semailles sont finies, c'est comme si le cultivateur ne s'occupe plus de son blé, comme s'il ne fait plus rien. Nuit et jour, qu’il dorme ou se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. Et Jésus insiste : La terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Alors il y met la faucille puisque le temps de la moisson est arrivé. Tel est le comportement de Dieu, son Père et notre Père, dit Jésus. Il ne faut pas se laisser prendre par cette pensée que Dieu est absent, qu'il s'est éloigné, qu'il n'agit plus. Non, il est toujours là et toujours agissant. L’apôtre Paul disait cela, il y a longtemps, aux gens de Corinthe, il nous le redit en ce dimanche, dans la première lecture : Nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision ; il nous faut toujours garder confiance.  

L’autre image, celle de la graine de moutarde, est aussi très parlante, elle ajoute au message de la graine jetée en terre. Jésus veut mettre en contraste la petite de la semence et l’importance du résultat obtenu. Ils étaient sûrement nombreux, surtout à Jérusalem, à penser qu’il n’irait pas loin dans cette aventure qu’était sa prédication ; on n’avait qu’à regarder le petit groupe de disciples qui le suivaient. De plus il s’agissait de gens peu instruits, peu influents. Ce contraste entre la toute petite graine et le grand arbre ne disait-il pas clairement l’abondance des fruits qu’allaient produire l’humble parole de Jésus puis celle de ses apôtres ? Eh bien ! nous dit Jésus aujourd’hui, il en est encore ainsi du Règne de Dieu. Ce qu'on ne voit pas n'est pas inexistant, bien au contraire. Cela fait penser à cette parole très connue du renard au Petit Prince, dans la parabole de Saint-Exupéry : L'essentiel est invisible pour les yeux. Il y a aussi cette autre parole des prophètes et des psaumes : Le Dieu véritable est un Dieu caché. Nous nous souvenons qu’il y a maintenant de nombreuses années on utilisait une expression un peu choquante pour dire la même chose, on parlait de la mort de Dieu.

Cela ressemble à ces questions que beaucoup se posent aujourd'hui, qui nous vient peut-être à l'esprit à nous aussi. Qu'en est-il du Règne de Dieu que Jésus est venu nous annoncer ?  Comment se fait-il que Dieu se manifeste si peu ? Pourquoi semble-t-il s'intéresser si peu à ce qui se passe dans le monde ? Comment se fait-il qu'il laisse les forces du mal occuper tant de place ? Des questions qu'on a souvent posées à Jésus. Le peuple juif espérait tellement la venue du Messie. Jésus leur répondait chaque fois par des paraboles. Il en est ainsi en notre temps. Dieu continue à agir exactement à la manière du paysan, du cultivateur. Attendez la moisson et vous allez voir ! Laissez mûrir la semence ! Ne désespérez jamais !

Le Règne de Dieu est présent dans le monde à la manière d'une semence. La semence que le Fils de Dieu est venu déposer dans la terre de l'histoire de l'humanité conserve toute sa puissance et continue d’agir même en temps de crises ou de persécutions, même malgré les bêtises de bien des chrétiens, de bien des gens d’Église. Cette semence continue de croître même quand on se plait à nous dire le contraire, nous empêchant de voir surgir de jeunes pousses, de constater la puissance d'amour que suscite toujours la Parole de Dieu dans le cœur de tellement de chrétiens fidèles. Quand vous serez réunis à cause de moi, nous a promis Jésus, je serai là au milieu de vous. Nous sommes des centaines de millions, un peu partout dans le monde, à nous retrouver ensemble en ce dimanche pour entendre Jésus nous redire ces paraboles, nous faire entendre cet appel à la confiance et à une confiance qui fait agir.

Marc Bouchard, prêtre

Mbouchard751@gmail.com